Coup de projecteur sur Jean Prouvé, ferronnier utopiste génial

Ferronnier de formation, Jean Prouvé (1901-1984) a marqué la première moitié du xxe siècle par ses recherches. Les éditions Phaidon et la Fondation Luma, à Arles, mettent ce mois-ci un coup de projecteur sur ce concepteur utopiste.
Si Jean Prouvé (1901-1984) a marqué la première moitié du xxe siècle par ses recherches, son discours reste complètement d’actualité, alors que nos pays ont désespérément besoin de solutions pour répondre à la crise migratoire qui secoue le monde d’aujourd’hui.
Ferronnier de formation -il réalisa notamment des ouvrages d’art pour la Villa Noailles, conçue par Robert Mallet-Stevens à Hyères – le Parisien fut en effet le fer de lance d’une réflexion sur l’habitat temporaire. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il imagina ainsi, avec Pierre Jeanneret, des modules à vivre, légers et industrialisés, et en monta douze, à Meudon, en 1950, à la demande du ministère de la Reconstruction.
Plus tard, il créa la Maison des jours meilleurs, répondant ainsi à l’appel de l’abbé Pierre, pendant l’hiver 1954, afin de loger les sans-abri délaissés par les autorités françaises. Mais au-delà de son engagement social, ce qui frappe dans le travail de cet architecte autodidacte, qui se disait plutôt ingénieur-constructeur, c’est l’utilisation de structures métalliques d’une extrême finesse et le dimensionnement très juste de ses espaces.
Des qualités qui n’eurent finalement un écho international que sur le tard et se sont progressivement perdues dans l’histoire. Raison pour laquelle les éditions Phaidon et la Fondation Luma, à Arles, mettent ce mois-ci un coup de projecteur sur ce concepteur utopiste, qui signa aussi de très beaux meubles en tôle pliée toujours cotés de nos jours, à travers une expo et un livre dédiés à ses pavillons avant-gardistes.
Une poignée d’entre eux ont même été reconstruits dans la ville provençale pour l’occasion. » Au fil du temps, l’aspect pratique des maisons de Jean Prouvé a été abandonné, cédant la place à un intérêt seulement esthétique « vintage », déplorent Maja Hoffmann et Matthieu Humery de la Fondation Luma, en préface du bouquin.
Nous pouvons regretter que ces maisons démontables ingénieuses ne soient pas utilisées massivement pour améliorer les conditions de vie des migrants. » Voilà qui est dit.
Jean Prouvé. Architecte des jours meilleurs, Phaidon, 240 pages.
Expo à la Fondation Luma, à Arles.
Du 21 octobre au printemps 2018.
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