L’Arabie saoudite a commencé à délivrer des permis de conduire à des femmes

Une femme s'essaie à la conduite automobile sur un simulateur au Salon de l'auto de Riyad, en Arabie Saoudite, lai 2018 © Reuters

L’Arabie saoudite a commencé lundi à délivrer des permis de conduire à des femmes, à trois semaines de l’entrée en vigueur du décret royal autorisant les femmes à prendre le volant dans ce pays musulman ultraconservateur.

L’Arabie saoudite est à ce jour, et jusqu’au 24 juin, le seul pays au monde où les femmes n’ont pas le droit de prendre le volant.

« Dix Saoudiennes ont écrit l’histoire lundi en recevant un permis de conduire », a indiqué dans un communiqué le ministère de l’Information, après qu’elles ont pu échanger un permis de conduire étranger reconnu par les autorités locales avec un document saoudien.

« Nous nous attendons à ce que 2.000 de plus rejoignent la semaine prochaine les rangs des porteurs de permis de conduire dans le royaume », a-t-il ajouté.

Dans une annonce officielle diffusée par l’agence SPA, les autorités ont indiqué que la remise de permis concernait plusieurs villes. Des responsables de la circulation avaient au préalable « vérifié les permis internationaux » et « évalué les capacités » des demandeuses « en les soumettant à un examen pratique ». « C’est un rêve devenu réalité de pouvoir bientôt conduire dans le royaume », a déclaré Rema Jawdat, une des femmes qui a reçu le permis, citée dans le communiqué du ministère de l’Information. « Conduire, pour moi, c’est avoir un choix, le choix de me déplacer de façon indépendante », a ajouté cette responsable au ministère de l’Economie, qui a conduit au Liban et en Suisse.

Les Saoudiennes restent confrontées à de nombreuses restrictions. Elles doivent par exemple obtenir la permission d’un homme de leur famille pour leurs études ou leurs voyages.

Le roi Salmane a annoncé en septembre 2017 que l’interdiction de conduire faite aux femmes serait levée en juin, dans le cadre d’un programme de réformes économiques et sociétales inspiré par son fils, le prince héritier Mohammed ben Salmane, et qui ont aussi permis la réouverture de salles de cinéma et l’organisation de concerts.

Mais une vague d’arrestations le mois dernier, notamment de femmes ayant milité pour le droit de conduire et la fin du système de tutelle masculine, a jeté une ombre sur ces réformes.

Au total, 17 personnes avaient été arrêtées pour avoir « porté atteinte » à la sécurité du royaume. Huit d’entre elles avaient été « temporairement libérées » en attendant la fin d’une enquête.

Des médias progouvernementaux saoudiens les ont qualifiées de « traîtres ».

Des organisations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé ces arrestations et le Parlement européen appelé à la libération des militants détenus.

« Le prince héritier a été présenté comme un réformateur, mais la répression contre les voix dissidentes dans son pays n’a fait que s’intensifier depuis sa nomination » en juin 2017, déclarait la semaine dernière Samah Hadid, directrice des campagnes d’Amnesty International pour le Moyen-Orient. « Les alliés de l’Arabie saoudite -en particulier les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France- doivent pousser les autorités saoudiennes à mettre fin à (cette) répression », ajoutait-elle.

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