Un collier, un sac et aujourd’hui des sandales. Gérard Darel peaufine désormais ses silhouettes parisiennes de la tête aux pieds. Revue de détails avec Valérie Gerbi, directrice de la ligne accessoires maroquinerie.

Un bon début.  » Pour cette collection printemps-été 2009, notre point de départ était une vieille photo des années 1960, nous recherchions des imprimés à pois qui ne soient pas traditionnels. « 

Une méthode de travail.  » Prendre un appareil photo et shooter dans la rue – une fille qui passe, une dégaine, une attitude. Et puis se le raconter pour s’en inspirer. Avec l’équipe du studio, nous avons commencé à travailler comme ça et depuis, nous le faisons systématiquement. Aller sur le terrain, c’est ce qu’il y a de mieuxà « 

Des sandales nouvelles.  » Cela faisait un moment qu’on voulait lancer une petite ligne de chaussures griffées Gérard Darel, pour apporter un petit plus. Et puis c’est une suite logique à la maroquinerie lancée en 2004 et au prêt-à-porter. D’autant plus que, actuellement, l’offre est un peu difficile : soit on trouve de très jolies paires importables, soit elles sont mettables mais ne plaisent pas vraiment. Je rêvais de créer quelque chose à l’image de la collection, avec un soin apporté au confort, au choix de la matière – du cuir verni un peu froissé aux finitions. Nous avons travaillé la chaussure comme nous l’avions fait pour la maroquinerie : peu de modèles, une jolie déclinaison de couleurs (une dizaine), une cohérence dans les deux lignes proposées – des franges et des n£uds. Je voulais surtout qu’elles ne soient pas classiques. « 

Un sac à succès.  » Le sac Midday Midnight. Sa version 24 heures portée par Charlotte Gainsbourg a eu tellement de succès que la presse avait des velléités de l’appeler Le Charlotte ! Nos sacs ne sont pas tape-à-l’£il, c’est ce qui fait leur succès. Et ils sont aussi intemporels. On peut les porter, les ranger dans son armoire durant un an, les sortir à nouveau et en avoir toujours envie. Les femmes que je rencontre n’ont visiblement pas l’intention de s’en débarrasser. Pour l’été, nous avons imaginé une nouvelle version en cuir végétal, avec des coloris pastel, des vieux rose, des bleu lavande, un jaune banane. « 

Des people accros.  » Notre boutique du boulevard Saint-Germain, à Paris est extrêmement bien placée, juste à côté du Café de Flore. Et celle de Cannes aussi, rue d’Antibes. On y expose bien sûr nos sacs, durant le Festival du cinéma, beaucoup de stars y passent. Il y a des occasions, des rencontresà Il y a une spontanéité dans tout cela, personne n’est payé pour porter du Gérard Darel, ce sont de vrais choix. Angelina Jolie a eu ainsi un coup de foudre pour le sac en maille, nous avons eu l’occasion de lui envoyer notre look book, elle a aimé, surtout la fameuse robe longue, et voilà ! « 

Un collier très First Lady.  » Lors d’une vente aux enchères, en 1996, ma belle-mère, Danièle Darel achète un collier qui avait appartenu à Jackie Kennedy. Qui en est le créateur ? Mystère. Mais ce qui est sûr, c’est que la première dame américaine le portait lors de sa visite à Paris en 1961. C’était son collier porte-bonheur. Nous l’avons réédité. Et décliné dans toutes les couleurs, toutes les matières, même en bois. Dans Le Diable s’habille en Prada, Meryl Streep l’arborait en rouge. Et cet été, il se porte version sautoir.  »

Le vintage, avec regrets.  » J’aime faire les brocantes, chiner aux puces de Saint-Ouen, porte de Clignancourt, partout. Je suis attirée par les choses anciennes, les traditions, les draps brodés, les vielles nappes. Par ce raffinement que l’on ne trouve plus aujourd’hui et qui s’est hélas perdu. « 

Une robe pour l’été.  » Une robe longue, féminine, facile à porter, elle n’est pas envahissante. Dans le look book, elle est légèrement transparente, c’est joli, en boutique, elle est moins transparente, c’est tout aussi joli, mais plus portable. C’est une robe bustier, mais chez Darel, on pense toujours au côté pratique, elle a donc des bretelles. « 

Mamie Gummer, bis.  » Pourquoi elle, égérie pour la deuxième saison ? Pour surprendre un petit peu et parce que cela nous a paru évident de travailler avec cette jeune actrice au profil atypique, international. Et logique par rapport à Charlotte Gainsbourg qui représentait, elle, l’élégance parisienne et qui fut notre égérie de 2003 à 2008. Mamie est spontanée, pleine de charme, fraîche. Elle a un sourire magnifique, elle était amoureuse quand nous avons shooté la campagne, cela se voit à l’éclat de son visage. Et puis elle le fait avec plaisir, sans aucun caprice, elle n’a pas la grosse tête. « 

Un mur à Paris.  » Dans le studio, à Paris, rue Réaumur, il y a un panneau au mur. Chacun y ajoute régulièrement des images, des couleurs, des dessins, une couverture du magazine Vogue, une photo de Charlotte Gainsbourg qu’on aime, surtout cette façon unique de tenir sa cigarette entre ses lèvresà bref, tout ce qui nous inspire. Cela reste devant nos yeux. Pareil pour les imprimés. Les voir devant nous tous les jours et en avoir encore envie, c’est la preuve que l’on ne s’en est pas lassés. A côté, il y a une pièce remplies des vêtements vintage, c’est une belle source d’inspiration.  »

Telle mère, telle fille.  » Cela fait trois saisons que cette petite ligne pour les fillettes existe. Ce n’est pas une collection, mais plutôt les coups de c£ur de la maman, sans tomber dans le cliché mère fille habillées pareil. « 

Une différence assumée.  » Faire un vêtement pour qu’il soit juste joli, cela ne m’intéresse pas, j’ai besoin qu’une femme le porte, se sente bien dedans, qu’elle puisse bouger, sans être déguisée, être juste. Sinon cela ne sert à rien. « 

Propos recueillis par Anne-Françoise Moyson

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