Rétrospective de l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat à Milan

Peintures monumentales mêlant acrylique, huile ou collage… Les oeuvres de Jean-Michel Basquiat, disparu en 1988, s’arrachent aujourd’hui à prix d’or. Jusqu’au 26 février, le Musée de la culture de Milan consacre une grande rétrospective à l’artiste contemporain le plus coté au monde.

Né en 1960 à Brooklyn à New York de parents d’origine haïtienne et portoricaine, l’artiste est mort brutalement à l’âge de 27 ans d’une overdose, laissant derrière lui plus de 2.000 dessins ou peintures.

« Basquiat a conquis le monde » grâce à son « génie », souligne Gianni Mercurio, qui a conçu l’exposition du Mudec avec Jeffery Deitch, un ami du peintre.

Rétrospective de l'oeuvre de Jean-Michel Basquiat à Milan
© AFP
Rétrospective de l'oeuvre de Jean-Michel Basquiat à Milan
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La rétrospective, qui se déroule de manière quasi chronologique, a choisi comme clé de lecture les lieux majeurs dans le parcours créatif de Basquiat. Les oeuvres, réalisées entre 1980 et 1987, sont pour la plupart issues de la collection privée de José Mughrabi. « Fruit d’une passion qui dure de plus de 30 ans », celle-ci a commencé du vivant de Basquiat, qu’il a rencontré, souligne le commissaire.

Le visiteur découvre 140 peintures, dessins et céramiques de Basquiat, de son travail réalisé dans la rue, à sa collaboration avec Andy Warhol dans le studio de ce dernier, en passant par la première exposition qui lui est entièrement dédiée, en 1981 à Modène, dans le nord de l’Italie.

Basquiat, qui a abandonné l’école adolescent, a commencé à la fin des années 1970 à dessiner avec son ami Al Diaz des graffitis poétiques et énigmatiques sur les murs de New York, signés « Samo » (« Same old shit »).

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Son oeuvre évolue ensuite vers la peinture, tandis qu’il abandonne ce pseudonyme. Il travaille avec de l’acrylique, de l’huile, des pastels, des collages, sur des grandes surfaces – toiles, tables, portes… – aux couleurs souvent éclatantes. L’écriture est très présente dans ses oeuvres à plusieurs strates, qui s’inspirent aussi de l’art tribal.

Orgueil et colère

Sa rencontre avec Warhol le marque à jamais. « Les rapports entre Basquiat et Warhol étaient très étroits: Basquiat considérait Warhol comme son père spirituel, et Warhol voyait Basquiat comme le fils qu’il n’avait jamais eu », note M. Mercurio.

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Mais leur collaboration, avec une exposition à Zurich puis à New York, « a été accueillie par la presse de manière négative, certains évoquant une opération commerciale pour revitaliser Warhol et consolider le succès de Basquiat, d’autres allant jusqu’à dire que Warhol faisait ce qu’il voulait de Basquiat, critiques qui ont profondément blessé le déjà fragile » artiste new-yorkais.

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Cela marquera la rupture entre les deux hommes. Mais Basquiat, à la carrière fulgurante, vit mal cet éloignement qu’il a lui-même choisi. La mort d’Andy Warhol en 1987 accélère sa dépression et sa plongée dans l’héroïne, qui le tue un an plus tard. « Basquiat était un artiste plein de contradictions. Sa personnalité était basée sur l’orgueil. Il voulait être un artiste célèbre, et pas seulement un artiste noir célèbre », souligne Gianni Mercurio. « Il disait que 80% de son oeuvre était faite de colère. Mais en même temps, c’était une personne douce, hésitante. Sa fragilité lui venait également de la peur de perdre son succès d’un moment à l’autre », note le commissaire.

Paradoxe: ses tableaux et dessins s’arrachent aujourd’hui sur le marché de l’art contemporain, où il arrive en tête en terme de prix atteints. Sur l’exercice juillet 2015/juin 2016, la vente de ses oeuvres a atteint 139,4 millions de dollars, selon la société spécialisée Artprice.

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Et un nouveau record a été établi en mai chez Christie’s New York avec une transaction de 57,2 millions de dollars pour une toile géante (2,38 mètres sur 5 mètres) créée à Modène en 1982 et acquise par le collectionneur japonais Yusaku Maezawa. D’après Artprice, entre janvier 2000 et octobre 2016, la valeur des oeuvres de Basquiat a augmenté de 506%: 100 dollars investis en 2000 dans un de ses tableaux valent désormais en moyenne 606 dollars.

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