Design au long cours, London-Kaboul

Ou quand un grand hôtel londonien ouvre une de ses chambres à la créativité d’artisans designers afghans.

Les histoires en provenance d’Afghanistan n’ont, hélas que très rarement, des accents d’optimisme. Pourtant, en dépit des attaques répétées perpétrées par les talibans, des hommes et des femmes continuent à se battre sans armes pour la reconstruction de leur pays.

Depuis 2006, la Turquoise Mountain Foundation, créée et soutenue par le prince de Galles, enseigne à de jeunes apprentis les techniques traditionnelles d’ébénisterie, de poterie, de bijouterie ou de maître verrier. En moins de trois ans, les 350 personnes employées par la Fondation ont oeuvré à la restauration de quelque quarante bâtiments de Kaboul.

Séduit par leur savoir-faire, le designer Guy Oliver, en charge du relooking de l’hôtel The Connaught, à Londres, a voulu leur offrir une vitrine internationale dans ce bastion légendaire du chic britannique.

Alors que le reste de l’hôtel privilégie le design contemporain, le mobilier de la chambre 518, rebaptisée The Prince’s Lodge, a été créé sur mesure par les jeunes artisans afghans. La pièce, dont l’atmosphère rappelle celle des vieux manoirs nichés dans la campagne anglaise, s’habille de délicats panneaux de chêne sculptés et de cabinets en noyer.

Mais dès l’entrée, c’est le lit à baldaquin, construit selon des techniques vieilles de plus de 100 ans, qui attire le regard. Face à lui, deux liseuses ornées de paons sculptés et encastrées dans l’embrasure des fenêtres surplombant Mayfair invitent à la rêverie. Une bulle vintage, pourtant furieusement tendance.

Collectionneurs et experts du monde du design s’entendent désormais pour dire qu’il faut à tout prix revaloriser les savoir-faire d’autrefois. L’artisanat afghan, plus que tout autre peut-être, se doit d’être sauvé de l’oubli.

Isabelle Willot

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