J’aimerais tant voir Syracuse…

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On la situe souvent en Grèce alors qu’elle fait la fierté de la Sicile ! Cité antique devenue mythique, elle a défié les siècles et gardé de beaux restes.

« J’ aimerais tant voir Syracuse… « , chantait Henri Salvador. Un tube de 1962, indémodable, qui nous a donné à tous envie de voir aussi, un jour, cette ville impossible à situer. Et pour cause : si elle se trouve dans le sud-est de la Sicile, belle île qui bécote la pointe de la botte italienne, la Grèce voisine y a durablement imprimé sa marque, depuis sa fondation, au VIIIe siècle avant Jésus- Christ par des colons corinthiens.Au point que Cicéron la présentait comme la plus belle des villes grecques, dont le savant Archimède (287-212 avant Jésus-Christ) ne fut pas la moindre personnalité. Sauf qu’elle en a vu ensuite de toutes les couleurs, conquise par les Romains, puis occupée par les Barbares, les Byzantins, les Arabes, les Normands…

Syracuse en a gardé des traces durables dans un mélange des genres étonnant, précieux témoignage des cultures méditerranéennes sur près de trente siècles – ce qui lui vaut d’être classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2005, d’où sans doute les nombreux édifices en cours de restauration et d’autres fraîchement rénovés.

Mieux vaut se rendre d’emblée dans le coeur historique, Ortygie, une île dans l’île, relié à la terre ferme par le petit Ponte Nuovo : un magnifique confetti fortifié que ses habitants appellent « la tortue », dont le château Maniace, érigé en 1230 sous Frédéric II de Souabe, constituerait la tête ; un joyau posé sur une baie majestueuse et bordé de l’autre côté par la Méditerranée.

L’éblouissement est immédiat, on ne sait où donner du regard, entre la mer étale, les ruines du temple d’Apollon qui vous accueillent à l’entrée et les merveilles architecturales qui surgissent à chaque coin de rue. Toutes sont pavées de larges dalles de marbre noir, comme dans la Rome antique, et la plupart recèlent une quantité impressionnante de palais somptueux aux balustrades imposantes, de style tantôt médiéval, tantôt byzantin, tantôt baroque, voire un peu de tout à la fois à force de rajouts et de reconstructions. Idem pour les nombreuses églises qui surgissent à chaque piazza, quand elles ne sont pas cachées au détour d’un entrelacs de ruelles qu’on ne se lasse pas d’explorer, le nez en l’air, à l’affût d’une merveille, mais aussi pour respirer la bonne odeur du linge qui sèche – on est en Italie !

C’est tout l’intérêt de cette cité où il fait bon flâner, en s’arrêtant pour déguster un jus d’oranges fraîchement pressées près de la fameuse fontaine Aretusa, bassin naturel rempli de papyrus – plante locale dont Saverio Landolina a découvert l’usage « égyptien » au XVIIIe siècle et qui vaut à Syracuse d’en faire moult objets souvenirs, en plus d’un museo del Papiro.

A propos des oranges, dont la Sicile est grande productrice, on les retrouve sur tous les arbres du parc archéologique de Neapolis, où un détour s’impose, dans les terres, à une quarantaine de minutes de marche d’Ortygie. On y découvre les ruines grécoromaines, qui racontent les mythes et légendes de Syracuse, et des curiosités comme les latomies, les anciennes carrières d’où provenaient les blocs de calcaire qui servaient aux constructions des édifices publics et privés. Sans oublier la tombe d’Archimède, mais il n’est pas avéré que ce soit la sienne !

Le propre d’une ville mythique n’est-il pas de donner son nom à une ville américaine ? En témoigne cette autre Syracuse, dans l’Etat de New York. « Avant que ma jeunesse s’use / Et que mes printemps soient partis / J’aimerais tant voir Syracuse / Pour m’en souvenir à Paris », concluait Henri Salvador dans sa chanson. Assurément, voilà un lieu impossible à oublier…

D.P.

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