» Portraits crachés « , par Jean-Pierre Verheggen, Le Somnambule équivoque , 89 pages.

 » Les Livres de ma terre « , par Michel Ragon, Omnibus, 1034 pages.

 » Carlier [libre] û Chroniques télé « , par Guy Carlier, Hors Collection, 286 pages.

 » La Plantation « , par Reinaldo Arenas, Mille et Une Nuits, 125 pages.

Coiffeur pour drames. Le trublion de Mazy a encore frappé ! Célébrant à sa manière nos 175 glorieuses, il portraiture, aux limites de la forfaiture, quelques-unes de nos gloires nationales, commençant par faire chanter Adamo en anglais et signant son escrime par la découverte d’une femme-tronc. Il épingle de Saint-Idesbald à Bastogne, cinglant en avant Toots, révélant le nouveau rapport Kim C. et disant Claus toujours à son détracteur Cheval. Du réalisme sûr. Il a même déniché un tableau inconnu de Magritte chez un restaurateur spécialisé dans les bouchées à l’arène. A lire d’une main de velours dans un gant de frères Dardenne.

Entre érudition et humanisme. Offrez ce volume, pour les confondre, à ceux qui confondraient volontiers terroir et régionalisme. Ragon y rassemble ses romans des années 1980, du touchant et autobiographique  » Accent de ma mère  » au nostalgique et tourmenté  » Cocher de Boiroux « . On relira également  » Les Mouchoirs rouges de Cholet « ,  » La Louve de Mervent « ,  » Ma s£ur aux yeux d’Asie « . Parallèlement, Albin Michel propose le Ragon nouveau :  » La Ferme d’en haut « . De quoi (re)prendre la mesure d’un homme de culture populaire, acquis peu à peu à la culture savante (il fut, dès les débuts, de l’aventure Cobra) sans jamais rien renier. Il serait temps de proposer un fauteuil d’académicien à cet homme si magistralement assis entre deux chaises.

D’humeur maligne. L’insolence est le sauf-conduit des romantiques. Elle est l’auréole de saint Guy Carlier dans  » Le Fou du roi  » et la bouée de sauvetage sans laquelle  » On ne peut pas plaire à tout le monde « , sur FR3, aurait continué de tutoyer la vase. Ce pourfendeur du tout-au-consensuel tire à vue sur les bévues et autres étalages de stupidité télévisuelle. Le cocktail Carlier ? Une part de Balasko, une de d’Artagnan, une d’Abdallah (celui d’Hergé).

Garanti pur sucre. Cuba, 1970. Les gaietés d’une plantation sucrière.  » Parfois un nègre ouvre les fourneaux et se jette tête la première dans la chaudière. Cela ne provoque aucune interruption ; après tout, le nègre peut passer pour du charbon de bois « . Dangereux contre-révolutionnaire, Reinaldo Arenas (1943-1990) fut emprisonné par le régime du  » Grand Cacique « . C’est dans un camp qu’il a composé ce chant de révolte, lapidaire et implacable.

M.E.B.

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