Mort du hipster… place au Yuccie, mix de capitalisme et de contre-culture

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Victime de son succès, et donc de sa banalisation, et malgré sa résistance, il semblerait bien que la mort du hipster soit annoncée. Mais déjà son successeur fait parler de lui: le Yuccie, pour Young Urban Créative. Découvrez cette espèce, en gestation depuis un moment mais qui vient juste d’être baptisée.

Non, il n’est pas une nouvelle race de chiens, inspirée de la fameuse chanson de Richard Gotainer. Le yuccie – et non youki – serait le nouveau hipster. Ce young urban creative est un « millenials », c’est-à-dire un fruit de celle que l’on a baptisé la Génération Y, née entre 1980 et 2000.

« Pour faire court, une tranche de la Génération Y, transportée du confort suburbain, endoctrinée du pouvoir transcendant de l’éducation et infectée de la conviction que, non seulement nous méritons de poursuivre nos rêves ; nous devrions également profiter d’eux. »

La définition, et le néologisme lui-même d’ailleurs, on les doit à l’un de ces dignes représentants, en la personne de David Infante, contributeur pour le site Marshable.

Même si on peut voir en lui le cousin éloigné du yuppie (young urban professional) si caractéristique des années 80, souvent représenté par la personne du golden boy cynique, pour le yuccie, la dimension créative est primordiale, puisqu’une des ambitions de son existence est bien d’être reconnu pour ses talents, sa créativité. Les yuccies «  veulent être payés pour leurs propres idées plutôt que pour exécuter celles des autres ».

Le yuccie a fatalement un lien avec l’Internet, époque et génération obligent. Ainsi comme le précise Infante dans son portrait-robot de ces nouveaux spécimens, « les yuccies ne sont absolument pas des créatures mythiques. Si vous habitez une aire métropolitaine comme New York ou San Francisco, vous en connaissez probablement des tonnes. Ce sont des consultants qui coordonnent des campagnes Instagram #sponsorisées pour des marques de lifestyle; des brogrammers (communauté masculine de développeurs, mais dans son acceptation plutôt méprisante) qui utilisent Uber pour leur trafic d’herbe (…) ; des créateurs de concept stores qui attirent les clients par des lunettes de soleil en bambou moissonné durablement. »

July Persons Photography sur Etsy
July Persons Photography sur Etsy© Etsy

Le marketing durable, les réseaux sociaux, le commerce de niche, tel sont les terrains de jeux et d’affaires du yuccie. Alors que le hipster était plus perçu d’un point de vue de consommateur, la génération yuccie impulse et engendre toute une économie de renouveau de l’artisanat en ville et de la start-up innovante, ou encore de l’appli incontournable.

Ayant grandi dans le confort, le yuccie aime avoir de l’argent, mais il n’est pas sa motivation première. Sa quête est plutôt de trouver l’équilibre parfait entre son épanouissement personnel, à travers l’expression de sa créativité, et la valeur monétaire de celui-ci. Une conclusion de l’auteur qui cite pour la conforter, une étude de 2014, selon laquelle 6 millenials sur 10 avançaient pour choisir l’entreprise dans laquelle ils avaient choisis de travailler, primait son objectif. Le yuccie serait donc un cousin éloigné du yuppie (young urban professional) si caractéristique des années 80, souvent représenté par la personne du golden boy cynique. Mais dans sa version consciente et arty, ou en tout cas pas « prête à tout ».

Pour Elizabeth Nolan Brown, éditrice de Reason magazine, le yuccie est un « freelance capitaliste inspirant de la contre-culture ». Il a ainsi su passer outre la contradiction évidente entre une aspiration au développement personnel, fruit des années 1960 et l’avidité à tout crin des eighties et nineties. Un mix entre les idéaux de la contre-culture et l’esprit entrepreneurial de la Silicon Valley, pour le sociologue Richard Barbrook.

Un successeur au profil complexe, pétri de contradictions a priori, et donc plein de promesses pour le feu hipster, qui au fil des ans avait su cristalliser cette image du « jeune snob urbain occidental », dixit Slate. RIP hipster.

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