Eliott Schonfeld, 24 ans, profession : aventurier

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Deux dizaines de printemps et des milliers de km parcourus en solitaire à pied ou à cheval, de Mongolie en Alaska, d’Islande au grand nord canadien. Eliott Schonfeld, matheux, philosophe et grand voyageur, a transformé son quotidien en aventure permanente.

A 24 ans, il a fait de sa vie une devise et de cette devise une vie: « voyager pour vivre et vivre pour voyager ».

Sur les traces de Jack London, il revient du plus septentrional Etat de l’ouest américain. Il y a passé l’été en cheminant, en canoë, sur la rivière Yukon des chercheurs d’or, et à pied à travers les montagnes et forêts refuges des grizzlis, loups et autres élans. En toile de fond, son insatiable quête « de la nature sauvage » où, dit-il, il se retrouve comme « partie d’un tout universel, loin de la technologie qui apprend à désapprendre ».

Eliott Schonfeld n’a pas le « look baroudeur » communément admis dans l’imaginaire populaire. « Après mon bac S, j’ai fait une première année de prépa ingénieur », raconte-t-il à l’AFP. « J’aimais bien les maths mais j’étais fatigué d’être assis ».

Le bon élève appliqué sur ses équations a donc décidé à 19 ans de partir à la rencontre d’autres inconnus que le symbole mathématique X.

Philo

« Je serai aventurier », s’est-il juré. Mais il admet aussitôt : « ce n’est pas une profession ».

Comme il n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche, il finance ses belles échappées en se pliant à divers petits boulots – il est actuellement livreur à vélo à Paris – et en recourant au crowdfunding.

Le jeune homme écrit aussi, a déjà réalisé un film et publie notamment ses photos sur son blog. Car ses aventures, s’il veut pouvoir en vivre, devront être accessibles au plus grand nombre même si, assume-t-il, « l’aventurier est un égoïste ».

Entre ses voyages depuis 2011 en Australie, grand nord canadien et Islande, le matheux a par ailleurs entrepris une licence de philosophie. « Les maths et la philo, on reste dans le raisonnement logique. Je suis entré en philo à l’aveugle et c’est devenu une autre aventure ».

« La philo m’a aidé à réfléchir en avançant. Je n’y cherche pas de réponses, mais un approfondissement du questionnement. On assiste, dans nos sociétés occidentales, à un renversement des valeurs au profit du virtuel et au détriment du réel. C’est la raison cardinale pour laquelle je m’en éloigne et je voyage, d’aventure en aventure », affirme le jeune homme.

Nomade

« Il est à part », confie à l’AFP son vieil ami Charlie Bouismard qui le connaît depuis la prime adolescence. « Il a toujours foisonné d’idées et de projets. Il a cherché sa voie et sans conteste l’a trouvée dans l’aventure qui est devenue sa seule passion, sa raison de vivre. Il monte en puissance à chaque expédition, non sans un certain courage et une détermination à toute épreuve ».

Son premier film apprentissage (« Nomade », 35 minutes) a été tourné pendant son périple en Mongolie en 2015, quand il a traversé notamment le désert de Gobi et failli mourir de soif et de faim.

Sur des images de paysages captivantes, il parle: « Le désert est un solitaire. Ce lieu est inapte à l’illusion. Il se suffit à lui-même avec sa beauté tragique et cruelle qui se fiche éperdument de l’homme. Seule l’éternité règne ici et même le temps a fini par tomber dans l’oubli ».

Schonfeld prépare pour l’été prochain une audacieuse traversée de l’Himalaya entre Tibet et Pakistan, toujours en solitaire et autonomie, avec son barda de 20 kg sur le dos. « Voyager, c’est être plongé dans l’inattendu, être délivré de la tyrannie du calcul et de la prévoyance », lâche-t-il.

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