José chargé de surveiller le bout du monde au Chili

José, désormais "maire de la mer du Cap Horn, aiguille les navires qui s'y frayent un chemin © REUTERS

Un froid glacial, un vent puissant et aucun voisin à moins de cinq heures de voyage : tel est le cadre de travail de José Aguayo, chargé de diriger l’un des phares les plus australs au monde, au Cap Horn.

Étonnamment, c’est pour se rapprocher de sa famille que José s’est porté volontaire en novembre dernier pour ce nouveau travail, d’une durée initiale d’un an, consistant à guider les bateaux traversant le redouté passage de Drake, au sud du Chili.

« Les enfants m’ont un peu motivé », raconte cet homme de 36 ans, un marin professionnel qui passait auparavant de longs mois loin d’eux. « Avec mon métier de marin, je navigue beaucoup. (Mon fils) Vicente a 11 ans et cela fait 10 ans que je navigue. Donc ils voulaient être avec leur papa, et quelle meilleure manière d’être avec eux qu’en venant ici ? », dit-il, vêtu de son uniforme officiel.

« Ici », c’est le dernier point habité séparant l’Amérique du Sud de l’Antarctique : l’île d’Horn, entourée d’eaux parmi les plus tumultueuses de la planète, entre océans Pacifique et Atlantique, où ont péri plus de 10.000 marins et sombré 800 bateaux depuis le 17e siècle.

D’où la nécessité d’aiguiller les navires qui s’y frayent un chemin, rôle endossé par José, désormais « maire de la mer du Cap Horn » et venu s’installer avec sa femme et ses deux enfants, Vicente et Montserrat, 5 ans.

La famille est donc réunie, mais les journées commencent tôt : José se lève à trois heures tous les matins pour débuter les mesures météorologiques, avec un bulletin à envoyer toutes les trois heures.

A six heures, en période estivale, il accueille les bateaux de touristes, curieux de découvrir cet endroit qui rappelle fortement le Phare du bout du monde, dans le roman homonyme de Jules Verne. « Jusqu’à présent nous avons reçu 4.000 visiteurs sur l’île et ils me demandent comment je peux continuer à sourire » en étant si loin de tout, confie José.

Un cap pour devenir un vrai homme de mer

Jusqu’à la construction du Canal de Panama en 1914, contourner le cap Horn était le chemin obligatoire pour tout navire souhaitant relier l’Atlantique et le Pacifique.

Mais la zone, connue pour ses icebergs, ses vagues gigantesques et ses courants violents, est celle qui a enregistré le plus de naufrages dans le monde, selon la marine chilienne, donnant lieu à d’incroyables récits de mort ou de survie.

« Pour les marins, naviguer autour du Cap Horn faisait des commandants, capitaines et équipages de vrais hommes de mer, leur donnant le droit indiscutable d’être écouté partout avec admiration et respect », soulignait un des commandants en chef de la marine chilienne, Ivo Brito Sanchez, à l’occasion des 400 ans de la découverte du Cap Horn, fin janvier.

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