Les avocats de Weinstein demandent son acquittement

Harvey Weinstein © Belga

Les avocats d’Harvey Weinstein ont appelé jeudi les jurés à acquitter l’ex-magnat d’Hollywood accusé d’agressions sexuelles, même si c’est « impopulaire » à l’ère du mouvement #MeToo, après trois semaines de procès où les notions de contrainte et consentement de ses accusatrices ont paru souvent brouillées.

Dans sa plaidoirie finale de plus de quatre heures, Donna Rotunno, principale avocate de M. Weinstein, a accusé les procureurs d’avoir créé « un univers alternatif » dans lequel le producteur aux plus de 80 Oscars s’attaquait à de jeunes actrices, sans fournir les preuves de la culpabilité de celui qui a donné naissance malgré lui au mouvement #MeToo.

« Il était innocent quand il a franchi cette porte. Il était innocent quand les témoins ont commencé à déposer. Et il est innocent, assis devant vous maintenant », a-t-elle lancé aux 12 jurés du tribunal de Manhattan.

« Les médias ont fait du zèle, l’accusation a fait du zèle (…) Vous êtes appelés à prendre une décision impopulaire » et à « ignorer l’agitation » médiatique autour de ce dossier, a souligné l’avocate, qui a jusqu’ici obtenu l’acquittement de la quasi-totalité des hommes accusés d’agression sexuelle qu’elle a défendus.

« Ne laissez jamais vos émotions brouiller votre réflexion. Utilisez votre bon sens new-yorkais, il vous mènera à la bonne réponse », a-t-elle ajouté.

Le producteur de 67 ans, qui fut le premier à découvrir le talent de Quentin Tarantino et produisit des succès comme « Shakespeare in Love » ou « The Artist », risque la perpétuité en cas de condamnation. Il nie les faits et assure que toutes ces relations étaient consenties.

Six femmes ont, depuis le 22 janvier, témoigné pour l’accusation, affirmant que l’ex-magnat d’Hollywood, devenu un paria pour l’opinion publique, les avait sexuellement agressées.

« La vérité laisse des traces »

Si M. Weinstein a été accusé de harcèlement ou d’agression sexuelle par plus de 80 femmes depuis octobre 2017, son avocate Donna Rotunno a cependant rappelé aux jurés qu’il n’était jugé à New York que pour deux agressions présumées: un viol supposé sur une aspirante actrice, Jessica Mann, en 2013, et un cunnilingus forcé sur une ex-assistante de production, Mimi Haleyi, en 2006.

Or dans ces deux cas, la notion-clé de consentement s’avère plus floue que dans la plupart des procès pour agressions sexuelles.

Les deux femmes ont en effet reconnu au cours du procès avoir eu avec M. Weinstein au moins un rapport sexuel consenti après l’agression supposée.

Donna Rotunno a à maintes reprises jeudi fait référence aux nombreux courriels et textos semblant montrer que les accusatrices étaient restées en bons termes avec le producteur après leur agression présumée.

« La vérité laisse des traces », a affirmé Mme Rotunno, appelant les jurés à examiner « les preuves en temps réel » plutôt que de croire à un monde imaginaire où les femmes n’auraient « aucun libre arbitre ».

Dans le monde des procureurs, « les femmes ne sont responsables ni des soirées où elles se rendent, ni des hommes avec lesquels elles flirtent…ni des emplois qu’elles veulent qu’on les aide à obtenir, » a-t-elle souligné, insinuant que les victimes présumées avaient utilisé M. Weinstein pour avancer leur carrière.

Elle s’est dite « désolée pour Jessica Mann », qui a maintenu avec M. Weinstein une relation amoureuse compliquée, de son propre aveu, plusieurs années après son viol présumé, et s’est effondrée lors de son contre-interrogatoire par la défense.

A en croire Mme Rotunno, elle a été manipulée par les procureurs.

L’avocate a aussi rappelé aux jurés qu’ils ne pouvaient condamner M. Weinstein que s’ils étaient certains de sa culpabilité « au-delà d’un doute raisonnable ».

Le producteur, en costume sombre et cravate, s’est montré souriant à la sortie du tribunal jeudi, visiblement ravi de la plaidoirie de Mme Rotunno.

Après la défense, c’est la procureure Joan Illuzzi-Orbon qui prononcera sa plaidoirie finale vendredi, avant le début des délibérations mardi.

Les jurés doivent arriver à un verdict à l’unanimité. En cas de désaccord, le procès serait annulé. L’accusation pourrait alors décider de tenter un nouveau procès — comme ce fut le cas pour la vedette de télévision Bill Cosby, accusé lui aussi d’agression sexuelle et condamné à l’issue d’un deuxième procès en avril 2018.

S’il était acquitté à New York ou si le procès était annulé, M. Weinstein aurait à répondre d’autres inculpations pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncées début janvier.

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