Lio: making of de notre shooting exclusif

Café Central, Bruxelles, 9 heures du mat. Photographe prêt à dégainer, maquilleur paré à poudrer, styliste d’attaque pour composer sa garde-robe glamour rockabilly. Ce sera serré, Lio doit être à Liège à 14 heures pour tenir son rôle de juré dans The Voice Belgique – dont vous connaissez l’issue depuis mardi soir. On nous avait mis en garde quant au caractère imprévisible de l’icône pop. La pression retombe d’un cran : elle débarque à la coule en hoodie rose bonbon, comme une réminiscence amusée et assumée de son passé baby-doll. C’est difficile à croire, Vanda Maria Ribeiro Furtado Tavares de Vasconcelos de son vrai nom aura 50 ans le 17 juin 2012. Elle s’en amuse.  » J’ai le goût des mises en scène, ce jour-là je vais oser la garden-party avec beaucoup d’amis et de caïpirinha « , rigole-t-elle. Puis, un ton plus bas, les yeux dans son café :  » Ce sera une fête parce que je suis fière d’être arrivée jusqu’ici. Ce n’était pas gagné.  » Trois décennies ont filé depuis le carton de Banana Split. Entre les synthés sucrés, la douceur d’exister, la scène et le ciné, la petite Portugaise arrivée en Belgique avec sa mère qui fuyait le régime de Salazar a aussi goûté au pain noir, à la dèche, à la violence conjugale. Une carrière dents de scies, un itinéraire personnel chahuté qu’elle raconte sans baume correcteur dans Pop model, biographie écrite en 2004 avec Gilles Verlant. Le récit d’une hors-la-loi du plus fort, d’une insoumise, d’une  » sauvage « , ce sont ses mots. Ceux-là sont de Jacques Duvall, son parolier des débuts :  » Lio n’a rien de formatable. Tentation suicidaire ou décision pesée, elle ne rentre dans aucun plan marketing.  » Liberté chérie, comme on dit dans l’hymne.

Parmi les nombreuses questions que cette battante gracile se pose encore aujourd’hui, il y a en a une dont elle aime particulièrement la réponse.  » Could you be loved ?, demande Bob Marley. Je le pense sincèrement « , dit-elle, pas mièvre, avec une pointe d’émotivité sans filtre, rhizome méditerranéen oblige. Définitivement du côté de la vie – qu’elle a donnée à six enfants – Lio, pas dupe pour autant  » de la nébuleuse anxiogène qu’est notre siècle « , a décidé  » d’y croire, sinon on est mort « . Coué ou pas, sa méthode tient à  » faire allégeance au principe de réalité. Je suis définitivement pour le pragmatisme ». On comprend qu’un temps Madame a rêvé d’un amour qui la flingue. On devine les heures d’analyse. On constate la maturité de sa démarche :  » On peut penser ce que l’on veut de The Voice, mais j’y ai pris un vrai plaisir humain. Quelque chose de pas feint. Du reste, je suis convaincue que le télécrochet est un des derniers moteurs sincères de la pop. C’est restreint ce qui peut en sortir. Mais quand on peut faire un peu, c’est mieux que rien. »

Par Baudouin Galler

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