Barbara Witkowska Journaliste

Théoricienne du cinéma et boulimique d’images, la Liégeoise entame une nouvelle carrière au Centre culturel des Chiroux. Coiffée d’une double casquette de directrice de la Biennale de la Photographie et de coordinatrice du secteur des arts plastiques.

Une petite confidence pour commencerà  » Je suis une boulimique d’images, de photos, de vidéo et de cinéma, s’enthousiasme Anne-Françoise Lesuisse. Ce portrait que j’ai choisi pour Le Vif Weekend, réalisé par le plasticien et vidéaste liégeois Messieurs Delmotte, me représente ( NDLR : l’artiste a £uvré sur la base d’une photo d’elle enfant) et représente aussi ce que j’aime dans les images : un détachement des codes, le décalage et l’humour (même noir), l’effet de surprise, une légèreté qui n’est pas gratuite, qui pose même d’innombrables questions, un peu d’inconvenance peut-être et, enfin, de la poésie et de la sensibilité là où l’on ne les attend pas, là où elles prennent au dépourvuà  »

La 7e Biennale internationale de la Photographie et des Arts visuels (ou BIP2010), qui investira les lieux culturels phares de la Cité ardente et environs du 28 février au 25 avril prochain (*), est son premier  » bébé « . Comme toujours, ce grand rendez-vous artistique reflétera la création contemporaine en faisant parler les images tout en abordant une question de société.

La réflexion engagée ? Notre société est de plus en plus quadrillée par des mots d’ordre pour nous éviter les risques et les dangers. Ces diverses formes de contrôle veulent nous protéger en nous insufflant de la peur. Parallèlement, un excès de hasards et de chaos aboutit à la perte de contrôle. La tension permanente et la frontière ténue entre les deux sont au centre du travail d’une centaine d’artistes confirmés ou émergents, francophones et étrangers.

 » Ce qui me tient à c£ur c’est de montrer des expositions de qualité mais aussi d’ouvrir la Biennale à un public plus large, souligne Anne-Françoise. A partir de cette année, il y aura des installations urbaines pour amorcer la curiosité des passants, intriguer, étonner, voire déranger.  » D’autres nouveautés ? La Biennale 2010 adopte la transversalité en s’ouvrant à la vidéo et aux pratiques mixtes liées aux nouveaux médias et accentue sa dimension internationale en nouant, cette année, un important partenariat avec l’Allemagne.

L’exploration des images touche Anne-Françoise depuis longtemps. Née il y a trente-neuf ans dans la région liégeoise, elle est très vite attirée par l’art et la littérature. En 1990, lorsque l’université de Liège ouvre une section d’arts et de sciences de la communication, elle s’inscrit en première candi. C’est là que tout commence vraiment, par la découverte de l’histoire du cinéma (une révélation !) et l’envie de poursuivre dans cette voie.

Engagée comme chercheur au FNRS, elle entame sa thèse de doctorat avec pour thème  » le film noir dans le cinéma hollywoodien « . Après la publication du fruit de ses travaux, le contrat au FNRS prend fin et Anne-Françoise se retrouve sans emploi. Mais cet arrêt brusque correspond à son désir intime de quitter l’université. Histoire de ne pas couper les ponts avec  » les images en mouvement « , elle s’investit dans les événements liés à la diffusion de l’art vidéo.

S’ouvre alors une parenthèse de deux ans à La Zone, haut lieu de la culture punk à Liège. Anne-Françoise effectue des tâches de coordination, rédige des dossiers pour la Communauté française et donne un coup de main, ponctuellement, à l’équipe du centre culturel des Chiroux. Lorsque la place de directrice artistique de la Biennale de la Photographie et de coordinatrice du secteur des arts plastiques se libère, elle pose sa candidature et est embauchée. Entourée d’une équipe complice, elle souhaite apporter davantage de synergies et de cohérence entre la Biennale et les expositions d’arts plastiques. Pour contribuer à faire rayonner davantage la réputation de  » ville d’image  » de Liège.

(*) Programme complet sur www.bip2010.be

Barbara Witkowska

Ce que j’aime dans les images : de la poésie et de la sensibilité là où l’on ne les attend pas, là où elles prennent au dépourvuà

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