Dessiner ce que l’on voudrait dire

© ALFREDO ROSTGAARD, ICAIC DECIMO ANIVERSARIO, 1969 MAD PARIS

Il y a soixante ans, Fidel Castro renversait le régime de Fulgencio Batista, et l’événement marqua les débuts de l’âge d’or de l’affiche cubaine, état de grâce stylistique qui allait durer deux décennies, et auquel le Musée des Arts Décoratifs, à Paris, consacre sa nouvelle exposition. Mais si elle s’intéresse particulièrement à ce moment d’effervescence, la rétrospective remet en contexte toute cette foisonnante production, et entame son propos en revenant sur les balbutiements de la discipline, à la fin du XIXe siècle – et à l’époque, l’affichage ne revêt encore qu’une dimension purement commerciale, ayant pour seule vocation de vanter les mérites de produits d’exportation. Une tendance calquée sur la publicité alors en pleine explosion aux Etats-Unis, avec les encouragements du régime républicain, qui fut stoppée net en 1959, avec l’accession des forces castristes au pouvoir. Peu enthousiastes à l’idée de promouvoir l’american way of life, les autorités ont ainsi vu éclore une école d’affichistes talentueux, à qui s’offraient deux voies : la politique ou la culture. Et alors que l’on imagine bien comment s’est exprimé le premier versant, alimenté par les épisodes historiques, les grandes luttes et les figures héroïques, le second fut presque tout entier consacré à l’une des grandes passions des Cubains : le cinéma. Dans un pays où l’on doit solliciter la fameuse  » carta blanca  » pour quitter le territoire, le 7e art offre aux populations une fenêtre ouverte sur le monde – et à Castro un outil de masse pour mener à bien sa politique culturelle. Instrument de propagande, l’affiche doit aussi  » procurer du plaisir et éduquer à l’art « , et ses auteurs bénéficient d’une liberté inédite, s’inspirant de pop art, de psychédélisme ou de cinétisme, quand leurs homologues du bloc de l’Est sont soumis au réalisme socialiste. D’où l’incroyable explosion esthétique de ce patrimoine graphique méconnu, que les Arts déco vous invitent à découvrir à travers Affiches cubaines : révolution et cinéma, florilège de deux cent cinquante images où se raconte le destin d’une île.

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© ANTONIO REBOIRO – CORAZON SOLITARIO MAD PARIS

Affiches cubaines : révolution et cinéma, Musée des Arts Décoratifs, à 75001 Paris. https://madparis.fr. Du 31 octobre au 2 février prochain.

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© EDUARDO MUNOZ BACHS – ICHI Y LA FUGITIVA MAD PARIS
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© DIMAS (JORGE DIMASGONZALES LINARES, DIT) – 1 MAYO MAD PARIS

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