Paris célèbre ses folles nuits (en images)

© Philippe Heurtault

Jusqu’au 27 janvier, dans les salons de la mairie de Paris, une captivante exposition gratuite retrace deux siècles de réjouissances nocturnes dans la capitale française.

Elles prennent leur essor au XVIIIe siècle avec les tripots des jardins du Palais Royal, avant les bals populaires et les premiers music-halls. « Depuis plus de deux siècles, Paris possède une véritable civilisation nocturne. La ville n’est entière que si on la considère avec ses nuits », explique à l’AFP Antoine de Baecque, commissaire de l’exposition.

L’avènement de l’éclairage public par ordonnance royale de 1667, marque le point de départ des nuits parisiennes. Un siècle plus tard, 7.000 réverbères à huile sont installés. Au XIXe, Paris brillera de tous ses feux, décrochant son titre de ville-lumière : nulle part, l’éclairage urbain ne s’est développé aussi vite.

En 1900, les nuits parisiennes emploient un million de personnes dans les cafés, brasseries, théâtres et cabarets. Les grands boulevards, Montmartre, Montparnasse, Saint-Germain-des-Prés et les Champs-Elysées deviennent les lieux les plus attractifs. En 2016, la mairie de Paris estime à 600.000 les travailleurs nocturnes.

Du ‘Whisky à Gogo’ aux ‘Bains-Douches’

L’exposition n’élude rien des nuits parisiennes : la prostitution emploiera jusqu’à un million de « petites femmes », contribuant à la réputation de la capitale française, jusqu’à la fermeture des maisons closes en 1946.

Au détour d’un parcours chronologique enrichi de 300 objets (dessins, affiches, photographies et archives vidéo), le visiteur découvre que la première discothèque a été créée en 1947 par la chanteuse Régine, avec son « Whisky à Gogo », à deux pas du Palais Royal. En 1951, elle a l’idée de coloriser les lumières.

La vogue des discothèques est lancée, d’autant plus que le twist est dans toutes les têtes. Dix ans après 1968, le légendaire Palace rue du Faubourg Montmartre, portera pendant quelques années les nuits parisiennes à leur apogée, en cultivant les mélanges sociaux. La concurrence sera farouche avec les Bains-Douches, autre club parisien de réputation internationale.

Ni Le Palace ni Les Bains n’ont survécu aux années 90. Depuis, les nuits ont changé mais Paris compte encore 13.000 cafés et 150 discothèques. L’une d’elles, La Concrète, vient de décrocher la première autorisation française pour une ouverture pendant 24h d’affilée, les samedis et dimanches.

« Depuis les années 2000, la violence du changement sociologique de Paris n’est pas favorable à la nuit », estime Antoine de Baecque, pointant du doigt la gentrification. « Avec la chasse aux nuisances sonores et l’interdiction de fumer, la moitié des établissements de nuit ont fermé », déplore-t-il.

« Le Palace a été le dernier endroit où la nuit a existé en accueillant le showbiz, les gays, les punks… Aujourd’hui, il n’y a plus de mélange », souligne Antoine de Baecque, auteur des « Nuits parisiennes ».

« La nuit peut revivre avec des lieux importants, mais avec des nuits qui coexisteront sans se rencontrer », dit-il. « Je reste optimiste sur la vitalité des nuits parisiennes, mais quelque chose s’est perdu ».

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