Faites-moi ouïr! Cinq choses à savoir sur l’ASMR, la relaxation 3.0

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Froissement, murmure, tapotement… Autant de sons propres à l’ASMR, technique de relaxation tout droit débarquée de la Toile. Ses adeptes prétendent qu’elle pourrait même conduire à « l’orgasme cérébral ». Ce qu’il faut en savoir, en 5 faits surprenants.

C’est une tendance générationnelle

Si la pratique existe depuis 2008, elle a réellement trouvé son public il y a peu. L’ASMR, de l’anglais Autonomous Sensory Meridian Response, que l’on peut traduire par « réponse autonome sensorielle culminante », consiste en une série de stimulations sonores et visuelles visant à provoquer un état de relaxation complet et qui séduit particulièrement la Toile. Avec des dizaines de milliers de vidéos sur YouTube, comptabilisant souvent des millions de vues, cette méthode a su se forger une place de choix sur la scène numérique. Chuchotements, masticage d’aliments, brossages de cheveux ou découpes de savon, voici un bref panel des thèmes exploités. Les plus fervents adeptes? Les Millennials, comme Iona, 15 ans. « Au départ je trouvais ça bizarre d’écouter quelqu’un manger, avoue-t-elle. Mais ensuite, je suis tombée sur d’autres genres de films, tels que le tapping (NDLR: qui consiste à tapoter un micro du bout des doigts) et j’ai vraiment aimé. Ça m’aide à m’endormir alors qu’habituellement je prends toujours beaucoup de temps pour y parvenir. C’est devenu un rituel que je fais presque tous les soirs. »

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La voix a une influence

Dans l’univers de l’ASMR, où le vidéaste s’adresse continuellement aux spectateurs, la parole revêt une importance particulière, que l’on oublie bien souvent au profit des bruits répétitifs enregistrés. Bernard Harmegnies, président-fondateur de l’Institut de recherche en sciences et technologies du langage de l’UMons, justifie: « On a récemment démontré que certains types de rythmes cérébraux peuvent être influencés par les sons de parole que nous percevons. Par exemple, en modifiant notre débit, on va influer sur les connexions cérébrales de notre interlocuteur. » Cette méthode est d’ailleurs utilisée dans le domaine de la sophrologie, avec le terpnos logos, une technique vocale aussi connue sous le nom de « parole-qui-soigne ». Selon l’Institut Cassiopée, centre de formation français spécialisé dans le domaine de la thérapie et du bien-être, elle est utilisée par le praticien qui « sans être affective, va induire la confiance, le relâchement et l’apaisement du patient par un rythme régulier, sans inflexions trop marquées ».

Elle a un impact sur l’humeur…

Bien qu’à l’heure actuelle, aucune recherche scientifique rigoureuse ne permette d’attester de l’efficacité de l’ASMR, une étude menée en 2015 par deux psychologues de l’université de Swansea, au Royaume-Uni, irait dans ce sens. Sur les 475 participants, 98% d’entre eux déclarent que « cette pratique a un effet positif sur leur humeur, et ce jusqu’à trois heures après l’expérience ». 8 répondants sur 10 affirment également utiliser ces vidéos pour trouver le sommeil et 7 sur 10 estiment que cela les aide à gérer leur stress au quotidien. A l’instar de l’hypnose, l’impact serait toutefois variable selon les individus. En septembre 2017, Pierre Lemarquis, neurologue spécialisé dans les conséquences de la musicothérapie sur le cerveau, déclarait au site du journal Le Temps: « Tout le monde n’est pas réceptif à ce genre de stimuli. Il s’agit d’un phénomène qui s’apparente à de la suggestion, ce qui suppose une capacité à lâcher prise, à rêver et à développer son imagination. » Rien de surprenant donc à ce que d’autres ne puissent supporter ces chuchotements plus d’une poignée de secondes.

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Elle mènerait à l’orgasme cérébral

Nous avons déjà probablement tous ressenti ce qu’un bon morceau de musique pouvait provoquer en nous, en termes de relâchement. Dans le cadre de l’ASMR, certains aficionados vont jusqu’à évoquer un orgasme cérébral. Ainsi, toujours selon l’étude menée en 2015, ce phénomène se traduirait par « une sensation de picotements qui provient typiquement de l’arrière du cuir chevelu et qui progresse le long de la ligne de la colonne vertébrale et, parfois, vers les épaules. » Iona, quant à elle, parle de « frissons ressentis à l’intérieur de la tête. Mais c’est selon les jours. Si je regarde trop de vidéos du même style, l’effet finit par s’estomper et je dois aller chercher d’autres déclencheurs. »

Elle suscite la polémique

A la mention d’un possible « orgasme cérébral », il n’est pas étonnant que des profanes prêtent des intentions sexuelles à une méthode encore obscure sur bien des points. Il y a près d’un an, le bureau chinois de lutte contre la pornographie avait d’ailleurs fait part de sa décision de rayer ces clips des plates-formes du pays. D’après Bernard Harmegnies, il s’agirait plus d’un lien d’articulation que d’un lien causal: « Ce sont des connotations de l’ordre de l’intimité, il y a la voix chuchotée et la proximité par rapport au capteur. Et, dans la réalité, les seules situations similaires ont lieu au cours d’une relation très intime, dans une proximité physique avec une autre personne. » Selon une étude de 2018 de l’université de Sheffield, l’ASMR permet même, à l’inverse du sexe, de réduire le rythme cardiaque. De quoi piquer la curiosité des plus récalcitrants…

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