Changer de vie : ils ont tout plaqué pour faire le métier de leur rêve

Changer de vie. © Getty Images/iStockphoto
Catherine Pleeck

Ils avaient une belle carrière toute tracée et l’ont plaquée pour un métier manuel. Ces audacieux sont désormais ébénistes, cuisiniers, carreleurs, bouchers, fleuristes… Une attitude révélatrice de notre époque, de ses limites et de ses nouveaux besoins.

C’est l’histoire d’une graphiste qui a repris des études de cuisine, d’une autre qui retape et restaure désormais des meubles. D’un juriste en train d’étudier le dessin industriel, d’une bachelière en droit devenue carreleuse. D’un journaliste parti ouvrir un resto ou d’une architecte qui lance son food truck. Et cetera, et cetera. Des réorientations de carrière aussi catégoriques, on en connaît tous dans notre entourage, de près ou de loin. Certains s’étonnent de ces choix, à l’encontre des conventions sociales et culturelles. D’autres les admirent, un brin d’envie dans les yeux.

Le phénomène concerne désormais l’ensemble des pays industrialisés. Des blogs traitent du sujet, à l’instar de Les Mains Baladeuses, Les Nouveaux Audacieux ou du magazine en ligne Encore, incitant les plus réfractaires à sauter le pas. Devenu best-seller, Eloge du Carburateur ne parle pas d’autre chose. Cet essai sur le sens et la valeur du travail, véritable plaidoyer en faveur des jobs manuels, a été rédigé par l’Américain Matthew Crawford, chercheur à l’université, qui n’a jamais été aussi épanoui depuis qu’il a ouvert un garage, pour y réparer de vieilles motos. Même topo pour l’article  » A propos du phénomène des métiers à la con « , publié en 2013 déjà. L’anthropologue britannique David Graeber y regrette que bon nombre d’emplois concernent des tâches sans réelle utilité. Cette année, c’est La révolte des premiers de la classe qui a remis ce sujet sur le devant de la scène. L’auteur et journaliste français Jean-Laurent Cassely y dresse une analyse très pertinente des motivations de ces déserteurs d’open spaces et des limites de notre société actuelle.

Une partie des jeunes générations ne se satisfait plus des attentes matérialistes vis-à-vis du travail, mais recherche la satisfaction et l’expression de soi.

Sans toutefois bousculer (encore) le marché du travail, cet attrait pour les métiers manuels, artisanaux et techniques se repère de-ci de-là, de façon significative. En témoigne Martin Sikkink, ex-ingénieur de gestion reconverti en menuisier (lire par ailleurs).  » Cela fait près de dix ans que je bosse dans la construction et la moitié des personnes rencontrées ont exercé une autre fonction avant de travailler le bois. Pas mal d’entre elles sont d’ailleurs universitaires, qu’il s’agisse d’anciens ingénieurs ou d’architectes.  » Partout, l’envie d’explorer de nouvelles voies est palpable. Dans la capitale française, l’augmentation des implantations neuves est de l’ordre de 15 % pour les cavistes, 13 % pour les torréfacteurs, 10 % pour les chocolatiers, 9 % pour le bio et 8 % pour les produits de terroir, sur la période 2011-2014, d’après les chiffres de l’Atelier parisien d’urbanisme. Et du côté de l’EFP, ce centre de formation en alternance en Région bruxelloise qui accueille plus de 6 000 personnes par an, on constate qu’un peu plus d’une personne sur sept, inscrite cette année à l’un de ces cursus, est déjà détentrice d’un diplôme supérieur.

Qu’il s’agisse de se spécialiser en alimentation, commerce, construction ou électrotechnique, pour ne citer que ces filières, les raisons de ces inscriptions aux cours de l’EFP sont multiples.  » La recherche d’une activité plus pratique et plus concrète, la réalisation d’un rêve, la mise sur pied d’un projet préparé de longue date, l’envie de changement, d’ajouter une corde à son arc, de faire ce qui leur plaît ou tout simplement le besoin de se reconstruire, de remédier à une déception ou une mauvaise orientation de carrière « , énumère-t-on au sein de l’établissement.

Une simplicité rassurante

Mais cette vague de jeunes urbains diplômés qui quittent leur emploi témoigne surtout d’une évolution de la pensée.  » Ils veulent trouver une réponse adaptée à une véritable crise existentielle, la fameuse quête de sens « , constate Jean-Laurent Cassely. Et le journaliste de Slate de mentionner un ancien chargé de marketing qui entrepose désormais des produits, les emballe et les vend aux clients, dans le cadre de son nouveau métier de traiteur.  » Une simplicité désarmante et extrêmement rassurante à ses yeux, en comparaison de ce qu’implique le marketing digital bancaire. Dans un cas, on peut se faire une idée claire de ce à quoi on sert. Dans l’autre, c’est plus difficile…  »

Outre ce besoin d’avoir une image précise de sa contribution à la société, la tendance est à l’épanouissement personnel total, dans toutes les sphères de sa vie. A quoi bon faire attention à son alimentation, à sa santé et à son bien-être en général, si c’est pour se tuer à la tâche dans le même temps ? Alors qu’il fut un temps où l’on commençait sa carrière dans une entreprise pour y rester jusqu’à la pension, quitte à devoir mordre sur sa chique pour sauver les apparences, l’heure est désormais au questionnement, au zapping aussi, jusqu’à trouver un métier qui allie situation confortable et passion.  » Une partie des jeunes générations ne se satisfait plus des attentes matérialistes vis-à-vis du travail, mais recherche la satisfaction et l’expression de soi, confirme l’auteur de La révolte des premiers de la classe. Mais cette montée des aspirations arrive historiquement au pire moment, celui de la dégradation à la vitesse grand V des jobs de l’économie de l’information. Le croisement de ces aspirations montantes et d’une réalité décevante produit cette révolte.  »

Outre ce besoin d’avoir une image précise de sa contribution à la société, l’heure est à l’épanouissement personnel total, dans toutes les sphères de sa vie.

Nombreux sont en effet ceux qui constatent que les avantages de faire carrière dans une grosse entreprise ne sont plus si nombreux que cela. La sécurité y est illusoire, la pression croissante, le statut social de cadre banalisé, le salaire plus du tout aussi impressionnant.  » Avec la mondialisation et les productions délocalisées, l’apport de l’employé est également dilué dans des chaînes de valeurs complexes, poursuit le Français. Chacun ne voit qu’une pièce du puzzle d’ensemble, se sent anonyme et désincarné.  » En outre, le poids des actionnaires est croissant et prime désormais sur le produit et son utilité sociale. La numérisation est extrême, les tâches bureaucratiques et le reporting ne visent qu’à maintenir et optimiser le système existant, plutôt qu’à le faire évoluer. Un nouveau panorama qui fait déchanter et donne au travailleur le sentiment de perdre le contrôle.

 » C’est un mythe qui s’effondre, être cadre ne constitue plus l’eldorado, confirme Tiffany Coune, qui a quitté une grosse boîte de recrutement pour lancer son concept de restauration et d’épicerie fine Farci (lire par ailleurs). A l’inverse, les métiers qui étaient autrefois pris en charge par ceux qui n’avaient pas accès à l’éducation deviennent sexy. Le côté artisanal commence à être valorisé.  » On le voit, ces deux types de parcours ne sont plus forcément si opposés que cela.  » Nous sommes finalement des pionniers « , remarque celle qui est toutefois ravie d’avoir entrepris des études universitaires et d’avoir pu tâter du monde de l’entreprise avant de se lancer à son compte.

Retrouver le contact

Les barrières sautent, donc, même si papy grogne parfois encore lorsqu’on lui annonce qu’on va ouvrir un magasin de fleurs, se lancer dans la pâtisserie, la maroquinerie, la torréfaction ou l’agriculture. Face à un monde globalisé et un sentiment de déréalisation du travail, l’élite de l’économie préfère désormais la proximité. L’échoppe, la boutique, le restaurant ont en commun ce comptoir par lequel l’échange redevient incarné. Les projets sont clairement délimités dans l’espace.  » L’artisanat permet une unité d’activité – je fais du pain, je vends de la crème glacée, etc. -, une unité de lieu dans le cas du petit commerce, et, enfin, une limitation de sa clientèle à des têtes connues, constate Jean-Laurent Cassely. Une décroissance des ambitions et du périmètre d’action qui peuvent rassurer.  » Ici, les dimensions physiques prennent enfin le pas sur les aspects immatériels. Désormais, et pour la première fois de leur vie, les néo-manuels constatent que leur activité peut avoir un impact direct, immédiatement mesurable, sur leur environnement. Cela ne doit pas forcément se faire à la campagne, dans un bled reculé, mais bien chez eux, là où ils vivent, dans un tissu urbain. Et qu’importe s’ils ne sont pas issus d’une lignée d’artisans qui leur ont transmis leurs savoirs. Ils ont suffisamment de connaissances marketing pour concevoir des produits raffinés, parfaitement packagés, qui séduiront leurs pairs, en recherche d’authenticité.

Ils ressentent le besoin de liberté, de se reconnecter à quelque chose de plus intuitif, à taille plus humaine.

 » Quand vous vous levez tous les matins, que vous réalisez votre propre pain, que les clients viennent l’acheter, puis reviennent car ils l’ont apprécié, le retour et la reconnaissance sont immédiats, clame Francis Hourant, directeur de WorldSkills Belgium, une association qui fait la promotion des métiers manuels, techniques et technologiques. C’est vraiment magnifique, cela donne du sens à votre vie. Que ce soit les jeunes que nous encadrons ou ceux qui se réorientent, tous veulent créer avec leurs mains et voir ce qu’ils produisent.  » Pour ces artisans du sens, l’aspect manuel est indispensable à leur épanouissement. Palper, produire, faire.  » Cela permet plus facilement de quitter le mental pour retrouver des sensations intuitives, spontanées, commente Coralie Groetaers, à la tête de Work Hard-Play Art, qui anime des ateliers en entreprise, notamment en prévention du burn-out. Faire appel aux mains, au toucher : une manière d’être à l’écoute de soi. La créativité permet de réaliser quelque chose sans attentes de résultat. Dans nos métiers, on manque de responsabilités, et même si on en reçoit, elles sont guidées par les guidelines de l’entreprise. Tout est formaté, il y a peu de marge de manoeuvre. Avec l’art, il y a un retour à la liberté. Nous vivons dans une société qui ne parle que de profit, croissance et rentabilité. Elle met le mental, raisonnable et raisonné, à la première place. Il n’est donc pas étonnant que les premiers de la classe piquent leur crise existentielle sur le tard. Ils ont toujours voulu bien faire, ne décevoir personne et se sentent probablement désillusionnés, emprisonnés dans une cage (dorée). Ils ressentent le besoin de liberté, de se reconnecter à quelque chose de plus intuitif, à taille humaine.  »

Une transformation d’ampleur

Tout n’est pas pour autant rose, tous les jours.  » Il y a des contraintes d’horaire et de pénibilité, quand il s’agit par exemple de travailler dehors par temps froid, reconnaît Francis Hourant. Cela demande une certaine passion.  » Sans oublier les tâches ingrates ou les fins de mois difficiles, loin de ce que montrent les émissions télévisées inspirantes mais stéréotypées, comme Top Chef.

 » Mais l’arrivée de ces néo-manuels témoigne d’une évolution sociétale, se réjouit le directeur de WorldSkills Belgium, qui espère que ce phénomène permettra de mieux valoriser les métiers en alternance, dès le choix d’études. Avant, il s’agissait de trouver un emploi permettant de bien gagner sa vie. Dorénavant, l’aspect financier compte moins, il importe d’abord de trouver un métier où s’épanouir.  » Un bouleversement de notre échelle de valeurs, qui redore indirectement le blason de la filière artisanale.

Reste à savoir s’il s’agit d’une tendance éphémère ou pas.  » La microbrasserie est peut-être une mode, reconnaît Jean-Laurent Cassely. En revanche, le déclassement des diplômés, l’industrialisation des métiers de cadres, le vertige existentiel dans lequel nous plonge la transformation numérique ne sont pas des tendances superficielles mais des transformations d’ampleur. C’est en raison de ces problèmes structurels que le phénomène des reconversions vers les métiers manuels et de proximité prospère.  » Et l’expert de faire un peu de prospective :  » La révolte dont je parle est certes un phénomène qui touche pour l’instant des niveaux relativement privilégiés (diplômés voire super-diplômés, urbains, jeunes souvent sans enfant), mais ils jouent ici un rôle d’avant-garde. Depuis la publication de mon livre, j’entends d’ailleurs parler de plus en plus de cas de volontés de reconversion qui naissent d’une crise de sens, dans des milieux sociaux de plus en plus divers.  » Ou comment cette tendance du passage du col blanc ou col bleu risque bien de faire des émules, toutes classes et catégories professionnelles confondues.

 » J’ai profité de la restructuration de mon entreprise pour changer de vie  »

Daniel Lessire, vingt-cinq ans comme trader, désormais à la tête de la brasserie artisanale Millevertus.

Changer de vie : ils ont tout plaqué pour faire le métier de leur rêve
© BELGAIMAGE

Au départ, rien ne prédestinait Daniel Lessire à devenir brasseur, il était même plutôt un amateur de vin. Lors d’un dîner, celui qui exerce le métier de trader depuis vingt-cinq ans goûte cependant une bière artisanale, et sa réorientation de carrière sonne comme une évidence.  » Avec le temps, mon activité devenait usante, je sentais que j’étais arrivé au bout de mes compétences. J’ai donc profité de la restructuration de mon entreprise pour changer de vie.  » L’homme se documente, cherche des stages d’initiation et des formations auprès de professionnels.  » Ce fut une étape difficile, car beaucoup ne voulaient pas m’aider, par peur de la concurrence.  » En 2004, il élabore sa recette, fabrique son propre matériel avec l’aide de son entourage et crée sa brasserie, Millevertus, située à Breuvanne, en Gaume.  » J’y produis mes boissons grâce à la première chaudière à vapeur d’Europe. Un quotidien bien différent de mon ancienne existence, mais c’est ma décision, je n’ai aucun regret « , confie celui qui ne cesse de développer son entreprise et a, pour ce faire, engagé deux apprentis.

www.millevertus.be

C.M.

 » Écouter une envie enfouie  »

Simon Bomans, de la place financière au Boudin Room, qui allie boucherie et musique.

Changer de vie : ils ont tout plaqué pour faire le métier de leur rêve
© Laetizia Bazzoni

 » Quand tu es juriste, on attend de toi que tu fasses une carrière, pas que tu deviennes un jour boucher.  » Simon Bomans s’exécute. Débuts express comme avocat. Puis, direction le Luxembourg, où il travaille pour une société qui gère des fonds d’investissement. Visant plus haut, il postule auprès d’une banque prestigieuse, comme analyste légal en marché financier.  » Je ne connaissais rien en finances, dans ma tête, cela en jetait.  » Jusqu’à ce jour de juin 2016, où il annonce à son boss qu’il prend un 4/5e, pour suivre une formation et devenir boucher. Une envie enfouie, qui refait surface, même si elle est fantasmée.  » J’adorais manger, mais je ne cuisinais pas des masses.  » Qu’importe, les risques sont faibles, puisqu’il ne démissionne pas.  » Ma condition de cadre sup’ et le fait de pouvoir m’acheter un écran plasma et plein de baskets ne me suffisaient plus.  » Il s’agit désormais de sublimer un produit, de pouvoir offrir de la viande de qualité sans prix surfait, de contacts et d’authenticité. Pas question pour autant d’imaginer une boucherie à l’ancienne. En attendant d’avoir son point de vente, le trentenaire se distingue avec son Boudin Room, inspiré de la Boiler Room, où des DJ sets sont retransmis en direct sur Facebook. Ici, à côté des platines, il y a Simon Bomans, qui prépare du boudin. Et un public, ravi, qui en redemande.

www.facebook.com/boudinroom

 » J’ai profité de la restructuration de mon entreprise pour changer de vie  »

Daniel Lessire, vingt-cinq ans comme trader, désormais à la tête de la brasserie artisanale Millevertus.

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Au départ, rien ne prédestinait Daniel Lessire à devenir brasseur, il était même plutôt un amateur de vin. Lors d’un dîner, celui qui exerce le métier de trader depuis vingt-cinq ans goûte cependant une bière artisanale, et sa réorientation de carrière sonne comme une évidence.  » Avec le temps, mon activité devenait usante, je sentais que j’étais arrivé au bout de mes compétences. J’ai donc profité de la restructuration de mon entreprise pour changer de vie.  » L’homme se documente, cherche des stages d’initiation et des formations auprès de professionnels.  » Ce fut une étape difficile, car beaucoup ne voulaient pas m’aider, par peur de la concurrence.  » En 2004, il élabore sa recette, fabrique son propre matériel avec l’aide de son entourage et crée sa brasserie, Millevertus, située à Breuvanne, en Gaume.  » J’y produis mes boissons grâce à la première chaudière à vapeur d’Europe. Un quotidien bien différent de mon ancienne existence, mais c’est ma décision, je n’ai aucun regret « , confie celui qui ne cesse de développer son entreprise et a, pour ce faire, engagé deux apprentis.

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C.M.

 » Chaque meuble procure une grande satisfaction  »

Martin Sikkink a préféré la menuiserie sur mesure à une carrière d’ingénieur de gestion.

Changer de vie : ils ont tout plaqué pour faire le métier de leur rêve
© sdp

C’est une petite chanson, qui allait et venait. Qui disait que les études universitaires et la carrière classique n’étaient pas forcément faites pour lui. Pourtant, au moment de choisir sa voie, Martin Sikkink opte pour un diplôme en ingénieur de gestion. Par dépit, c’est vrai. La gestion, c’est bien, cela mène à tout. Et puis, familialement et culturellement, difficile de prendre des chemins de traverse. Ses débuts en corporate banking confirment à cet élève brillant que ce n’est pas pour lui.  » Trop hiérarchisé, trop procédurier. Tu n’es qu’un rouage.  » Résultat, le jeune homme se fait virer après six mois.  » Pas très drôle, mais c’était l’occasion de me poser les vraies questions.  » Devenir menuisier n’était pas un rêve de gosse, mais être indépendant lui plaît, l’aspect construction et la matière du bois aussi. En trois semaines, il se trouve une formation et suit des cours en alternance, avant de se lancer en juin 2009.  » Je ne regrette pas du tout mon choix. Chaque étape du travail réalisé est sans commune mesure avec ce que j’ai pu faire précédemment. N’importe quel meuble bien fait procure une grande satisfaction. C’est une chance « , apprécie celui qui grince néanmoins des dents pour ce qui est de bien gagner sa vie et de faire une croix sur les congés payés et autres avantages du salarié.

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 » Écouter une envie enfouie  »

Simon Bomans, de la place financière au Boudin Room, qui allie boucherie et musique.

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 » Quand tu es juriste, on attend de toi que tu fasses une carrière, pas que tu deviennes un jour boucher.  » Simon Bomans s’exécute. Débuts express comme avocat. Puis, direction le Luxembourg, où il travaille pour une société qui gère des fonds d’investissement. Visant plus haut, il postule auprès d’une banque prestigieuse, comme analyste légal en marché financier.  » Je ne connaissais rien en finances, dans ma tête, cela en jetait.  » Jusqu’à ce jour de juin 2016, où il annonce à son boss qu’il prend un 4/5e, pour suivre une formation et devenir boucher. Une envie enfouie, qui refait surface, même si elle est fantasmée.  » J’adorais manger, mais je ne cuisinais pas des masses.  » Qu’importe, les risques sont faibles, puisqu’il ne démissionne pas.  » Ma condition de cadre sup’ et le fait de pouvoir m’acheter un écran plasma et plein de baskets ne me suffisaient plus.  » Il s’agit désormais de sublimer un produit, de pouvoir offrir de la viande de qualité sans prix surfait, de contacts et d’authenticité. Pas question pour autant d’imaginer une boucherie à l’ancienne. En attendant d’avoir son point de vente, le trentenaire se distingue avec son Boudin Room, inspiré de la Boiler Room, où des DJ sets sont retransmis en direct sur Facebook. Ici, à côté des platines, il y a Simon Bomans, qui prépare du boudin. Et un public, ravi, qui en redemande.

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 » J’ai profité de la restructuration de mon entreprise pour changer de vie  »

Daniel Lessire, vingt-cinq ans comme trader, désormais à la tête de la brasserie artisanale Millevertus.

Changer de vie : ils ont tout plaqué pour faire le métier de leur rêve
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Au départ, rien ne prédestinait Daniel Lessire à devenir brasseur, il était même plutôt un amateur de vin. Lors d’un dîner, celui qui exerce le métier de trader depuis vingt-cinq ans goûte cependant une bière artisanale, et sa réorientation de carrière sonne comme une évidence.  » Avec le temps, mon activité devenait usante, je sentais que j’étais arrivé au bout de mes compétences. J’ai donc profité de la restructuration de mon entreprise pour changer de vie.  » L’homme se documente, cherche des stages d’initiation et des formations auprès de professionnels.  » Ce fut une étape difficile, car beaucoup ne voulaient pas m’aider, par peur de la concurrence.  » En 2004, il élabore sa recette, fabrique son propre matériel avec l’aide de son entourage et crée sa brasserie, Millevertus, située à Breuvanne, en Gaume.  » J’y produis mes boissons grâce à la première chaudière à vapeur d’Europe. Un quotidien bien différent de mon ancienne existence, mais c’est ma décision, je n’ai aucun regret « , confie celui qui ne cesse de développer son entreprise et a, pour ce faire, engagé deux apprentis.

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C.M.

 » On sait pourquoi on est là « 

Tiffany Coune a lancé Farci, un concept d’épicerie, traiteur et petite restauration.

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© sdp

Elle s’imaginait travailler dans le droit d’auteur et de la propriété intellectuelle, mais à peine diplômée, Tiffany Coune se rend compte que la fonction est assez administrative et maigre en relations humaines. Perdue, la Bruxelloise bosse plus de deux ans pour une grosse société américaine, spécialisée dans le recrutement. Un système concurrentiel et déshumanisant.  » J’ai senti que je perdais de plus en plus contact avec qui j’étais.  » Passionnée depuis toujours par la cuisine, elle se donne un an pour creuser le sujet. Ses amis la chambrent un peu en lui disant qu’elle va jouer à la dînette. Qu’à cela ne tienne, elle forge son expérience, s’initie aux différentes facettes du métier, que ce soit pour le traiteur Chou de Bruxelles ou Les Filles – Plaisirs culinaires. Vient ensuite le temps de sauter le pas, en avril 2016. A côté de la place Saint-Job, elle ouvre Farci, tout à la fois épicerie et comptoir, avec des légumes farcis à la carte.  » J’ai retrouvé le côté authentique, le plaisir des choses simples, l’échange avec les gens et la matière, la place laissée à la créativité…, confie celle qui se sent à nouveau en phase avec elle-même. Même si on n’est pas épargnés par les erreurs, la trame de fond est posée. On sait pourquoi on est là.  »

www.farci.be

 » Chaque meuble procure une grande satisfaction  »

Martin Sikkink a préféré la menuiserie sur mesure à une carrière d’ingénieur de gestion.

Changer de vie : ils ont tout plaqué pour faire le métier de leur rêve
© sdp

C’est une petite chanson, qui allait et venait. Qui disait que les études universitaires et la carrière classique n’étaient pas forcément faites pour lui. Pourtant, au moment de choisir sa voie, Martin Sikkink opte pour un diplôme en ingénieur de gestion. Par dépit, c’est vrai. La gestion, c’est bien, cela mène à tout. Et puis, familialement et culturellement, difficile de prendre des chemins de traverse. Ses débuts en corporate banking confirment à cet élève brillant que ce n’est pas pour lui.  » Trop hiérarchisé, trop procédurier. Tu n’es qu’un rouage.  » Résultat, le jeune homme se fait virer après six mois.  » Pas très drôle, mais c’était l’occasion de me poser les vraies questions.  » Devenir menuisier n’était pas un rêve de gosse, mais être indépendant lui plaît, l’aspect construction et la matière du bois aussi. En trois semaines, il se trouve une formation et suit des cours en alternance, avant de se lancer en juin 2009.  » Je ne regrette pas du tout mon choix. Chaque étape du travail réalisé est sans commune mesure avec ce que j’ai pu faire précédemment. N’importe quel meuble bien fait procure une grande satisfaction. C’est une chance « , apprécie celui qui grince néanmoins des dents pour ce qui est de bien gagner sa vie et de faire une croix sur les congés payés et autres avantages du salarié.

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 » Écouter une envie enfouie  »

Simon Bomans, de la place financière au Boudin Room, qui allie boucherie et musique.

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 » Quand tu es juriste, on attend de toi que tu fasses une carrière, pas que tu deviennes un jour boucher.  » Simon Bomans s’exécute. Débuts express comme avocat. Puis, direction le Luxembourg, où il travaille pour une société qui gère des fonds d’investissement. Visant plus haut, il postule auprès d’une banque prestigieuse, comme analyste légal en marché financier.  » Je ne connaissais rien en finances, dans ma tête, cela en jetait.  » Jusqu’à ce jour de juin 2016, où il annonce à son boss qu’il prend un 4/5e, pour suivre une formation et devenir boucher. Une envie enfouie, qui refait surface, même si elle est fantasmée.  » J’adorais manger, mais je ne cuisinais pas des masses.  » Qu’importe, les risques sont faibles, puisqu’il ne démissionne pas.  » Ma condition de cadre sup’ et le fait de pouvoir m’acheter un écran plasma et plein de baskets ne me suffisaient plus.  » Il s’agit désormais de sublimer un produit, de pouvoir offrir de la viande de qualité sans prix surfait, de contacts et d’authenticité. Pas question pour autant d’imaginer une boucherie à l’ancienne. En attendant d’avoir son point de vente, le trentenaire se distingue avec son Boudin Room, inspiré de la Boiler Room, où des DJ sets sont retransmis en direct sur Facebook. Ici, à côté des platines, il y a Simon Bomans, qui prépare du boudin. Et un public, ravi, qui en redemande.

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 » J’ai profité de la restructuration de mon entreprise pour changer de vie  »

Daniel Lessire, vingt-cinq ans comme trader, désormais à la tête de la brasserie artisanale Millevertus.

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Au départ, rien ne prédestinait Daniel Lessire à devenir brasseur, il était même plutôt un amateur de vin. Lors d’un dîner, celui qui exerce le métier de trader depuis vingt-cinq ans goûte cependant une bière artisanale, et sa réorientation de carrière sonne comme une évidence.  » Avec le temps, mon activité devenait usante, je sentais que j’étais arrivé au bout de mes compétences. J’ai donc profité de la restructuration de mon entreprise pour changer de vie.  » L’homme se documente, cherche des stages d’initiation et des formations auprès de professionnels.  » Ce fut une étape difficile, car beaucoup ne voulaient pas m’aider, par peur de la concurrence.  » En 2004, il élabore sa recette, fabrique son propre matériel avec l’aide de son entourage et crée sa brasserie, Millevertus, située à Breuvanne, en Gaume.  » J’y produis mes boissons grâce à la première chaudière à vapeur d’Europe. Un quotidien bien différent de mon ancienne existence, mais c’est ma décision, je n’ai aucun regret « , confie celui qui ne cesse de développer son entreprise et a, pour ce faire, engagé deux apprentis.

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