Laura Laune, humoriste décapante au physique de maquilleuse

Ingénue d’apparence, cette architecte de formation se taille une place dans le contingent des humoristes belges à Paris, où elle prend un malin plaisir à faire rougir les honnêtes gens.

Laura Laune, humoriste décapante au physique de maquilleuse
© Laura Gilli

Difficile de croire que la jeune femme qui se tient devant nous, celle que l’on a vue enfiler les vacheries comme des perles dans ses spectacles, cache une enfance marquée par une timidité quasi maladive. « A l’école ou aux réunions de famille, tous les enfants jouaient ensemble et moi, je m’amusais dans mon coin. Mes parents m’ont poussée vers le théâtre, « pour m’ouvrir ». »

Sommée d’entreprendre « de vraies études supérieures » – entendre : ni le Conservatoire, ni psycho -, elle s’inscrit en architecture et traverse son cursus en touriste, cartonnant à ses examens par perfectionnisme. Peu enthousiaste à l’idée d’entrer dans la vie active, elle signe pour un master complémentaire de deux ans, « n’importe lequel », et poursuit la modeste ambition de « trouver un job pas trop nul », qui lui permettrait de continuer le théâtre en amateur.

Catapultée prof en maçonnerie, elle parvient contre toute attente à manoeuvrer une classe réputée difficile. Cette mission-suicide s’avérera éminemment profitable pour la suite d’une carrière à laquelle Laura Laune n’ose encore rêver ; elle apprend à gagner un public. « Quand tu lâches des vannes, ça éveille leur intérêt », résume-t-elle. A la fin de son remplacement, elle s’inscrit à un casting sur Internet et décroche le rôle. Et, quelques semaines plus tard, se retrouve à Paris, pour une heure trente sur scène avec un unique partenaire, trente jours par mois.

Si elle a enfin appris le métier, sur le tas, c’est en vain qu’elle court les castings. Forcée de la jouer collectif au théâtre, la solitaire décide d’écrire ses propres textes, et de les défendre seule en scène. De podiums libres en concours jeunes talents, elle se sent enfin dans son élément, et attire l’attention de Jérémy Ferrari, trublion de l’humour noir hexagonal, qui lui propose une collaboration : « Sans lui, je n’en serais pas là. Il m’a aidée à me surpasser », reconnaît-elle, même si cette jolie blonde doit encore trop souvent préciser aux spectateurs qu’elle rédige elle-même les mots qui déclenchent leur hilarité. « J’ai l’image d’une fille lisse, naïve, pas très intéressante – on me prend souvent pour la maquilleuse, ironise-t-elle. Alors j’en joue. Mon premier spectacle, mes potes étaient persuadés que ce serait nul ; tout le monde pense toujours que je vais me vautrer, c’est ce qui fait ma force. »

D’autant que la partition de la demoiselle verse volontiers dans le décapant, peut-être comme un moyen de se démarquer dans cette France « où il y a plus d’humoristes que de public ». Pourtant, la Belge réfute tout calcul : « Je ne me rendais pas compte que j’étais trash, c’est mon humour. » Et l’intrépide jeune femme de partir à l’abordage des sujets qui fâchent, comme la Manif pour Tous, le racisme ou le terrorisme. « Je n’ai pas peur de dire « Vous êtes des cons », mais je ne veux pas imposer mon avis. »

Aucune censure donc, et surtout pas dans ses vidéos diffusées sur le Net, où elle fait « le pari de l’intelligence de son public », même si ça la fait bien ricaner de recevoir des messages de haters un peu déboussolés, ne sachant trop s’ils doivent la traiter de bobo ou de facho.

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Bio express

1986. Naît dans le Borinage.

2009. Obtient son diplôme d’architecte.

2011. Décroche le premier rôle dans la pièce Couscous aux lardons, de Farid Omri.

2014. Écrit son premier spectacle, Le diable est une gentille petite fille.

2015. Joue deux soirs par semaine au Théâtre Apollo, à Paris.

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