3 influenceurs food belges dévoilent l’envers du décor

Kathleen Wuyard
Kathleen Wuyard Journaliste

Si Instagram, TikTok et al sont une mine d’inspiration pour cuisiniers en herbe ou confirmés, ils peuvent aussi parfois laisser un goût amer aux influenceurs qui y partagent leur gourmandise avec un public captif.

Car l’ingrédient secret des recettes presque trop belles pour être vraies de certains influenceurs est justement parfois qu’elles privilégient l’esthétique, voire même, font fi des papilles.

« Le foodporn pousse à la consommation » – Alia.rds

Gordita, la cantine colorée ouverte à Liège par Alizée Arredondas, rassemble tous les ingrédients pour afficher complet à chaque service. Et nombre de ses clients s’attablent depuis les réseaux, où ils sont plus de 28 000 à la suivre. Agée de 28 ans, elle se souvient de l’époque où, ignorant tout d’Instagram, elle photographiait au BlackBerry les plats préparés dans son kot. Et confie devoir son parcours aux réseaux: «J’aurais pu rester une amatrice qui adore recevoir et faire à manger, mais avec les réseaux, j’ai voulu m’épanouir complètement dans cette passion. Ils ont propulsé mon intérêt pour la cuisine dans une autre sphère, en m’apportant une plus grande ouverture sur le monde culinaire. Même s’il y a des parts d’ombre du #foodporn, qui pousse à la surconsommation et à en faire plus» regrette celle qui confie que « ce côté-là me dérange. Certains blogueurs aiment créer des plats incroyablement beau mais parfois sans aucune saveur ni cohérence au niveau gustatif ».

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« On perd un peu du plaisir de lire » – CookAndRoll

Passionné de cuisine «depuis toujours», Grégory Bogaert, le Bruxellois à l’origine du blog CookAndRoll s’autorise désormais à rêver d’une transition à temps plein dans le secteur, dix ans après ses premiers articles et après une carrière dans le secteur bancaire. Celui qui loue sa chance «d’avoir une maman bonne cuisinière et ouverte sur les cuisines du monde» a commencé à s’intéresser au milieu loin des écrans, mais très vite, le Web s’est imposé à lui. «Bloguer, c’est la possibilité de partager mes recettes et mes découvertes, et d’échanger avec mes lecteurs», s’emballe celui qui constate aujourd’hui une rapidité d’accès à l’info culinaire qu’on ne trouvait pas avant. «Les idées fusent et génèrent des envies, des ‘Mais évidemment comment n’y avais-je jamais pensé!’ Pour moi c’est une source d’inspiration constamment renouvelée» se réjouit le jeune homme. Qui voit un avantage dans la profusion de recettes, ingrédients et adresses disponibles sur les réseaux sociaux: « les idées et sources d’inspiration sont constantes, pour moi une grande source de motivation qui me mène en cuisine à toute heure, pour essayer une idée, une astuce, une recette… » Même si le risque d’y perdre le plaisir de lire est présent. « En ligne, on a tendance à passer outre l’histoire derrière la recette, et même souvent les détails précis de sa réalisation. J’aime m’inspirer d’un reel de 30 secondes, mais j’aime aussi prendre le temps de lire une recette, de découvrir son histoire, et celle des produits qui la composent, de me plonger dans l’univers de l’auteur, découvrir parfois l’histoire des artisans et producteurs qui ont inspiré l’auteur ».

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« On mange plus que jamais avec les yeux » – Goût Gueule

Pendant belge du compte français culte Social Food, Goût Gueule, projet lancé en couple par Sarah Rousselle et François Carlier, se veut être un moteur de recherche culinaire, entre recettes et bonnes adresses illustrées de visuels léchés. Leur constat? «La cuisine n’a pas attendu Instagram pour être tendance, mais l’appli a accéléré le phénomène du #foodporn! La gratuité et la simplicité d’utilisation de ce réseau en font l’outil idéal pour le partage de recettes. Pour une certaine tranche de la société, les pratiques ont changé. Certains mangent maintenant beaucoup plus avec leurs yeux et le plaisir de partager un bon plat au restaurant passe parfois au second plan. On veut du beau, il faut que le plat soit ‘instagrammable’. Et en plus, d’être sollicités de la sorte, on a tout le temps faim». Et François de reconnaître que « sans l’influence des hashtags nous n’aurions probablement jamais créé Goût Gueule. Notre intérêt pour la cuisine s’est amplifié parce qu’on se prend au jeu des réseaux ». Lesquels présentent selon Sarah l’avantage d’être « beaucoup moins coûteux et de prendre moins de place qu’une bibliothèque de livres de cuisine », même si pour elle, « Instagram ne les remplacera jamais. Ce serait dommage que ça disparaisse ». Et François de rappeler que « manger avec les yeux, c’est déjà faire la moitié du chemin. Je ne pense pas que l’esthétique ultra léchée des recettes postées sur les réseaux doive décourager les cuisiniers en herbe, car le plus important  c’est de faire l’expérience qu’elle soit bonne ou mauvaise tout en s’amusant ». 

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