Les Chemins des Incas devient Patrimoine mondial de l’Unesco (vidéo)

Les Chemins des Incas (Qhapaq ñan), un chef-d’oeuvre d’ingénierie préhispanique qui traverse l’Amérique du Sud de bout en bout, a été inscrit samedi à Doha au « patrimoine mondial » par le Comité de l’Unesco.

« Tout comme ces différentes civilisations ont su s’unir à travers le Qhapaq Ñan, nos six pays ont su travailler ensemble et unir leurs volontés », a dit le représentant du Pérou sous les applaudissements.

Voie royale millénaire, les Chemins des Incas (Qhapaq Ñan) relient aujourd’hui le Pérou, le Chili, la Colombie, l’Équateur, l’Argentine et la Bolivie dans un entrelacement de routes construites sur une période de 2.000 ans et culminant parfois à plus de 5.000 mètres d’altitude.

Le classement par l’Unesco au patrimoine mondial devrait permettre à ce site de recueillir des fonds pour sa conservation, sa restauration et son développement touristique.

Tracés le long de la Cordillère des Andes, ces chemins totalisent quelque 30.000 km – dont 6.000 km de route principale et de nombreuses voies secondaires – et convergent vers Cuzco – qui en quechua signifie le « nombril du monde » – la capitale de l’empire Inca (Tawantinsuyo). Ils reliaient les différentes régions de l’empire Inca du nord de la capitale provinciale de Quito jusqu’au sud de l’actuel Santiago du Chili, ouvrant l’accès à un territoire de trois millions de kilomètres carrés.

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La route permettait de rapprocher tous les axes productifs, administratifs et cérémoniels de l’empire Inca, afin d’unifier géographiquement son territoire et de le contrôler.

Ces chemins permettaient des liaisons rapides entre les coins les plus reculés de Tawantinsuyo et comptaient sur un réseau sophistiqué de coursiers (chasquis), porteurs de messages, des quipus (cordelettes de noeuds qui en l’absence d’écriture servaient notamment à tenir la comptabilité des bêtes, des naissances, des décès…).

Selon les historiens, les Chemins des Incas comptaient tous les 7 km un poste fortifié (pukara) qui contrôlait le mouvement des voyageurs et tous les 21 km une auberge (tambo), avant tout destinée aux fonctionnaires de l’empire.

Depuis sept ans, un groupe d’archéologues travaille à la récupération d’un tronçon des Chemins des Incas à Cieneguilla dans la vallée de Lurin, au sud de Lima, le Huaycan, qui était une ancienne voie religieuse que les Incas et les cultures précédentes utilisaient pour atteindre le sanctuaire de Pachacamac, le plus important centre de culte sur la côte Pacifique, où trône le Temple du Soleil.

Selon les archéologues péruviens, certaines sections du réseau routier sont vieilles de plus de 2.000 ans et ont été construites par d’anciennes cultures pré-incas. La route, qui peut être large de plusieurs mètres, est pavée en plusieurs endroits. Parallèlement au Qhapaq Ñan, des routes appelées « Yungas » reliaient les villes côtières, avec des voies transversales pénétrant la jungle et l’immense plaine du Gran Chaco (Argentine, Bolivie et Paraguay).

« Il existe plusieurs routes où la population se déplace encore. Il y a encore des dalles et en certains endroits des murs de soutènement des deux côtés de la route », relève pour sa part l’archéologue Cristian Vizconde. Le chercheur explique également que l’Inca Pachacutec a utilisé les routes existantes et en a construit d’autres reliant les quatre points cardinaux pour le contrôle administratif de ses domaines. Pachacutec a notamment construit la citadelle de Machu Picchu.

Ce mois-ci, un groupe d’archéologues péruviens a découvert une nouvelle section des Chemins des Incas, offrant une perspective différente de la mystérieuse citadelle. Le tronçon de route long de 1,5 km à 2.700 mètres d’altitude, abrite également un tunnel dont l’intérieur comprend des pierres sculptées, selon le ministère de la Culture.

« On ne peut pas encore voir tout le chemin car il est en grande partie recouvert par la végétation », a indiqué à la presse Fernando Astete, archéologue en chef de Machu Picchu. « Ce chemin doit être restauré et mis en valeur en raison de son importance patrimoniale », a-t-il insisté.

D’autres sites ont également été inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. La ville historique de Jeddah (Arabie saoudite), l’usine Van Nelle à Rotterdam (Pays-Bas) et la filature de soie de Tomioka à Gunma (Japon) ont ainsi rejoint samedi le patrimoine mondial de l’humanité.

« Jeddah a été à partir du VIIe siècle l’un des ports les plus importants sur les routes commerciales de l’océan Indien », a souligné l’agence de l’ONU dans un communiqué. « C’est ici qu’arrivaient les marchandises à destination de La Mecque ».

Les 21 membres du Comité ont également décidé de déclarer « patrimoine mondial » l’usine Van Nelle, « l’un des fleurons de l’architecture industrielle du XXe siècle », réalisée dans les années 1920 le long d’un canal à Rotterdam, ainsi que la filature de soie de Tomioka, créée en 1872 à Gunma, au nord-ouest de Tokyo, témoignage « de l’entrée du pays dans le monde moderne industrialisé ».

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