Berlin en 7 bons plans confidentiels

1. Concept store Andreas Murkudis: raffiner sa culture mode.

Avec ses loyers à bas prix et ses grands espaces, Mitte, quartier central du Berlin réunifié, était encore il y a peu La Mecque incontestée des artistes et des galeries. Au début des années 2000, le trend-setter d’origine grecque Andreas Murkudis y ouvre son concept store: vitrine du meilleur de la mode (Margiela, Yamamoto, Jil Sander…) doublée d’un véritable écrin à raretés et objets dénichés avec goût, le lieu surligne le caractère über-branché du kiez – concept typiquement berlinois qu’on traduira faute de mieux par village urbain. Aujourd’hui, les hipsters désertent petit à petit la place, découragés par la montée en flèche des loyers et l’envahissement des grandes griffes internationales. En juillet dernier, Murkudis décidait à son tour de suivre le mouvement et d’ouvrir un immense espace dans les anciens locaux du journal Derspiegel situés plus à l’Ouest, à Tiergarten, QG des prostituées et des toxicos. Un déménagement futé: on trouve déjà sur la peu engageante Postdamer Strasse d’excellentes galeries d’art comme Blain/Southern ou Arndt, ce qui laisse entrevoir un rapide sursaut de cool du quartier. Pour l’heure, ce côté-ci de la Spree reste encore confidentiel et s’accorde parfaitement à la philosophie discrète du commerce défendue par Murkudis: ses murs d’un blanc clinique renferment un choix toujours aussi raffiné de produits, allant de la cosmétique japonaise à la peausserie italienne en passant par les livres d’art en édition limitée. Andreas Murkudis, 81E, Postader Strasse, à 10785 Berlin-Tiergarten. www.andreasmurkudis.com

2. Gestalten Berlin Space: travailler sa bibliophilie:

La maison d’édition Gestalten, référence premium en matière de beaux ouvrages consacrés au design, au graphisme, à la photographie, à l’architecture et aux arts plastiques, possède depuis avril 2011 son propre espace. Niché dans une cour un peu secrète de Mitte, au rez-de-chaussée de l’appartement de Frau Hoffman (300 m² d’art contemporain ouverts au public sur rendez-vous (www.sammlunghoffman.de), le lieu se présente comme une librairie à contenu augmenté. Outre les nouveautés maisons, on y trouve des livres vintage exhumés des archives et des objets utilitaires sortis de l’esprit des designers adoubés par cet éditeur connu également pour conseiller l’identité visuelle de marques telles que MTV, Diesel ou Uniqlo. Des conférences et des expositions y sont régulièrement programmées, achevant de faire du Gestalten Berlin Space une des poches de résistance créative de Mitte. Gestalten Berlin Space, Sophie-Gips Höfe, 21, Sophienstrasse, à 10178 Berlin-Mitte. www.gestalten.com

3. Collectors Room Berlin: partager la passion du collectionneur.

Depuis mai 2010, Berlin compte un nouveau centre d’art privé carrément magique. Afin de rendre accessible sa vaste collection, qui court du XVIe siècle aux expressions plastiques les plus contemporaines, le Professeur Thomas Olbricht, médecin et héritier des produits bio Wella, s’est fait construire un bâtiment tout de verre et de béton en plein centre ville. Un écrin à la mesure des richesses qu’il renferme. Au rez-de-chaussée, axé art contemporain, les expos se succèdent et dévoilent les milliers d’oeuvres amassées depuis vingt-cinq ans par cet homme raffiné qui compte parmi son butin des artistes de la trempe de Cindy Sherman, Sigmar Polke ou encore de Gerhard Richter (à voir jusqu’au 13 mai prochain). Au premier étage, qui mérite à lui seul le déplacement, le collectionneur a par ailleurs reconstitué un cabinet d’art et de curiosités. À la manière des humanistes érudits de la Renaissance, Thomas Olbricht rassemble dans cette Kunst – und Wunderkammern 2.0. toute sortes d’objets étranges qui par-delà leurs qualités artistiques et historiques nourrissent la soif de connaissance et les questionnements existentiels de ce scientifique esthète fasciné par Éros et Thanatos: modèles anatomiques miniatures, outils chirurgicaux, memento mori… Incontournable. Me Collectors Room, 68 Auguststrasse, à 10117, Berlin-Mitte www.me-berlin.com

4. Schinkel Pavillon: s’offrir un panorama touristique sans touristes.

A deux pas de l’île des musées, de ses chefs d’oeuvres (buste de Nefertiti, porte d’Ishtar,…) de ses files d’attente et de son inévitabilité dans la to-do-list classique d’une première visite de Berlin, ce charmant pavillon édifié à la fin des années 60 par l’architecte Richard Paulick (un ancien du Bauhaus qui s’illustra par ailleurs dans l’édification de la célèbre Stalin-Allee, devenue Karl-Marx-Allee à la chute de la RDA) abrite des expositions temporaires dédiées spécifiquement à la sculpture contemporaine. Pas de quoi sacrifier deux heures dans le programme déjà ultraserré de votre city-trip? Erreur. Par-delà l’exigence de la programmation artistique cornaquée par la photographe Nina Pohl et l’entrepreneur Stephane Landwehr (également fondateur du Grill Royal, « le » resto fashionable de Berlin), il ne faut pas manquer la vue sur Unter den Linden (les Champs Elysées locaux) qu’offre ce petit bâtiment heptagonal totalement vitré. Le tout dans un calme souverain puisque l’endroit ne figure à notre connaissance dans aucun guide touristique. Shinkel Pavillon, 1, Oberwall Strasse, à 10117 Berlin-Mitte www.schinkelpavillon.de

5. Neukölln: se mêler à la dernière génération des hipsters.

Pas vraiment une adresse mais tout un kiez. Les alentours de l’hôtel de ville de Neukölln, VIIIe arrondissement de Berlin excentré au sud-est et chanté par Bowie sur l’album Heroes trônent actuellement au sommet de la branchitude. Après Prenzlauer Berg désormais rendu aux bobos-bio à poussettes design et Friedrichshain, plaque tournante du tourisme ostalgique depuis que les films Good Bye Lenin et Das Leben der Anderen y ont été tournés, ce côté de Neukölln est en effet le nouvel eldorado des jeunes artistes et des étudiants à la recherche d’expériences inédites et de loyers dérisoires. Dans le décor de döner kebab, de magasins discount et de Kneipe patinés qui caractérise ce district populaire à forte présence immigrée, cette nouvelle faune de hipsters détonne forcément. On croisera surtout nos iconoclastes ultralookés ou faussement négligés au Tier et au Ratzeputz, deux bars de la Weserstrasse, une rue littéralement colonisée par les Espagnols et les Français. Plus au sud, cette espèce d’Internationale d’aspirants underground se réunit régulièrement au numéro 57 de la Boddinstrasse, au lieu-dit Die Frühperle pour un concert alternatif ou une projection gratuite dans une atmosphère bohème kaput. Foncez, la gentrification est déjà en marche.Métro Hermannplatz (ligne 8).

6. Rathaus Kreuzberg: manger avec l’employé communal.

Le plan pourra vous paraître loufoque à première vue, mais il vaut franchement la peine d’être vécu si vous désirez vous frotter de près à la vie locale. Au dernier étage de… l’administration communale de Kreuzberg, la cantine des employés est ouverte à tout le monde. On s’y sustente à un prix qui frôle le plancher et, ce qui ne gâche rien, ce building d’allure sixties délicieusement moche offre une vue imprenable sur le quartier. Vous êtes un gourmet trop délicat? Pas de problème. Traversez la rue. Juste en face, chez e.t. a Hoffmann, l’ambiance est un chouïa plus bourgeoise. Plutôt logique: vous êtes assis à une des meilleurs tables de la ville spécialisée dans la haute cuisine allemande. Contraste typiquement berlinois. Bürgeramt 1, Kreuzberg, 4 11, Yorckstrasse et e.t.a. Hoffmann, 83, Yorckstrasse à 10965, Berlin-Kreuzberg

7. GoArt! Berlin: s’offrir une visite arty sur mesure et en français.

Depuis dix ans, Stefano Gualdi, un historien de l’art originaire de Parme, en Italie, est installé à Berlin. D’abord galeriste, il se lance comme guide en 2006 en fondant avec une partenaire locale GoArt!, agence spécialisée dans un tourisme culturel ouvert à toutes les formes d’expression, de l’architecture classique à la pop culture en passant par la mode et les arts urbains. Partir à la découverte de la capitale allemande avec cet Italien parlant la langue de Molière comme un professeur de la Sorbonne c’est déjà en soi une expérience peu commune. C’est également s’assurer une visite loin, très loin des sentiers battus comme le démontrent les thèmes des parcours que ce passionné volubile et incollable propose: Green Design, Art now Berlin, Street Art, Berlin Fashion & Design… Stefano possède tous les sésames et de solides tuyaux pour faire redécouvrir la cité à ceux qui pensaient la connaître sur le bout des doigts. Un insider très précieux, donc. Stefano Gualdi, contact@goart-berlin.de www.goart-berlin.de

Baudouin Galler.

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