La contraception à la loupe pour mieux la choisir

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Les moyens de contraception fiables ne manquent pas, et choisir n’est pas toujours facile. D’autant plus que les choses changent: si la pilule reste en tête des ventes, elle pourrait bien être bientôt détrônée par le stérilet.

Il fut un temps où les mots « pilule » et « moyen de contraception » étaient synonymes. Faire l’amour sans faire d’enfant ? Seule la pilule pouvait le garantir. Pendant des années, elle n’a eu aucun concurrent. Ce n’est qu’aujourd’hui, elle perd doucement sa place de numéro un : en 2004, 85 % des femmes qui utilisant un moyen de contraception prenaient la pilule. En 2015, elles n’étaient plus que 77 %, et les chiffres ne cessent de diminuer. Selon Katrien Vermeire, spécialiste de la contraception chez Sensoa, le centre d’expertise pour la santé sexuelle en Flandres, « Le champ des possibles a été très limité pendant de nombreuses années. Il y avait la pilule, le préservatif et le stérilet, et c’était tout. Au cours des dix dernières années, de nouvelles techniques ont fait leur apparition, comme l’anneau vaginal, le timbre contraceptif ou l’implant. Depuis, on remarque un recul de la pilule sur le marché. Mais ne nous y méprenons pas : elle reste en tête, même auprès des jeunes. »

Cancer, libido et kilos

La pilule a, depuis toujours, fait l’objet de critiques. Tout d’abord, on l’a accusée de faire prendre du poids : certaines femmes clamaient qu’elles avaient grossi à cause de leur traitement contraceptif. Cette accusation n’est plus trop d’actualité aujourd’hui. « Sauf chez les adolescentes qui la prennent pour la première fois », précise Katrien Vermeire. Ces derniers temps, elle est surtout sous les feux des projecteurs pour ses autres effets secondaires, comme la perte de libido. De nombreuses femmes témoignent sur leur blog ou sur les réseaux sociaux et expliquent qu’elles se sentent libérées et qu’elles profitent enfin de leur vie sexuelle depuis qu’elles ont arrêté leur traitement. Eline (31 ans) a abandonné la pilule il y a environ six mois : « Je suis en bonne santé, et je fais attention à ce que je mange. Avaler ce petit comprimé tous les jours ? Cela n’avait plus de sens. En ce qui concerne ma libido, ma vie sexuelle est plus épanouie, mais c’est peut-être aussi dû au fait que j’écoute enfin mon corps. »

« Rien ne sert d’être inquiet. Il y a plus d’avantages que d’inconvénients. »

Qu’en est-il de ce présumé lien entre pilule et baisse du désir sexuel ? Selon le professeur Johan Verhaeghe, gynécologue à l’hôpital universitaire de Louvain, « la pilule limite la sécrétion de la testostérone, ce qui peut faire baisser la libido chez certaines. Pourquoi ce n’est pas le cas pour tout le monde ? Impossible de l’expliquer pour l’instant. Mais ce qui est certain, c’est qu’une partie des femmes prenant la pilule sont touchées par ce problème. Cependant, il ne faut pas être fataliste : avec leur médecin, elles peuvent chercher une alternative. Il suffit parfois d’opter pour un moyen de contraception qui ne contient que de la progestérone, comme le stérilet hormonal, ou pour une pilule moins chargée en hormones. »

Et le risque de thrombose et de cancer ? La réponse du docteur Verhaeghe : « La pilule est un moyen de contraception fiable et sûr, mais elle n’est pas sans risques (même s’ils sont limités). Elle fonctionne comme amplificateur, elle peut accélérer une prédisposition génétique. Par exemple, s’il y a eu plusieurs cas de cancer du sein dans votre famille, le risque que vous en développiez un augmente de 1,25 % lorsque vous prenez la pilule. Pour le cancer du col de l’utérus, le risque est multiplié par deux, et il augmente légèrement en ce qui concerne les thromboses et les caillots. Sur un échantillon de 100 000 femmes ne prenant pas de moyen de contraception médicamenteux ou prenant une pilule contenant uniquement de la progestérone, on remarque cinq à dix cas de thrombose. Sur un même échantillon, mais cette fois-ci de femmes prenant la seconde génération de pilule, le nombre de thromboses double. Toutefois, cet allié quotidien réduit les risques de développer un cancer ovarien, utérin ou colorectal. Pas d’inquiétude donc. Il y a plus d’avantages que d’inconvénients. »

L’anneau, la nouvelle star

Si la pilule perd du terrain, c’est entre autres dû à l’arrivée de l’anneau vaginal. Son principal avantage : pas besoin d’y penser tous les jours et de paniquer en cas de vomissements ou de prise d’antibiotiques. Et vous pouvez arrêter à tout moment. Selon Katrien Vermeire : « Cet anneau en plastique à insérer une fois par mois à l’intérieur du vagin renferme un mélange d’hormones semblable à celui de la pilule. Aujourd’hui, il est même disponible avec applicateur, comme pour les tampons, car les fabricants ont remarqué que les jeunes filles ont souvent des difficultés à bien le placer. »

La popularité de cette méthode est également liée à la quantité restreinte d’hormones qu’elle contiendrait. « C’est un argument de vente », explique le professeur Verhaege, « Oui, le dosage est plus faible que pour la pilule, mais des études ont prouvé que le corps absorbe autant voire plus d’hormones avec cette technique. L’anneau et son semblable, le patch, sont des solutions intéressantes pour un certain groupe de patients qui ont entamé un traitement contre l’obésité et chez qui la pilule est alors moins fiable. »

Stérilet, oui ou non ?

Depuis une quinzaine d’années, l’implant hormonal est un autre moyen contraceptif sans contrainte quotidienne. Après le placement de cette petite tige dans l’avant-bras, la protection dure trois ans. Johan Verhaege précise : « L’implant a connu un regain d’intérêt depuis que les méthodes d’application ont changé. Aujourd’hui, il s’agit d’une simple injection sans effets indésirables. De plus en plus de patientes lui font donc confiance, mais on ne pas encore dire qu’il est ‘populaire’. Il faut quand même accepter de se faire implanter un petit objet dans le bras. »

« Les centres d’avortement me disent souvent que des femmes sont tombées enceintes, car leur « contraception » était une application sur smartphone. »

Celui qui fait presque l’unanimité chez les femmes ne prenant pas la pilule, c’est le stérilet. Les trois quarts d’entre elles optent pour cette solution et la plupart du temps pour le stérilet hormonal dont la durée de vie est d’environ cinq ans. « Le stérilet hormonal, tout comme l’implant et la piqûre anticonceptionnelle, appartient au groupe des moyens contraceptifs réversibles de longue durée, qui ne contiennent que du progestatif (un dérivé de la progestérone). Le principal inconvénient de ces méthodes est qu’elles rendent les menstruations moins régulières et moins prévisibles. Avec un stérilet hormonal, les règles peuvent être réduites, voire disparaître complètement. Mais des saignements inattendus ne sont pas à exclure. »

Les jeunes filles choisissent de plus en plus cette technique. « C’est un phénomène récent », déclare Katrien Vermeire, « pendant des décennies, on a pensé que le stérilet n’était pas conseillé pour les femmes qui n’ont pas encore eu d’enfant. Ce n’est plus le cas. L’application est peut-être plus compliquée pour le gynécologue et un peu plus douloureuse pour la patiente, mais les contre-indications s’arrêtent là. »

La contraception à la loupe pour mieux la choisir
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Johan Verhaeghe ajoute que « pour rendre les stérilets plus accessibles pour une population plus jeune, des versions avec un dosage moins puissant ont fait leur apparition sur le marché. Auparavant, il n’existait qu’une marque : le Mirena. Celui-ci limite les menstruations, ce qui peut paraître contre nature pour certaines, et exacerbe l’acné. Ce n’est plus le cas de la nouvelle génération disponible aujourd’hui. »

Le facteur financier joue-t-il un rôle dans le choix d’un moyen de contraception ? « Pour les plus défavorisées, oui. Si vous avez du mal à boucler vos fins de mois et qui vous devez payer 150 euros pour un stérilet, ce n’est pas un choix facile », explique Katrien Vermeire.

Feu vert ou rouge

Une contraception sans hormones ? Le choix est un peu plus limité. Si la stérilisation n’est pas une option, il vous reste le stérilet en cuivre et le préservatif. « Les méthodes naturelles comme celle du calendrier ou de la prise de température ne sont pas conseillées. Si vous les combinez, la fiabilité augmente, mais cela vous demandera beaucoup de motivation et de temps », déclare Katrien Vermeire, qui évoque également les applications et les moyens technologiques qui apparaissent en masse sur le marché et qui sont souvent perçus à tort comme les « nouvelles méthodes de contraception ». Ces applis prédisent votre période de fertilité en fonction de votre température, qui augmente légèrement après l’ovulation et vous donne alors un feu vert, orange ou rouge pour avoir des relations sexuelles non protégées.

Les méthodes naturelles comme celle du calendrier ou de la prise de température ne sont pas conseillées.

« Ne vous y fiez pas », nous dit Katrien Vermeire, « Votre température dépend de nombreux autres facteurs. « J’ai souvent des commentaires de centres d’avortement qui me disent que des femmes sont tombées enceintes, car leur « contraception » était une application sur smartphone. Ces technologies doivent uniquement servir à garder un oeil sur votre cycle. » Elles peuvent également être utiles si vous désirez tomber enceinte, comme Anneleen (39 ans) : « Mon cycle est irrégulier et je ne savais jamais quand j’étais fertile. L’application m’a aidé à trouver le bon moment : quand le feu passe au rouge, c’est parti ! »

La contraception à la loupe pour mieux la choisir
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Bien d’autres avantages

Si la contraception sert avant tout à limiter les risques de grossesse non désirée, elle peut également avoir d’autres utilisations. Le préservatif, par exemple, elle l’unique moyen de se protéger des maladies sexuellement transmissibles. La pilule peut aussi être prescrite en cas de règles douloureuses, d’acné, de chute de cheveux, de migraine hormonale ou d’endométriose. Tineke (44 ans) prend la pilule depuis des années pour contrer les symptômes du syndrome prémenstruel (SPM) : « L’an passé, quand j’ai arrêté mon traitement, je me suis très vite rappelée des raisons pour lesquelles mon gynécologue me l’avait conseillé. La semaine précédant mes menstruations, je souffre de maux de tête, d’idées noires et de sautes d’humeur incontrôlables. Comme je ne voulais plus reprendre la pilule, j’ai tenté le stérilet hormonal, qui fonctionne parfois en cas de SPM. Ce n’est pas le cas pour moi. Tout comme les dizaines de compléments alimentaires et autres produits naturels que j’ai testés. Depuis quelques mois, j’ai un anneau vaginal, et pour l’instant, l’essai est concluant. »

« Les moyens de contraception contenant uniquement de la progestérone fonctionnent moins bien chez les femmes qui vivent des menstruations compliquées ou des crises d’acné. La pilule classique leur convient mieux », confirme le docteur Verhaege, « C’est également le cas de celles chez qui la ménopause s’installe ou qui souffrent de variations d’humeur importantes. Les oestrogènes présents dans la pilule stabilisent l’humeur durant l’entièreté du cycle. Certaines patientes qui prennent la pilule se plaignent toutefois de sentiments dépressifs, voire montrent des signes réels de dépression. Cela peut être dû aux variations trop fortes du taux d’hormones. Généralement, changer de traitement résout ce problème. »

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