Zazie: En toutes confidences

La chanteuse revient avec Za7ie, un album au féminin pluriel qu’elle accompagne d’un concept pour le Web. Rencontre avec une amazone qui jongle avec le chiffre 7.

La chanteuse revient avec Za7ie, un album au féminin pluriel qu’elle accompagne d’un concept pour le Web. Rencontre avec une amazone qui jongle avec le chiffre 7.

Par Gilles Médioni

Ce matin d’été dans un studio près de la gare d’Austerlitz, à Paris, Zazie met la dernière touche à son septième album, intitulé Za7ie. Le scooter est stationné devant l’entrée. Elle porte un jeans, des tongs, un débardeur. C’est Zazie, « zen » et gaie, qui, en presque vingt ans de carrière, a donné à la chanson son goût du sucré-salé, ses coups de folie (Rodéo), ses engagements (Sous le voile ; Les Pieds nus) et ses drôles de jeux de mots. Sa dernière aventure la rassemble tout à fait puisque ce disque riche de 14 morceaux va aussi se décliner en version digitale et en 49 titres jusqu’au 29 novembre prochain (*). Soit 7 chansons par jour de la semaine illustrées par des photos et des clips. Comment va la vie, Zazie ? Confidences en quatre temps.

J’ai accepté mon côté garçon

« J’évoque depuis toujours dans mes chansons la même quête sentimentale, la difficulté d’aimer, un verbe intransigeant. Mais ce thème englobe aussi le fait d’aimer la vie, d’en attendre, sinon des choses fantastiques, du moins un certain contentement. Dire et redire les mêmes choses reste une manière de me convaincre. Parfois, je pose juste une question sans y répondre, par exemple dans Polygame, un de mes nouveaux textes, qui analyse combien nous sommes « fidèles au changement ». D’autres fois, je tourne autour d’un mot, comme « amazone », qui revient dans tous mes disques. Là, je me suis enfin décidée à écrire toute une chanson, Amazone, donc, qui serait le pendant de Rodéo. Soit l’imagerie masculine associée à une femme. Je me suis longtemps demandé ce qui me reliait à ces femmes visant au galop le coeur des hommes avec un arc… Je sais bien pourquoi… Moi aussi, je suis allée sur le territoire masculin, j’ai voulu leur parler d’homme à homme, pour pouvoir toucher leur coeur. C’était la dernière chose à faire, c’est ridicule et maladroit : on n’embrasse pas son meilleur copain. J’ai fait ensuite l’effort de porter des robes et des talons. Trois entorses plus tard, j’ai accepté d’assumer mon côté jeans et rentre-dedans. J’arrive à m’arranger avec ce morceau de garçon qui est en moi. Surtout quand il rencontre la part féminine d’un homme. »

J’aime avoir mon âge

« J’arrive à cette étape de ma vie – 46 ans, je n’ai aucune gêne à le dire – où l’on est obligé de faire le deuil de certaines choses. La minijupe, par exemple, c’est sympa mais trop tard, même si l’on est bien conservée. Lorsque j’enchaîne des séances photos pour des magazines, je me rends bien compte que le choix est plus difficile qu’avant. J’en suis ravie car cela me pousse à avoir une attitude différente, à être encore plus épanouie. Je crois avoir l’image de quelqu’un de naturel, il n’y a pas de malentendu à mon sujet, Dieu merci. Pour la couverture de mon nouvel album Za7ie, le photographe m’a très gentiment effacé quelques rides. Je lui ai demandé de les remettre : je ne me reconnaissais pas dans cette étrange femme, jeune sans l’être. Je n’ai pas envie de jouer le jeunisme en termes d’image, je suis assez ado dans ma tête. Quand j’étais mannequin, le côté androgyne des modèles m’arrangeait bien. J’étais un fil de fer, « une fille de fer », comme dit Souchon dans sa chanson. Ensuite, la mode des « pulpeuses » ne m’a pas convenu. J’ai plongé dans la musique pour raconter ma propre séduction et non pas épouser celle d’un format ou d’un diktat. Je n’ai pas traversé de métamorphoses au cours de ma carrière. J’ai coupé mes cheveux une seule fois, quand j’étais enceinte. La maternité m’a été difficile. J’avais peur de ne plus être la même femme, de perdre mon insouciance, ma légèreté, tout ce qui me définit. J’ai vite réalisé qu’on devient mère nourricière très naturellement, en tout cas pour moi. Et que cela ouvrait un champ des possibles. Ma fille, Lola (8 ans), est la seule personne à me faire changer à ce point par ses questionnements. »

Être à l’écoute de son corps, c’est mieux qu’une psychanalyse

« Et je l’écoute beaucoup, c’est sans doute dû à mes études de kiné. Ma tête est très forte pour me faire croire que je peux vaincre la fatigue, ce qui est un peu bête, je me trouve vite en état d’épuisement. Être attentive à mon corps, c’est prendre deux heures de vide, de rien, d’ennui. Je m’absente, je suis en vacance de moi-même. En stand-by. Le yoga, la danse indienne m’ont été d’une grande aide dans cette démarche. Ce n’est pas de la méditation, mais presque. Au sortir de ces deux heures, je reviens de bonne humeur, j’ai l’impression d’avoir fait une promenade de santé. Je parviens au même résultat qu’après une séance de psychanalyse. Petite déjà, quand quelque chose me déplaisait ou me faisait violence, j’arrivais sans problème à m’extraire de la réalité. »

Ma famille, ce sont mes amis

« Je n’ai pas le sens de la famille mais celui de la tribu. J’ai trouvé davantage de réponses affectives chez mes amis et je n’ai aucun jugement par rapport à ça. Nos réunions, nos vacances tournent toujours entre 10 et 20 personnes, du petit de 4 mois dans son berceau aux cinquantenaires ou plus. Ce disque Za7ie, qui est mon septième album, décline les sept jours de la semaine, car il a été conçu à la maison : c’était important pour moi de refléter ces humeurs bizarres qui courent du lundi au dimanche. Le CD explique bien, à défaut d’être exactement ce que je suis, quel est mon modus vivendi. Il n’y a pas de rupture entre ma vie et la musique. Cela ressemble à une semaine de Zazie. Ni plus, ni moins. La seule force, c’est le nombre des chansons – 49 – qui portent sur le quotidien. Les copains sont passés au studio, les enfants aussi, c’est comme un bureau mais en plus rigolo. Pour cet album, je tenais aussi à des duos. Par exemple, Des astres, un dialogue avec M sous forme de questions-réponses entre le Soleil (lui) et la Terre (moi). J’ai réalisé Za7ie avec mon compagnon Philippe Paradis. Sans parler de mon histoire personnelle (ils ont d’abord été amis et complices de travail]) je trouve passionnant de côtoyer quelqu’un pendant longtemps sur le mode de l’amitié ou de l’échange professionnel, et tout d’un coup de tomber amoureux. On évite les pièges puisqu’on se connaît déjà. Je crois que ce genre d’aventures arrive fréquemment. Il est difficile, vraiment, de rencontrer de nouvelles personnes. On dirait qu’il existe un quota de gens que l’on croise toujours dans un même cercle. On les a déjà fréquentés avant, on évolue sur la même longueur d’ondes, sur les mêmes orbites. C’est merveilleux, non ? »

(*) Za7ie, l’album, une sélection de 14 titres issus des 7 EP thématiques: dans les bacs. Za7zie, l’intégrale de 49 titres : sortie de 30 novembre prochain. Mercury/Universal. Sorties digitales : www. Zazie7.com

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