Sex and the City 2, les dessous du culte

© Reuters

Alors que le deuxième volet du blockbuster sort le 2 juin, décryptage du phénomène qui, avant la série télé, commença par un best-seller.

Le premier Sex and the City au cinéma a amassé 415 millions de dollars dans le monde et fait 2 millions d’entrées rien qu’en France. Aux Etats-Unis, les places en prévente pour le second partent comme des Louboutin un jour de braderie. Pour ce SATC 2, les Américaines réservent leurs places par lots de 10 depuis quelques semaines, et bookent pour le même soir limousines et tables au restaurant.

Résumons le propos, brièvement, car, faute de projection, nos informations tiennent en une bande-annonce. Dans ce nouvel épisode, nous retrouvons à New York Carrie, la mignonne fleur bleue journaliste free lance et narratrice, Samantha, la blonde cougar reine des relations publiques en tout genre, Miranda, la rousse avocate fraîche mais mal fagotée, Charlotte, la brune bourgeoise de Park Avenue. Elles décident de partir en vacances à Abou Dhabi. De là, une débauche de looks et de péripéties invraisemblables. Dans le même temps paraît, ces jours-ci en France, Le Journal de Carrie, de Candace Bushnell (Albin Michel). Soit les années high school de notre héroïne. Les droits ont déjà été vendus en prévision de son adaptation au cinéma. Défilé de jeans neige, vernis nacré et mini-vagues en perspective. Autant dire que le phénomène n’est pas en voie d’essoufflement!

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Une trame universelle et identitaire

Comment quatre jeunes femmes aux vies assez éloignées des nôtres et de celles de la plupart de nos congénères ont-elles pu trouver un tel écho partout dans le monde? Justement, peut-être parce qu’elles sont quatre! Selon Frédéric Godart, auteur de Sociologie de la mode (éd. La Découverte), « nous avons affaire à un répertoire d’archétypes: Carrie, l’incurable romantique, Charlotte, la bourgeoise aux valeurs conservatrices, Samantha, l’obsédée sexuelle, et Miranda, la bosseuse rationnelle. Cela permet de nous identifier à ce qui nous convient en chacune. Les scénaristes ont parfaitement saisi ce désir des femmes – et des hommes également – de vouloir tout réussir: famille, travail, succès, amitié… » La trame est ainsi adaptable à des milieux sociaux divers. « Par ailleurs, elles ont des problèmes de coeur, de boulot, mais jamais d’argent… Et ça, par les temps qui courent, c’est une valeur précieuse et transgénérationnelle. Pas étonnant, alors, que les femmes s’y retrouvent, des adolescentes aux trentenaires. »

Les fans de la première heure partagent cet avis, sans le pousser au cynisme. Comme Pauline Mouget, 25 ans, blogueuse parisienne (www.poleenandthecity.fr): « Dans les premières saisons de la série prévalait un état d’esprit féministe, indépendant, et dans le même temps assez fleur bleue et drôle. Le mélange d’intrigues sentimentales et de mode sur fond de New York paraissait spontané. Les filles avaient un côté the girl next door,plongées dans un univers où il fallait trouver ses repères. Au fil des épisodes, et surtout dans le film, j’ai éprouvé plus de difficultés à m’identifier, car on sent bien que rien n’est plus laissé au hasard. »
L’effet mode
« My Manolos. » « My Jimmy Choos. » C’est ainsi qu’au début des années 2000 les Américaines se sont mises à parler de leurs souliers: comme de personnages à part entière. La responsable? Patricia Field. Vieille routarde de la mode qui tient boutique à Greenwich Village depuis 1966, elle est la costumière de la série et du film. « Le cinquième personnage, c’est moi! » clame-t-elle. Au départ de la série, son talent consistait à mélanger miniprix et pièces ultraluxe, en évitant le total look.

Parfois, Mrs. Field jette son dévolu sur des marques inconnues. « Quand elle a débarqué à la boutique, je ne savais pas qui c’était, raconte le créateur de sacs parisien Luc Dognin. Avec ses cheveux rouges et son look très spécial, je ne l’ai pas prise au sérieux. Quelques mois plus tard, un ami m’a prévenu que Samantha portait mon sac Polochon dans la série. L’effet a été immédiat: j’ai trouvé un distributeur en Asie et en Russie, ça m’a donné un coup de turbo incroyable. » On souhaite le même destin à Mary-Kyri, jeune marque australienne de souliers dont la créatrice a tout simplement frappé à la porte de Patricia Field. Qui lui a commandé six modèles, dont cinq ont été renvoyés à leur expéditrice. On espère que le sixième n’aura pas été coupé au montage. Si oui, pas de « My Mary-Kyris ».Prolongement logique, Sarah Jessica Parker, alias Carrie Bradshaw, est elle-même devenue prescriptrice dans la vraie vie. Le sac Jérôme Dreyfuss (modèle Twee Mini) qu’elle a porté dernièrement est resté des semaines en rupture de stock.

Too much?

Si la série recelait des pépites de spontanéité et une liberté de ton rafraîchissante, au moins à ses débuts, son adaptation au cinéma, surtout cet opus 2, en a fait un véhicule commercial. Parfois  » too obvious », comme on dit là-bas. Non seulement la robe de mariée de Carrie est signée Vivienne Westwood, mais c’est dit et répété et, au cas où ce ne serait pas clair, Mrs Westwood herselffait une apparition dans le film.

SATC aurait perdu son âme fashion? En tout cas, dans ce deuxième volet, Carrie a perdu son Mac. Au profit d’un PC. Hewlett Packard a su se montrer convaincant, au point qu’elle participera à sa campagne de pub! Nos quatre comparses boivent des Cosmopolitan? Une marque américaine de vodka sort une bouteille aux couleurs du film. Son égérie: Patricia Field! Bizarre? Pas tant; la marque est partenaire de New Line, le distributeur américain du film. Pour la petite histoire, cette tendance hollywoodienne aux acteurs hommes-sandwichs risque de faire des émules en France, puisque le CSA vient d’autoriser les chaînes de télévision à utiliser des produits associés à des marques.

La saga SATC est sans aucun doute en prise à ses démons commerciaux, mais on l’attend malgré tout comme un enfant devant un sac de Haribo, pardon, de bonbons. En espérant l’adaptation au cinéma de la petite soeur de « Carrie & Co », Gossip Girl. Comment ça, ce n’est pas encore prévu?

Par Elvira Masson, LEXPRESSStyle.fr

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