Grégoire Polet: Le retour du feuilleton

Toutes les deux semaines, l’écrivain Grégoire Polet nous dévoile ses coups de coeur et coups de griffe.

Le site Internet bela.be m’a commandé récemment l’écriture d’un feuilleton. Oui, un feuilleton littéraire. Ce type de demande, il y a à peine quinze ans, aurait paru, à peu de choses près, misérable. Le feuilleton littéraire était au plus bas. Et pourtant, ce genre-là revient en force. Phénomène intéressant si on s’y arrête une minute.

1. L’âge d’or du feuilleton remonte au XIXe siècle, c’est-à-dire à l’âge d’or de la presse écrite. Dumas, Hugo, Balzac et même le Bruges-la-morte de Rodenbach paraissent en feuilleton dans les journaux avant de sortir en volume.

2. Ensuite, le feuilleton évolue comme un organisme qui s’accrocherait au média le plus fort et le plus porteur d’une époque.

3. Voyez comme le feuilleton littéraire le cède au feuilleton radiophonique quand la radio se met à concurrencer la presse écrite. (On se souvient des débuts d’Orson Welles.)

4. Puis, quand la télévision écrase tout ensemble la presse écrite et la radio, voyez fleurir le feuilleton télévisé (que dis-je fleurir : triompher), rebaptisé série et comparable par son ampleur populaire aux énormes feuilletons produits par Alexandre Dumas, Eugène Sue (et Cie).

5. Or, justement, si le feuilleton littéraire fait son retour, c’est qu’un média de l’écrit revient concurrencer la télévision. Non plus la presse, certes, mais l’Internet. Car Internet est un média de l’écrit, comme l’a toujours prophétisé Assouline, le premier parmi les écrivains blogueurs, et n’en déplaise aux Cassandre qui annonçaient un avenir illettré.

6. Le retour du feuilleton littéraire est une très bonne nouvelle pour Internet, s’il est vrai que ce genre choisit naturellement le média le plus porteur. Et Internet se confirme toujours plus comme une excellente nouvelle pour les amoureux de la littérature !

Grégoire Polet

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