Les « Greeters », bénévoles pour touristes

Accusés du pire en voyage, les Français jouent l’hospitalité à domicile. Plusieurs réseaux sociaux proposent contacts et activités aux étrangers de passage.

Accusés du pire en voyage, les Français jouent l’hospitalité à domicile. Plusieurs réseaux sociaux proposent contacts et activités aux étrangers de passage.

Triomphalement élus « pires touristes au monde » dans un récent sondage, les Français font des efforts à domicile pour améliorer leur cas. Depuis deux ans, des réseaux de bénévoles s’organisent dans les grandes villes, afin d’offrir aux étrangers la possibilité de se connecter avec l’autochtone, en toute convivialité et pour pas un sesterce (ou presque).

Les derniers arrivés dans la confrérie se nomment les EnjoYourParis, association sise, comme son nom l’indique, dans la capitale. Lancé au début de l’été par deux surdiplômés pas encore trentenaires, le site, avec sa quinzaine de jeunes animateurs, propose aux touristes visites de musées, apéros, concours de pétanque sur le Champ-de-Mars.

Un samedi en bord de Seine, c’est un pique-nique qui permettait de briser la glace parisienne. Une certaine Elke, lisse demoiselle germanique, devise avec son voisin dans la langue de Goethe. « Wie heisst du? » (Comment t’appelles-tu?). Il fait bon. La tour Eiffel frime au soleil. La jeune femme, chef de produit chez Louis Vuitton depuis trois mois, a atterri là par le bouche-à-oreille.

« Lors d’un échange universitaire à Sydney, j’avais été frappé par l’hospitalité des Australiens », raconte Guillaume Giler, l’un des deux fondateurs. « J’ai voulu recréer cette ambiance à Paris. » 550 personnes se sont déjà inscrites. « Notre site est un anti-Facebook », explique son comparse, Rémi Brichant. « Nous cherchons non pas à entretenir virtuellement des liens existants, mais à favoriser des liens qui n’existaient pas à l’origine. » Le tandem, qui paie pour le moment une bonne partie des activités de sa poche, compte sur les mécènes pour faire de son projet une petite start-up touristique.

Un petit côté auberge espagnole

Chez les Greeters (hôtes), ce sont les offices départementaux du tourisme qui contribuent au financement. Cette autre bande de Frenchies au sourire banane forme un réseau plus fourni et plus ancien. Ses racines se trouvent aux Etats-Unis, plus exactement à New York, où, en 1992, une habitante amoureuse de sa Big Apple décide de la rendre plus accueillante aux touristes. En France, les Greeters se sont développés à Paris, Marseille, Lyon, Nantes et, sans lien avec les municipalités cette fois, dans le Nord-Pas-de-Calais.

Dans la capitale, 3000 curieux ont déjà goûté au concept, centré sur les balades et les visites insolites. Des quadragénaires, souvent, ainsi que quelques retraités. « Paris compte aussi beaucoup d’expatriés qui, au bout de quinze jours, quand ils ont fait le tour des quartiers branchés, ont envie de voir autre chose », explique Jean-Michel Metayer, cadre SNCF à la retraite et bénévole de l’association Parisien d’un jour, Parisien toujours reliée au réseau Greeters. « Les grandes écoles reçoivent également de plus en plus d’étudiants pour des séjours de courte durée, qui sont intéressés par nos activités. »

Le tourisme participatif connaît un fort essor depuis cinq ans, grâce à l’éclosion des réseaux d’échanges (forums, communautés virtuelles) sur Internet. Tout à fait dans le ton écolo-équitable-solidaire de ce début de millénaire, avec un côté auberge espagnole en plus, cette nouvelle façon de voyager se décline, aujourd’hui, sous des formes variées: troc d’appartements, hébergement gracieux dans un coin du salon appelé couchsurfing (1,3 million d’inscrits depuis 2004)…

En France, on trouve même un catalogue où figurent les propriétaires de camping-cars prêts à céder un bout de banquette rétractable au convive de passage. Qui a dit que le Français était revêche?

Claire Chartier

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