Portrait: Cosy Mozzy

Nature speedée sous allure cool, Cosy Mozzy, le DJ star des nuits bruxelloises, clôt les soirées Dirty Dancing et ouvre l’ère du K-Nal, à Bruxelles. Succès platine garanti.

Nature speedée sous allure cool, Cosy Mozzy, le DJ star des nuits bruxelloises, clôt les soirées Dirty Dancing et ouvre l’ère du K-Nal, à Bruxelles. Succès platine garanti.

Barbe de quelques jours – comme son maître de musique Gainsbourg – sweat curieusement noué autour du cou, sneakers pistache : Renaud Deru, 31 ans, alias Cosy Mozzy, trimballe un reste d’adolescence dans un corps agité. «  »Mozzy », c’est un moustique, en jargon surfeur australien. Quand j’étais plus jeune, on me chambrait sur le fait que je faisais du bruit la nuit. Et puis au début de ma carrière de DJ, Felix Da Housecat (NDLR : DJ et producteur américain en musique house) m’a suggéré d’ajouter « Cosy » » ! Dans sa maison ixelloise au décor clair et soigné, les niveaux sont « cassés », un peu comme la nuque du « mélangeur de disques » qui vient tout juste de consulter son ostéopathe. « A force d’avoir le casque collé à l’oreille d’un côté et le bras tendu de l’autre, j’ai le dos niqué. »

Les choses s’emballent en septembre 2003 lorsque Cosy et son ami/partenaire Lorenzo Serra, installent leurs soirées baptisées Dirty Dancing au légendaire Mirano, au coeur de Bruxelles. Très vite, l’esthétique hédoniste de l’entreprise, sa capacité à inviter des DJ cotés dans une boîte volontiers transformée en salle d’expo provisoire, drainent la foule. Le concept remet de l’électricité sur le dance-floor de la capitale et, aujourd’hui, il y a « des enfants, des copies de DD ».

Au menu musical de Cosy : tout sauf de la techno robotique pour danseurs décérébrés. Là, où des légions de DJ séquencent sans point de vue, Mozzy laboure un vaste champ sonore où l’electro se nourrit de culture rock, et inversement. A l’origine de cette mixité, un goût irraisonnable pour The Cure. Preuves à l’appui : ces photos d’un gamin de 15 ou 16 ans qui se crêpe le chignon façon Robert Smith, le sourire barré de rouge à lèvres. « Mes parents se sont posés des questions quand je me suis enfermé dans ma chambre en écoutant en boucle interminable les chansons de Cure à la lueur de bougies. »

Le papa – dans l’immobilier – transmet pourtant le virus de l’indépendance au fiston raisonnablement turbulent qui joue aussi de la batterie. Les humanités terminées, le wonder boy investit un video-store à Woluwé et fait tourner cassettes et platines à plein rendement. Deux autres magasins s’ouvrent, l’argent rentre et Renaud revend ses parts après deux années de location effrénée. Il inaugure alors les soirées Movida sur une péniche du canal à Bruxelles, rencontre Lorenzo Serra et noue le succès de Dirty Dancing. Excité par l’entreprise mais réservé sur ce « monde de la nuit » qui dévore les plus faibles dans un filet d’illusions et de substances destructrices. « Il y a trois ans, je me suis calmé, quand je me suis rendu compte que je risquais d’aller droit dans le mur des excès. La nuit est faite de nombreux masques, il faut s’en protéger. On peut passer du statut du mec le plus cool au mec le plus ringard en trois semaines… Et puis, il ne faut jamais oublier d’où on vient. »

Les nuits flambent, les cachets également. Ceux des stars internationales grimpent jusqu’à 50 000 euros pour deux heures de mix. Les sets de DJ Renaud – son premier patronyme… – sont communément taillés dans un stock renouvelé de 2 000 titres, payés entre 400 et 3 000 euros, ce dernier barème obtenu pour le set DJ de l’anniversaire parisien de Charlotte de Monaco… Ils permettent une vie confortable mais férocement très rigoureuse. « Parce que je joue souvent les jeudis, vendredis et samedis, en général jusqu’à 5 heures du matin, je m’astreins à une discipline le restant de la semaine, je me lève tôt, je fais du sport. » Ajoutez-y la consommation régulière de sushis et une histoire d’amour en cours, et le bilan est plutôt à l’optimisme combatif. D’où l’idée de lancer une nouvelle formule à la rentrée : au K-Nal, à deux pas de Tour & Taxis. « Avec Lorenzo, on s’est associés à Benoît Vano des soirées Anarchic pour penser une nouvelle manière de sortir dans un esprit peace, cool. » Cela commence avec le Summer Club (*) – un programme estival testé avec succès l’été dernier – et se prolonge, dès septembre prochain, dans un K-Nal qui sera divisé en deux salles, deux ambiances, deux manières de traiter la nuit. Renaud ne veut pas en dire trop, mais sur cet esprit-là de célébration nocturne qui explore de nouveaux terrains de jeux, on est tenté d’augmenter le volume…

Philippe Cornet

(*) Le Summer Club : tous les jeudis, vendredis et samedis, dès ce jeudi 18 juin. Au K-Nal, 1, avenue du Port, à 1000 Bruxelles. www.summerclub.be Lire aussi page 53.

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