Le « pousse-pousse », roi du bitume d’une autre époque, joue sa survie

Li Wei attendant des clients. © AFP

Ce sont les rois des rues de Pékin, où feux rouges et sens interdits n’existent pas pour eux: les conducteurs de « pousse-pousse » résistent à la modernisation de la Chine, mais certains de ces trompe-la-mort luttent pour survivre.

Près de la Cité interdite, ex-résidence des empereurs, monsieur Guo dit exercer ce métier depuis 30 ans, à raison de 10 heures par jour. Et le boom des voitures, des scooters électriques ou plus récemment des vélos partagés, n’est pas parvenu à tuer son activité. « Tout ça n’a pratiquement rien changé », sourit-il.

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Apparu en Chine à la fin du XIXe siècle, le « pousse-pousse » avait à l’origine deux roues et était emmené par un tireur à pied, les passagers prenant place à l’arrière. Aujourd’hui, la plupart des engins sont des tricycles. Certains sont munis de pédales et avancent encore à la force des cuisses, mais la majorité sont équipés de moteurs électriques ou à essence.

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Les conducteurs, eux, doivent obtenir un permis et bénéficient d’une zone d’activité définie par le gouvernement, principalement près des lacs pittoresques du centre-ville.

Mais d’autres bricolent leur propre véhicule et circulent sans licence, en toute illégalité. Ils sont souvent la cible des autorités qui les accusent de conduite dangereuse, de gêne à la circulation ou encore d’escroqueries de touristes.

 Li Wei dans les rues de Pékin.
Li Wei dans les rues de Pékin.© AFP

Li Wei, 29 ans, est de ceux-là. Ce père de famille vient de la province pauvre du Henan, à 900 km au sud. Il travaille la nuit de 20h jusqu’à l’aube, dans la crainte permanente d’être interpellé par la police. Il l’a déjà été à six reprises en quatre ans: à chaque fois, il doit régler une douloureuse amende de 1.000 yuans (130 euros).

Mais cela ne le décourage guère. Car les soirs de weekends, lorsqu’il ramène chez eux les fêtards qui sortent des bars, il peut gagner 500 yuans (65 euros) par nuit, un bon revenu en Chine.

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Cependant, ses conditions de vie sont précaires: à Pékin, il loue un minuscule appartement délabré, avec sa femme vendeuse de vêtements et son père, lui-même conducteur de tricycle. Mais c’est toujours mieux que lorsqu’il travaillait dans des usines et des restaurants de Shanghai, explique-t-il.

Toutefois, après quatre ans, il se dit lassé du métier. Il aspire à changer de secteur, mais hausse les épaules quand on lui demande ce qu’il aimerait faire d’autre.

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