Travailler en famille, la bonne idée?

© Frédéric Raevens

Quel patron de société ne rêve pas de voir l’un de ses rejetons prendre sa succession ? Mais dans ce cas, les relations professionnelles peuvent très vite être dominées par l’affect. Pour éviter le clash, il faut fixer quelques règles.

Une collaboration entre père et fils (ou de plus en plus souvent fille) semble a priori naturelle, en particulier dans les petites boîtes artisanales, qui représentent souvent l’oeuvre d’une vie que le patron espère transmettre à l’un de ses descendants au moins. Mais ce n’est pas si simple.  » Il y a d’importants enjeux affectifs qui ne doivent pas déborder dans le cadre du travail « , note le psychiatre et consultant Jacques-Antoine Malarewicz, auteur d’un ouvrage sur la question (Affaires de famille : comment les entreprises familiales gèrent leur mutation et leur succession, par Jacques-Antoine Malarewicz, édition Village Mondial). Au risque de secouer gravement les relations familiales et professionnelles, et de menacer du même coup la pérennité de l’entreprise.

Heureusement, le scénario du pire n’est pas le plus fréquent. Une étude menée en France sous l’égide de l’Institut d’administration des entreprises de Paris montre que les sociétés familiales sont plus rentables et pérennes que les autres. Plusieurs raisons à cela. Le lien qui unit les membres de la tribu par rapport à cette entreprise dans laquelle ils s’investissent plus que s’ils n’étaient que de simples salariés. L’importance plus grande accordée à la survie de l’affaire et à sa transmission aux générations futures plutôt qu’à la nécessité de générer des revenus à court terme. Mais aussi une gestion plus humaine, plus souple et consensuelle que la moyenne, vu les relations de proximité qu’entretiennent les dirigeants.

Le consultant Laurent Weerts n’est toutefois pas si optimiste. Petit dernier d’une fratrie de cinq, il a lui-même souffert de voir son père céder sa propre société à un tiers. C’est ce qui l’a poussé, en 2006, à créer l’IEF (www.institutentreprisefamiliale.be).  » L’émotionnel est très présent dans les relations père-fils au sein des entreprises, constate-t-il. Céder son entreprise ou ses actions, c’est facile, il suffit d’un acte notarié et il existe de nombreux incitants fiscaux. Partager son savoir, c’est plus difficile, mais ça se passe généralement bien. Mais en ce qui concerne le pouvoir et le contrôle, c’est une autre affaire. C’est là, le plus souvent, que le bât blesse. « 

Par Philippe Camillara

>>> La suite de cette enquête et le témoignage de pères et fils qui ont osé l’aventure dans Le Vif Weekend Spécial Homme de ce 15 mai 2015.

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