L’éveil de Bogotá, capitale branchée

L'éveil de Bogotá. © Wim Denolf

Il fut un temps où les touristes n’osaient même pas s’en approcher. Aujourd’hui, la capitale colombienne est devenue l’une des métropoles les plus branchées d’Amérique latine. On a cherché à savoir pourquoi… et on a trouvé !

Dangereuse, polluée, surpeuplée. Des quartiers invivables. Un centre industriel et financier sans intérêt. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Bogotá traîne un sérieux déficit d’image. Avec ses embouteillages incessants et sa situation géographique peu banale, sur un plateau andin situé plus de 2 600 mètres au-dessus du niveau de la mer, la ville n’est pas facile à apprivoiser. Ajoutez à cela l’absence de métro, qui oblige les huit millions d’habitants à s’entasser dans les autobus, mais aussi une immensité – dix fois la taille de Bruxelles – qui étourdit, et vous obtenez une mauvaise réputation qui n’est pas complètement injustifiée…

L'éveil de Bogotá, capitale branchée
© Wim Denolf

Oui mais voilà : depuis plusieurs années, Bogotá est en train de renverser la vapeur. Ainsi, des investissements colossaux en ont fait l’une des villes les plus  » cyclistes friendly  » d’Amérique latine, la criminalité a atteint son niveau le plus bas depuis trente ans, et les quartiers du centre s’embellissent chaque jour, dévoilant une propreté qui n’existait pas avant. Les autorités ont même réussi à rendre la destination attrayante pour les congrès. Résultat : l’aéroport a été rénové de fond en comble, et l’on constate un goût nouveau pour les hôtels design, qui prolifèrent notamment dans le quartier du Parque de la 93.

Côté politique, également, l’apaisement est bénéfique. Le récent accord de paix conclu avec les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) et le laborieux processus de désarmement ont mis un terme à des décennies de guerre civile. Grâce à ce revirement, on assiste à une croissance spectaculaire du nombre de visiteurs étrangers. Avec, dans la foulée, une multiplication des nouvelles liaisons internationales. Un élan qui permet à la Colombie de repositionner son offre touristique : on n’y vient plus seulement pour ses plages magnifiques ou ses expéditions dans la jungle, mais aussi pour admirer une capitale cosmopolite et dynamique, loin de la  » narcos-mania  » qui agite sa cousine Medellin.

Loin d'être interdits, les graffitis et le street art ont aujourd'hui gagné leurs lettres de noblesse.
Loin d’être interdits, les graffitis et le street art ont aujourd’hui gagné leurs lettres de noblesse.© Wim Denolf

La culture, elle aussi, se développe. Aujourd’hui, Bogotá abrite environ septante musées, dont quelques perles. A côté de cela, un riche héritage colonial cohabite avec des fresques de street artet des habitations en brique rouge au style très british. Et puis, il y a l’émancipation – vivifiante – du secteur de l’horeca. La jeune population de la capitale – on croise des étudiants partout – donne vie à de folles soirées dans les bars et les clubs, tandis que les enseignes gastronomiques, bistrots tendance et fast-food  » upgradés  » ont plus que jamais la cote. Pas étonnant que les Bogotanos, qui sont les plus grands critiques de leur ville, préfèrent doucement oublier leur passé.

À DÉCOUVRIR

La Candelaria

La cathédrale Primada, sur la Plaza de Bolívar.
La cathédrale Primada, sur la Plaza de Bolívar.© Wim Denolf

La ville de Bogotá fut fondée en 1538. Son quartier le plus ancien s’appelle La Candelaria, dont le charme colonial s’étend de la cathédrale Primada au parlement, tous deux situés sur la Plaza de Bolívar. Son dédale de rues pavées est pourtant loin de se résumer à un décor historique, comme en témoignent les bâtiments plus modernes de l’université ou des institutions culturelles. Pour une visite guidée complète – et gratuite -, l’office de tourisme propose des départs chaque mardi et jeudi à 14 heures. Et pour ceux qui veulent manger sans se ruiner, il suffit de suivre les étudiants vers des adresses comme le Sitio Casa Candelaria (11-33, Carrera 2) ou La Puerta Falsa (6-50, Calle 11), qui régalent d’une typique ajiaco (soupe-repas à base de poulet, de pommes de terre, de crème fraîche et de câpres) ou de tamales (rouleaux de farine de maïs farcis de viande et cuits à la vapeur dans une feuille de bananier).

• Le Museo del Oro

A Bogotá, tout ce qui brille est bel et bien en or. Autant dire que les portes blindées ne sont pas là uniquement pour faire joli. Le Museo del Oro abrite la plus grande collection d’or précolombien au monde et attire chaque année un demi-million de curieux. Une visite qui mérite le détour, même s’il vaut mieux éviter le dimanche : c’est gratuit, mais ça grouille de monde…

Sur le coin de la Carrera 6A et de la Calle 16.

www.banrepcultural.org/museo-del-oro

• Monserrate

Un funiculaire et un téléphérique desservent le sommet de Monserrate.
Un funiculaire et un téléphérique desservent le sommet de Monserrate.© Wim Denolf

Excellent point de repère si, par malheur, vous perdiez votre chemin, le vert sommet de Monserrate est aussi, avec ses 3 152 mètres d’altitude, l’endroit d’où l’on mesure pleinement les dimensions de la ville. La basilique aux murs blancs perchée sur la cime est un lieu de pèlerinage très couru, mais que cela ne vous dissuade pas d’y entrer et de profiter des chants de sa chorale moderne. Un peu plus loin, pour la pause, on trouve des échoppes de street food et un café-restaurant avec vue panoramique, Santa Clara. A noter : le sommet est accessible par funiculaire ou téléphérique au départ de la Carrera 3 Este (environ 6 euros l’aller-retour).

www.cerromonserrate.com

• Museo Botero

Buste de Salvador Dalí au Museo Botero.
Buste de Salvador Dalí au Museo Botero.© Wim Denolf

Si l’art moderne est richement mis en valeur au Museo de Arte Moderno, au Museo Nacional et dans les collections de la Banco de la República à La Candelaria, c’est vers le Museo Botero qu’il faut filer pour ressortir avec le sourire aux lèvres. Outre une bonne centaine de tableaux et sculptures du plus célèbre des artistes colombiens, le lieu abrite quelque quatre-vingt-cinq oeuvres signées par d’autres grands noms (dont Picasso et Miró) issues de sa collection personnelle. L’agréable cour intérieure du bâtiment, une demeure coloniale du xiiie siècle, est parfaite pour un petit instant de repos. Entrée gratuite.

4-41, Calle 11.

www.banrepcultural.org/museo-botero

À FAIRE

Ciné Tonalá

Bar à cocktails, grand écran et piste de danse : Tonalá regroupe ces trois attraits sous un même toit. Installé dans une élégante maison de maître des années 30, ce cinéma d’art et d’essai se double d’un centre culturel, d’un café et d’un restaurant… mexicain. Et du jeudi au samedi, on y danse tous en rond ! A l’affiche, des films latino-américains, mais aussi des grands succès internationaux en version originale.

35-27, Carrera 6A.

www.cinetonala.co

• Bogotá Bike Tours

La ville est traversée par d'innombrables pistes cyclables ou
La ville est traversée par d’innombrables pistes cyclables ou  » ciclorrutas « .© Wim Denolf

Bogotá est la ville la plus embouteillée d’Amérique latine et, si l’on en croit les statistiques, un tiers de ses habitants font chaque jour plus de deux heures de navettes. Ils sont donc nombreux à contourner l’écueil en empruntant les quelque 350 km de pistes cyclables (ciclorrutas), en dépit du relief passablement vallonné. En outre, les principales artères sont fermées aux véhicules motorisés tous les dimanches : une parenthèse baptisée Ciclovía, qui attire chaque semaine près d’un million de pédaleurs ! Suggestion : louer un vélo et relier la Carrera 7 de La Candelaria à Usaquén, 13 km plus au nord.

www.bogotabiketours.com

• Bogotá Graffiti Tour

En 2011, la mort d’un jeune adepte du street art abattu par la police a provoqué une véritable onde de choc dans la capitale colombienne. Depuis, les graffitis sont non seulement tolérés, mais même vivement encouragés. Instances officielles, entreprises et boutiques sollicitent désormais des artistes locaux – voire internationaux – pour réaliser des fresques. Lors des  » Bogotá Graffiti Tours « , on peut écouter les graffeurs expliquer eux-mêmes des oeuvres qui, souvent, évoquent les grandes préoccupations politiques. Un parcours en anglais (environ 2 h 30) est organisé chaque jour à 10 et 14 heures au départ du Parque de Los Periodistas, à La Candelaria. Contribution libre.

www.bogotagraffiti.com

• Oasis de paix

La métropole colombienne est truffée de parcs et de zones vertes parfois insoupçonnées. Le jardin intérieur du Museo Nacional (installé dans une ancienne prison), notamment, constitue une merveilleuse oasis de quiétude dans le bas de la ville. Plus au nord, le Parque del Chicó dévoile des jolies pelouses pour faire bronzette et des coins d’ombre pour pique-niquer. Le Parque de la 93, lui, est l’épicentre des quartiers chics, et on y profite d’une vue très agréable sur les collines avoisinantes, cela à deux enjambées des cafés et des glaciers.

www.museonacional.gov.co

SHOPPING

• La Zona Rosa

C’est là que se concentre la crème de la mode colombienne, résolument féminine, colorée et flamboyante si l’on en croit les vitrines de créatrices locales comme Julieta Suárez, Amelia Toro, Bettina Spitz, Pepa Pombo ou María Elena Villamil. Besoin d’un verre après avoir dévalisé les boutiques ? Votre récompense se trouve dans la zone piétonne de la Carrera 12A ( » Zona T « ), où les Bogotanos se rassemblent après le travail ou le week-end.

• Chapinero

Les environs de la Carrera 13, dans le district de Chapinero, constituent le fief des enseignes de streetwear et des jeunes créateurs locaux. Allez donc jeter un oeil chez Ciudad Freak, le label urbain des graphistes Diana et Leonardo Gaitán, ou à La Percha, un concept store qui propose des vêtements et accessoires dessinés par une cinquantaine de stylistes colombiens. Enfin, Brinca Brinca réalise des tee-shirts arborant – notamment – les oeuvres d’artistes locaux.

• Mercado de las Pulgas

Le dimanche et les jours fériés, la population locale s’en va flâner au marché aux puces d’Usaquén, dans le nord de la ville. Objets d’art, antiquités, bijoux artisanaux ou sacs tissés par des tribus indigènes : on trouve là un peu de tout, tout au long de charmantes ruelles animées par des musiciens de rue. Restos et bars complètent le décor.

www.pulgasusaquen.com

À BOIRE ET À MANGER

• Mini-mal

Niché dans une maison du quartier de La Salle, le plus discret des restos de Bogotá est aussi réputé pour être l’un des plus créatifs de la cuisine colombienne. Antonuela Ariza y prépare notamment du fugu grillé agrémenté d’une sauce au lulo (un fruit tropical), du filet de boeuf au curry vert et lait de coco, ou du collier de boeuf braisé avec une sauce à base d’extrait de manioc. Prix bas et accueil (très) chaleureux.

57-52, Carrera 4A.

www.mini-mal.org

• Central Food Park

Le Central Food Park, à Chicó Norte, est le rendez-vous des food trucks. L’offre coule de source : hamburgers gastronomiques, pizzas, crêpes salées, woks et plats à base de riz… Mais c’est surtout l’ambiance conviviale qui fait toute la différence.

99-23, Carrera 15.

• Abasto

A Usaquén, cette adresse est devenue ultrapopulaire grâce à ses petits déjeuners et ses brunchs. L’endroit parfait pour découvrir les plats colombiens typiques à base d’oeufs, ou encore les arepas, des petits pains de maïs fourrés et garnis.

119B-52, Carrera 6.

abasto.co

• Andrés Carne de Res

Andrés Carne de Res, le lieu à ne pas manquer.
Andrés Carne de Res, le lieu à ne pas manquer.© Wim Denolf

Un cirque déjanté, le kitsch puissance mille, du Tim Burton dopé à l’ecstasy… Les mots nous manquent pour décrire l’Andrés Carne de Res. A 23 km du centre, ce dédale de coins et de recoins, à la fois steakhouse et discothèque, est décoré de la cave au grenier de néons, de statuettes, de tableaux, de panneaux de circulation et de tout un bric-à-brac d’objets hétéroclites. Le personnel, lui, semble tout droit sorti d’un western musical, les artistes de rue se promènent un peu partout et, le week-end, les Bogotanais aisés affluent pour se défouler dans cette ambiance psychédélique. L’aller-retour en taxi coûte une cinquantaine d’euros, mais ça les vaut !

11A-56, Calle 3 (Chía).

www.andrescarnederes.com

EN PRATIQUE-Formalités-

Un passeport suffit. Pensez à consulter les conseils aux voyageurs sur

diplomatie.belgium.be et enregistrez-vous sur travellersonline.diplomatie.be -Se renseigner-

On trouve des antennes de l’office de tourisme à La Candelaria (9-83, Carrera 8) et à proximité du Museo Nacional (26-62, Carrera 13, fermé le dimanche).

bogotaturismo.gov.co, colombia.travel -Y aller-

Air Europa dessert quotidiennement Bogotá au départ de Bruxelles avec son Dreamliner. Vols à partir de 705 euros A/R.

www.aireuropa.com-Se loger-

DoubleTree by Hilton. Dans le quartier nord d’El Chicó, cet hôtel calme propose de vastes chambres confortables, un espace fitness ouvert 24 heures sur 24, une piscine et un spa avec sauna et bain de vapeur, ainsi que trois restaurants. Dès 110 euros la nuit avec petit déjeuner.

98-20, Transversal 21, Bogota calle 100.

www.doubletree.com

Click Clack Hotel. Hipsters et artistes se sentiront ici comme chez eux. A un jet de pierre du Parque de la 93, ce boutique-hôtel abrite 60 chambres design équipées en gadgets dernier cri. Excellent et copieux buffet petit déjeuner, et restaurant créatif nommé Ciengramos. Le bar Apache, installé sur le toit, régale d’une vue panoramique sur la ville. Dès 93 euros la nuit avec petit déjeuner.

93-77, Carrera 11.

www.clickclackhotel.com -Conseils-

En soirée, soyez vigilants dans le district de La Candelaria et restez à l’écart des quartiers sud de la périphérie. Evitez aussi de prendre les transports en commun ou de héler les taxis en rue : mieux vaut les faire appeler par l’hôtel ou le restaurant, voire utiliser l’appli Tappsi. Pour retirer de l’argent, c’est mieux en journée, dans une banque ou un centre commercial.

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