Des stations de ski toujours plus ambitieuses

Finies les vacances étriquées. Grands domaines, grands frissons, grands espaces de vie… Désormais, le skieur voit la vie en panoramique.

Finies les vacances étriquées. Grands domaines, grands frissons, grands espaces de vie… Désormais, le skieur voit la vie en panoramique. Un défi pour les stations incitées à optimiser leur offre pour satisfaire une clientèle exigeante.

Les vacanciers ont une curieuse conception de la montagne. Leur rêve? Dévaler des kilomètres de pistes bien damées, s’accorder une longue halte skibar au soleil de midi, s’offrir quelques descentes supplémentaires avant le goûter et, le soir, après l’incontournable spa, déguster une raclette au coin du feu dans un appartement spacieux. Un scénario qui relègue au rang de série B le « tout schuss non-stop » sur pistes cabossées, suivi d’un « collé-serré » dans un studio-cabine spartiate.

Aujourd’hui, si la majorité des vacanciers vient au ski pour skier… disposer d’un beau domaine ne suffit plus. « La place centrale du ski n’est pas remise en cause et l’enneigement reste la base de l’attractivité des stations, mais le tout ski a perdu de son impact », confirme Roland Didier, directeur industriel de la Compagnie des Alpes, présente sur 16 grands domaines des Alpes. « De 6 heures il y a 20 ans, le temps passé quotidiennement sur les pistes a chuté à 4 heures », précise de son côté Vincent Rolland, co-président de Savoie Mont Blanc Tourisme qui fédère 110 stations et 17 domaines reliés pour 5 000 kilomètres de pistes. Conséquence : les stations de montagne sont contraintes de s’adapter à cette évolution du marché, sous peine de perdre leur attractivité.

Une clientèle touche-à-tout

En premier lieu, les stations doivent remodeler leurs domaines. Car si le skieur… skie moins, il veut néanmoins disposer de conditions optimum. « Nos clients, majoritairement des skieurs moyens, réclament de bonnes sensations de glisse, ce qui nous contraint à proposer des pistes de mieux en mieux préparées », témoigne Roland Didier. Flaine, station du Grand Massif où la pratique du ski reste forte et la clientèle jeune, a dû s’adapter à ces nouvelles exigences. « Sur les pistes, nous avons supprimé les goulets et les zones peu confortables, modernisé nos remontées mécaniques pour réduire l’attente et multiplié les salles hors-sacs et les toilettes », énumère Frédéric Marion, directeur général de la station. Pour attirer les plus jeunes, ces mêmes stations multiplient les espaces dédiés aux nouvelles glisses, snowpark, halfpipe et autres boardercross, alors que les petites stations, plus sensibles au réchauffement climatique, investissent dans des remontées mécaniques pour aller toujours plus loin, toujours plus haut.

Réinventer la montagne
La fin du monopole du ski de descente impose également aux stations de développer une palette d’activités ludiques liées autant au tourisme qu’au ski : chiens de traîneaux, ski nordique, raquettes, découverte de la nature, patrimoine culturel, bien-être et aqualudisme, stages d’hiver et variés, animations… Des moments forts en émotion, partagés en famille ou en tribu, qui exigent un logement ad hoc. Car ces néo-skieurs, qui rêvent la montagne en XXL, n’hésitent plus à débourser 1 400 euros la semaine pour un 3 pièces spacieux et confortable avec piscine intérieure, hammam, sauna, salle de fitness et centre spa.

« Il faut réinventer la montagne et faciliter au maximum les séjours en station », clame Jean-Yves Rémy, président des professionnels associés de la montagne et président de Rémy Loisirs, groupe qui fédère une dizaine de stations autour de la marque Labellemontagne. « Nous avons imaginé des solutions pour livrer le matériel de ski (pack « confort ») ou les petits déjeuners, pique-nique et dîners (pack « repas »), directement dans les appartements », explique Jean-Yves Rémy. Le groupe Mer Montagne Vacances, deuxième tour opérateur hôtelier dans les Alpes, propose quant à lui « une autre façon de vivre ses vacances » avec une « montagne à la carte » susceptible de séduire petits et grands, sportifs et oisifs, du mini-club aux week-ends à thème.

Bref, tous les arguments sont bons pour se démarquer de la concurrence et coller à ce nouveau mode de consommation de la montagne. Dans ce contexte, se développent divers services annexes, de la commande des forfaits via internet aux systèmes de covoiturage en passant par la pré-réservation du matériel. Ainsi, Skiset, leader de la réservation de skis en ligne, propose de retenir votre matériel de ski à l’avance et de le récupérer, au pied des pistes, dans l’un des 350 magasins de la marque.

Attirer les skieurs de demain

Destinés à simplifier l’accès au ski et la vie du skieur, ces petits plus sont de nature à accélérer le renouvellement d’une clientèle vieillissante. « Les jeunes skieurs d’aujourd’hui seront les clients de demain. Il faut donc favoriser l’apprentissage et inciter leurs parents à venir et revenir dans nos stations », analyse Frédéric Marion, directeur général de Flaine. Vincent Rolland résume la situation d’une formule: « Le tout ski c’est fini, mais, sans le ski, tout est fini. »

Avoriaz, station modèle

S’il est une station qui a intégré les mutations du ski, c’est bien Avoriaz. Avant-Gardiste, créée ex-nihilo en 1967, à 1 800 mètres d’altitude, Avoriaz a toujours innové. D’abord, par son concept architectural – formes pyramidales, toitures cascadantes et façades en cèdre rouge – très original, puis par une certaine prise en compte de l’environnement (première station intégrée sans voiture). Aujourd’hui, cette même approche visionnaire du ski préside à la modernisation de la station. Nouvelles résidences 4 étoiles, requalification de l’entrée de la station, restructuration de la zone d’accueil des vacanciers sur le modèle des aéroports, réalisation d’un mini Center Parc, pistes remodelées… « D’ici à 2012, 200 millions d’euros vont être investis pour donner un nouveau souffle à la station », précise Gérard Brémond, président-directeur du groupe Pierre & Vacances, à l’origine d’Avoriaz. Car il en a parfaitement conscience: « Le skieur-zappeur veut plus qu’un très beau domaine. »

Catherine Foulsham, Lexpress.fr Styles

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