Défilé Eté 2009 à Paris : un esprit très léger

Gaultier, Miyake, Branquinho, Chisato et Demeulemeester cultivent la légèreté.

Tsumori Chisato présentait une collection aux accents ethniques évidents. Caftans, boubous, turbans, et même rayures andines. Mais c’est surtout l’Inde qui était mise à l’avant-plan de ce voyage, avec des imprimés batik ou madras et des motifs traditionnels formés de sequins. L’esprit est léger et frais, même si on aimerait parfois voir la créatrice élaguer un peu ses sources d’inspiration.

Accents indiens de mise aussi chez Manish Arora, styliste star dans son pays natal, qui défilait hier pour la seconde fois dans la capitale française. Sa collection axée sur le cirque a offert un moment magique au public venu en force – suite logique du premier opus parisien d’Arora, qui avait créé le buzz. Sur la piste du Cirque d’Hiver, on a vu des mannequins grimés façon clown triste présenter des modèles tout en paillettes et sequins colorés, avec en point d’orgue une robe dont le bas était constitué d’un carrousel tournant à motifs éléphants.

Sophia Kokosalaki s’est quant à elle plutôt plongée dans l’Egypte ancienne pour proposer une collection printemps-été 09 dont la palette s’inspire des hiéroglyphes. Des tons beiges, argile ou kaki, rehaussés de bleu lapis lazuli et d’or vieilli – le haut de la silhouette est souvent caparaçonné dans de petits boléros dorés. On notait aussi des colliers serpents posés sur les épaules. On frôle parfois le kitsch, mais la tendance est résolument à une certaine sophistication, notamment avec le recours au python… lui aussi recouvert d’or.

Lorsqu’il s’agit de donner de l’éclat à ses robes blanches, Ann Demeulemeester préfère les broderies de cristaux d’inspiration art déco. La Belge revisite sa silhouette phare, veste déstructurée à martingale sur pantalon et jupe bouffante, pour en proposer de très belles déclinaisons. Elle s’inscrit totalement dans les codes qui lui sont chers, tout en ajoutant un joli camaïeu d’orange, chair, corail et abricot à ses couleurs fétiches que sont le noir et le blanc. Une de ses collections printanières les plus réussies.

De la couleur aussi pour la griffe Issey Miyake, et même à titre principal puisque Dai Fujiwara, son directeur artistique, se lance dans une « Color Hunting ». Munie de quelque 3000 échantillons colorés, l’équipe créative de la maison nippone a exploré les forêts tropicales à la recherche de tonalités authentiques. Huit d’entre elles ont été retenues, auxquelles ont été ajoutées les couleurs des villes et celles de la lumière réfractée à travers un prisme. A côté des vestes, tuniques et pantalons minimalistes kaki, mousse, beige ou mastic, on a donc vu de longues robes diaphanes violettes, corail ou rose vif. Une collection épurée et poétique qui a profondément ému.

Veronique Branquinho s’est elle aussi laissée toucher par la nature. Elle dessine cette saison une femme libre, cheveux au vent, dont la garde-robe s’orne parfois de paysages d’océan ou de montagnes, comme sur ses très belles robes en satin. La veste de tailleur, qu’affectionne la Belge, est également présente mais sous une forme plus fluide, tantôt croisé façon kimono, tantôt sans manches, tantôt portée sur un short. La transparence et les tissus ajourés ajoutent encore à l’impression de légèreté qui se dégage cette collection printemps-été 09.

Chez Jean Paul Gaultier, les clefs d’une collection sont toujours multiples. Une certaine tendance à la fluidité, à la transparence et au mouvement se dégage cependant nettement cette saison. Hier soir, dans le navire amiral de la griffe, rue Saint Martin, trois danseurs ouvraient le show avant de céder le catwalk à Coco Rocha, top parmi les plus demandées et elle même ancienne danseuse. La belle canadienne a à son tour esquissé quelques déhanchés et jetés de jambe, comme pour démontrer l’aisance avec laquelle sa longue robe groseille ultra fluide s’ouvre sur un body à bretelles entrelacées. Ses copines de podiums ont suivi le mouvement dans une succession de bleu, d’orange et de fuchsia avant de faire place à des chemises blanches translucides et à des pantalons fluides par-dessus lesquels ont été passés des culottes de cuir. L’effet « dessous dessus » cher à Gaultier est présent, encore renforcé par des bodies couleur chair à impression tatoos qui se superposent aux leggings ou pas les nuisettes en tulle noir transformées en robes du soir. Et comme l’enfant terrible de la mode aime nager à contre-courant, il n’hésite pas à proposer pour le printemps des boas en fourrure, posés négligemment sur l’épaule, dont les mouvements renforcent encore l’impression de légèreté qui se dégage de la collection.

Delphine Kindermans

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