Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Si même la pub s’y met, alors nous sommes peut-être sauvés. Car la dernière campagne pour l’Alfa 159 surfe précisément sur la vague naissante du biomimétisme. Avant de décortiquer le concept, voici donc l’image en question : une voiture étincelante laisse apparaître, en transparence, la colonne vertébrale d’un mammifère sous sa tôle d’acier. S’agit-il de l’ossature d’un humain ou celle d’un animal féroce ? Peu importe, car c’est la nature qui, en définitive, triomphe. Le slogan d’Alfa Romeo ne laisse d’ailleurs planer aucun doute à ce sujet :  » Inspirée du plus parfait mécanisme « . Autrement dit, le nec plus ultra de la technologie automobile trouve désormais ses racines au c£ur de la plus naturelle des mécaniques : le vertébré. Et le mouvement n’est pas près de s’inverser car c’est tout le rapport à l’environnement qui est aujourd’hui chamboulé. Sans verser dans l’écologie bon enfant, la tendance est en effet au biomimétisme, une discipline qui s’inspire des modèles de la nature pour la conception d’objets ou d’outils destinés à résoudre les problèmes humains. Bref, il ne s’agit plus d’utiliser uniquement la nature comme un simple fournisseur de ressources, mais bien d’être attentif à ce qu’elle peut nous apprendre réellement afin de revoir nos systèmes de production actuels. Observer pour s’inspirer. Comprendre pour imiter. C’est la journaliste scientifique Janine Benyus qui utilisa, la première, le néologisme  » biomimicry  » pour désigner cette nouvelle façon d’aborder la nature, repris ensuite en français sous le terme biomimétisme. Et c’est précisément pour encourager les populations à utiliser cette nature comme source d’information et d’innovation considérable que cette Américaine écrit aujourd’hui des livres pertinents, anime un site Internet audacieux ( www.biomimicry.net) et organise même des séminaires  » touristiques  » dédiés à la cause biomimétique (prochaine immersion au Costa Rica du 5 au 11 mars 2006). Folie douce d’une romantique esseulée ? Pas vraiment. Car tout autour du globe, cette propension à revoir l’architecture, le design ou encore la mécanique sous l’angle  » 100 % naturel  » gagne tout doucement ses lettres de noblesse. Entre un building à Harare (Zimbabwe) conçu sur le modèle d’une termitière pour optimaliser le système de régulation thermique (et donc pour économiser l’énergie), des systèmes microscopiques autopropulsés inspirés du mode de locomotion du spermatozoïde (idéal en terrain médical) ou encore cette maison flottante baptisée Jelly-Fish 45 et dessinée d’après la forme d’une méduse ( www.giancarlozema.com/jelly-page.htm), il est vrai que les applications de cette fusion entre la nature et la technologie se révèlent multiples, voire infinies. Curieux retournement de situation : alors que l’homme s’est évertué pendant des siècles à s’éloigner de la nature pour jouer à l’apprenti sorcier, le voici qu’il plante désormais ses plus fines inventions au c£ur même de son environnement millénaire : les mondes animal et végétal. Dans cette logique, certains utopistes vont même plus loin, imaginant des mondes parfaitement fusionnels où le savoir-faire humain et la nature inspirante grandiraient de concert, à l’instar de l’architecte Luc Schuiten, concepteur des  » cités archiborescentes  » où les matériaux de construction sont exclusivement des organismes vivants ( www.sfere.be/2150/). Son site vaut assurément le détour. Certes, nous n’en sommes pas encore là, mais avouez que cette symbiose biomimétique nous tire assurément vers le haut.

Frédéric Brébant

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