Guide Michelin: les chefs wallons ne sont pas contents

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Les guides gastronomiques seraient-ils trop gentils envers les restaurateurs néerlandophones ? C’est en tout cas une critique qui gronde du côté des restaurateurs wallons. Il est vrai que dans les guides Gault et Millau et Michelin, les chefs du nord du pays semblent mieux lotis…

Le dernier Guide Michelin en serait un bel exemple: une seule nouvelle étoile wallonne (le Bistro Racine de Jimmy Collodoro et Jean-Marie Bucumi, à Braine-le-Château) contre 11 nouvelles étoiles flamandes.

65 restaurants flamands ont désormais une étoile, contre 30 en Wallonie. Trois adresses flamandes décrochent également une deuxième étoile: Boury à Roulers, Vrijmoed à Gand et La Source à Neerharen. Ce qui porte le nombre de restaurants deux étoiles en Flandre à 13, contre 4 en Wallonie. In fine, la Flandre dénombre près du double de restaurants étoilés que la Wallonie. Quant aux trois étoiles, il n’y en a que deux dans notre pays et ils se trouvent aussi en Flandre, pour le Hof van Cleve de Peter Goossens et le Hertog Jan de Gert De Mangeleer. Le résultat est donc un peu maigre pour les Wallons. De quoi faire grogner dans les cuisines.

La Wallonie totalise au total 38 étoiles (elle vient d’en perdre deux suite à la cessation d’activités de La Bergerie et de Cuisinémoi, à Namur). On en retrouve 12 dans le Hainaut, 8 à Liège, 8 à Namur, 6 dans le Luxembourg, 4 dans le Brabant wallon.

Jean-Luc Pigneur, porte-parole du mouvement Génération W, une association de chefs qui défendent le patrimoine culinaire wallon, précise dans l’Avenir que c’est parce qu’il y a plus d’argent en Flandre. « Oui, il y a plus d’argent en Flandre. Les gens vont plus au restaurant, ce qui facilite l’ouverture d’établissements de qualité. »

Cependant, même en Wallonie, ceux qui se rendent dans un étoilé seraient plus souvent néerlandophones puisque ces derniers représenteraient entre 50 et 75% de la clientèle.

L’Avenir se demande également s’il n’y aurait pas comme un parfum de favoritisme de la part des guides culinaires. Une suggestion soufflée par Génération W, où on ne cache pas que le mouvement a aussi été créé en réaction à ce constat qui veut qu’on semble avoir beaucoup de mal à attribuer 2 ou 3 étoiles dès qu’un établissement est installé à Bruxelles ou en Wallonie. « En Wallonie, des chefs méritent des 2 et 3 étoiles et on s’interroge pourquoi ils ne les ont pas. Comme si le tout haut de gamme devait rester en Flandre », dit encore Pigneur dans l’Avenir, tout en précisant que cette discrimination est moins marquée pour chez Gault et Millau où le système de cotation permet plus de nuances.

Il est aussi bon de préciser que les candidats aux étoiles sont présentés par une direction belge, mais que le choix final est fait à Paris. Et en sachant que le Michelin est plutôt conservateur, on considère souvent que les unes et deux étoiles sont à l’avant-garde, alors que ceux qui ont atteint le Graal n’osent plus trop bousculer les codes de peur de perdre une de leur si précieuse étoile.

On peut également se consoler avec l’idée que la Wallonie fait mieux dans le guide BiB. Un guide qui récompense le ratio qualité-prix avec 307 restaurants affichant un menu complet et de qualité pour un prix maximum de 37€. Dans ce guide, on retrouve en effet 87 bib Gourmands en Wallonie contre 59 en Flandre. « C’est bien la preuve, qu’en Wallonie, on peut bien manger à des prix plus bon marché », selon le critique culinaire Bruno Vanspauwen dans le Standaard.

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