L’île grecque d’Hydra pleure son fils adoptif, Leonard Cohen

Île d'Hydra, en Grèce © Mike Norton

Les habitants de la petite île grecque d’Hydra ont rendu hommage samedi à l’auteur-compositeur Leonard Cohen, décédé jeudi soir, qui à leurs yeux était surtout leur cher et charmant voisin « Leonardos ».

La maison de pierre achetée par le chanteur canadien voici quelques dizaines d’années a vu affluer voisins et amis du poète, venus lui rendre un dernier hommage et déposer quelques présents sur le seuil.

« Mr Leonardos flânait parfois dans le jardin de mon père et ma mère lui apportait des herbes de montagne, de l’huile d’olive et du poisson », s’est remémoré Yiannis Armadouros, un marin de 53 ans, qui habite en face, dans la rue pavée sinueuse où se trouve la maison du chanteur. « C’était un homme charmant, il était adoré par tout le monde sur l’île », a-t-il ajouté, soulignant à quel point le musicien se sentait à son aise en la compagnie de simples pêcheurs et d’ouvriers portuaires.

Leonard Cohen avait acheté une vieille maison à Hydra, à moins de deux heures d’hydroglisseur d’Athènes, au début des années 60, à une époque où l’île attirait les artistes bohèmes.

Pendant sept ans, il a notamment écrit à Hydra le recueil de poèmes controversés « Flowers for Hitler », son premier roman « The Favorite Game », et « Beautiful Losers », un livre autour de la religion et de la sexualité qui l’a fait comparer à James Joyce.

La chanson « Bird on a Wire », l’oiseau sur un fil, lui a été inspirée par le câble électrique qui passait juste sous sa fenêtre.

C’est à Hydra aussi qu’il a rencontré sa muse norvégienne Marianne Ihlen, à qui il a dédié la ballade « So Long Marianne ». « Il a pris soin de sa maison », a encore confié Armadouros, qui garde une photo du cher disparu dans son portefeuille. « Il venait régulièrement l’été, l’hiver et même parfois à Pâques… ma mère gardait ses enfants, j’ai grandi avec (son fils) Adam », a-t-il confié à l’AFP.

Cadeau d’une dame

Roger Green, un voisin anglais de 76 ans, est venu déposer sur le seuil de la porte une pierre en forme de coeur de la part d' »une dame qui a connu Leonard dans les années soixante ». « Il était tellement facile d’approche … il était courtois, plein d’humour, intelligent, empathique, il savait écouter les gens », a expliqué Green.

D’autres voisins ont allumé des bougies et disposé des sachets de thé et des oranges, en référence à l’une des chansons culte de l’auteur compositeur « Suzanne ».

La Grèce a perdu « un amoureux et un ambassadeur », a déclaré samedi dans un communiqué le président du Parlement grec, Nikos Voutsis.

Leonard Cohen « a été inspiré par la beauté de la Grèce, la chaleur de la culture et du caractère grecs, et a fait l’apologie de notre pays à l’étranger », a-t-il ajouté.

La rue où se situe la maison du chanteur sera rebaptisée de son nom, et un banc Leonard Cohen sera également installé dans le port.

Un rassemblement bisannuel a déjà été programmé par les fans de « Leonardos » pour juin 2017.

Sofia Voulgari, une autre voisine, âgée de 68 ans, a regretté le doux son de la guitare du chanteur évoquant pour elle une berceuse qu’elle n’entendrait plus. « Je laissais ma mère et je venais ici m’assoir pour l’écouter jouer », a-t-elle dit, montrant le pas de la porte de la maison de Cohen. « C’était vraiment beau, c’était comme une berceuse ».

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