Faute de neige, les stations de ski tournent au ralenti

© AFP

« La neige de culture n’est pas une réponse miracle »: dans les stations de ski des Alpes, des mesures d’aide financière sont mises en oeuvre pour compenser la baisse d’activité liée au manque de flocons et sécuriser les emplois saisonniers.

Fin décembre, seuls 65% des effectifs prévus pour la saison hivernale avaient été embauchés en Haute-Savoie et le manque à gagner pour les stations avoisinerait pour l’heure 20% du chiffre d’affaires par rapport à l’année dernière, selon la préfecture. Elle a incité, jeudi à Annecy, les stations et les professionnels du tourisme en difficulté à recourir à l’activité partielle.

Ce dispositif permet de percevoir une allocation financée « conjointement par l’État et l’organisme gestionnaire du régime d’assurance chômage ». Elle s’élève à 7,74 euros par heure chômée et par salarié pour les entreprises inférieures à 250 salariés, et à 7,23 euros pour les plus importantes. Des remises de dettes – fiscales, sociales, douanières ou publiques – sont également possibles.

« La neige de culture n’est pas une réponse miracle. Les stations ayant des saisonniers sous employés ont aussi la possibilité de les former », a rappelé le préfet, Pierre Lambert.

Sur le département, 93 établissements ont déposé à ce jour un dossier de demande d’activité partielle, soit l’équivalent de 867.404 heures autorisées. L’an passé, à la même époque, ils étaient 114 pour plus d’un million d’heures.

En Savoie, 56 entreprises ont opté pour le dispositif. Selon les syndicats du secteur, réunis jeudi et vendredi à Chambéry, 1.200 saisonniers en bénéficient actuellement.

« La demande d’activité partielle est en baisse par rapport à l’année dernière », relativise le préfet Lambert, en précisant que sur les 25.000 saisonniers en Haute-Savoie, 2.926 sont actuellement en activité partielle, dont 2.529 pour les remontées mécaniques alors que de nombreuses pistes n’ont pas été ouvertes, faute de neige.

Variable d’ajustement

Pour les syndicats, rappeler les avantages du dispositif ne suffit pas. « Des contrôles plus fréquents doivent être menés auprès des employeurs. Le rôle de l’État, c’est aussi de taper du poing sur la table », souligne le délégué CGT Antoine Fatiga.

Car les leviers ne seraient pas toujours actionnés par les employeurs, qui préfèrent raccourcir les contrats ou ne pas les honorer, selon les syndicats qui déplorent que le saisonnier soit « la seule variable d’ajustement en cas de déficit de neige ».

Autre combat: faire respecter la convention collective du secteur, qui impose aux employeurs de fixer dans les contrats de travail une date-butoir d’embauche même si l’activité est fortement réduite ou nulle. Cette date est décidée au cas par cas et n’est pas la même partout. Seules les stations de petite taille, ayant moins de 20 salariés, n’ont pas cette obligation.

En Haute-Savoie, où la neige manque davantage que dans le sud de l’arc alpin et où la sécheresse a limité le recours aux canons à neige une fois les réserves d’eau vidées, les stations n’ont pas ouvert plus de 43% de leur domaine skiable. Certaines pâtissent plus que d’autres de cette situation, comme à Megève, où seul 16% du domaine est accessible.

Résultat: dans les Alpes du Nord, 20% des saisonniers n’avaient pas encore débuté leur contrat fin décembre. Ils sont encore 60.000 dans ce cas en France selon la CGT, sur les 300.000 embauchés chaque année.

« Ce décalage dans la saison risque de ne pas pouvoir se rattraper. Si fin janvier il n’a pas neigé, nous serons devant une situation exceptionnelle », déclare Pierre Lambert.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content