Rêve ou cauchemar : quand les villes s’inspirent des parcs d’attraction

© Musée national d'Art moderne

Alors que l’exposition universelle de Shanghai vient d’ouvrir ses portes, le Centre Pompidou à Paris propose une promenade ludique à travers le XXe siècle pour montrer comment les parcs d’attraction et les foires internationales ont diffusé leur modèle au point d’inspirer l’urbanisme actuel.

Intitulée « Dreamlands » (pays du rêve), en référence au parc d’attraction américain « Dreamland » désormais disparu, l’exposition présente plus de 300 oeuvres – photographies, vidéos, installations, maquettes – qui transportent le visiteur dans un monde centré sur le loisir et le divertissement de masse. Des expositions universelles de la fin du XIXe siècle à certains projets de villes « décor » en Chine ou dans le golfe arabo-persique, il y a un fil conducteur, qui passe par Coney Island, Las Vegas et bien sûr les parcs de Walt Disney. « Notre matière première, c’est le monde spectacularisé. On a en déployé tous les charmes et les séductions », explique Didier Ottinger, directeur adjoint du Musée national d’Art moderne. « C’est une exposition qui doit être amusante. On peut la lire à différents niveaux. On peut sortir de là totalement euphorique ou, pour certains, désespéré. Mais c’est une question qui nous semble devoir être posée », poursuit le commissaire de l’exposition.

Avec Quentin Bajac, co-commissaire, Didier Ottinger a choisi de traiter du sujet de façon « dépassionnée », sans émettre de jugement. Mais avec une certaine gourmandise. Dans le monde clos des expositions internationales de la fin du XIXe siècle, les pagodes chinoises cohabitent avec les palais italiens, dans un joyeux collage de styles. « C’est l’idée d’avoir le monde sous la main, que l’on retrouve à l’exposition universelle de Shanghai », souligne Quentin Bajac. En 1904, Coney Island, près de New York, se dote d’un parc d’attraction baptisé « Dreamland » qui connaît un succès mondial immédiat. Détruit par un incendie en 1911, il est à l’origine d' »une architecture du sensationnel, du divertissement et du rêve qui s’est propagée dans le monde entier tout au long du XXe siècle », souligne M. Ottinger. A la fin des années 1960, un éminent professeur de l’université de Yale, Robert Venturi, lance un pavé dans la mare de l’architecture moderniste en vantant Las Vegas et ses bâtiments « hangar » avec leurs néons publicitaires. Ils ont été remplacés depuis par des constructions thématiques (pyramide, Venise), qui commencent à leur tour à passer de mode, la ville du jeu faisant désormais appel à de grands noms de l’architecture.

L’exposition consacre une salle entière à l’univers de Walt Disney qui avait imaginé bâtir une cité du futur, Epcot. Il est décédé avant d’avoir pu la réaliser. Mais le projet a été ravivé dans les années 1980 en prenant la forme simplifiée d’un parc à thème en Floride. Et dans les années 1990, la société Disney a créé en Californie une vraie ville, « Celebration ». Dans certains pays, des urbanistes se mettent à faire du copier-coller. En Chine, un projet prévoit de créer neuf villes autour de Shanghai, imitées de villes européennes (Weimar, vieux quartiers de Londres ou d’Amsterdam). « Un cauchemar » pour certains architectes, reconnaît Didier Ottinger.

Le VifWeekend.be, avec AFP.

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