(Ana)chronique

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Orange is the new blonde. L’Histoire avec un grand  » H  » a souvent mené la vie dure aux roux – une façon pudique de dire qu’un implacable  » roucisme  » sévit un peu partout depuis des millénaires et qu’ils furent brûlés par milliers de l’Egypte antique au Moyen Age. Bien sûr, si avec le temps, on a fini par intégrer que cette facétie chromosomique n’était pas nécessairement synonyme de loup-garou, vampire, sorcière ou suppôt de Satan, la modernité a tranquillement perpétué l’image du roux martyr, le syndrome Poil de carotte – et l’arrivée du Net a aiguisé la lame de petits rigolos plus ou moins mal intentionnés, déterminés à se payer une tranche de LOL sur le dos des rouquins. Alors, quand une banque de sperme internationale recherche des donneurs roux pour faire face à une demande croissante, on peut se féliciter que la teinte maudite évoque désormais moins Judas que le prince Harry (photo) ou Jessica Chastain. Mais en se bornant à tenter de prédire si, oui ou non, la tendance survivra au prochain album d’Ed Sheeran, on risque de louper une partie intéressante du débat : celle qui se demande comment et pourquoi deux pour cent de l’humanité doit subir, au pire des persécutions sanglantes, au mieux, une vie de regards en coin et de blagues de merde – soit, en gros, encaisser ce que l’on ne tolérerait pour aucune autre minorité. Et sans faire d’histoires, qu’importe la taille du  » H « .

M.N.

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