Ce je ne sais quoi, que d’autres superstars n’ont pas. A l’affiche de  » la  » fashion comédie de la rentrée, Isla Fisher est irrésistible. Drôle, piquante, elle ose rire d’elle-même comme personne. Rencontre exclusive à New York, à quelques heures de la première, avec une charmeuse hors catégorie.

Isabelle Willot

On a tous un jour connu ce frisson. Pas très agréable au demeurant. Au dos de l’enveloppe, il y a l’adresse de cet organisme de crédit qui met si gentiment ses fonds à notre disposition. Mais qui n’oublie jamais, à la fin du mois, de nous rappeler ce qu’on lui doit. Au bas de la facture : le montant. Toujours choquant. Conséquence de cette étrange amnésie qui semble frapper tous les accros de la carte plastique : aussitôt acheté, aussitôt oublié…

Passée professionnelle dans l’art du déni de shopping addiction, dans la catégorie déficit maxi, Rebecca Bloomwood, l’héroïne surendettée de Sophie Kinsella dont les aventures romancées se sont déjà vendues à plus de 11 millions d’exemplaires (lire page 80), a choisi New York pour terrain de jeu. Difficile de rêver mieux que cette ville concept store – où arborer le dernier it bag avant tout le monde tient du sport national – pour servir de décor à la version ciné très attendue de ces Confessions d’une accro du shopping. Pour adapter ce monument de chick lit qui s’annonce comme  » la  » fashion comédie de ce début d’année : que du lourd. Dans le milieu, le producteur, Jerry Bruckheimer, est surnommé  » Mr Blockbusters « . La trilogie de Pirates des Caraïbes, Les Experts, en télé, c’est lui. Etrangement Flashdance aussi. Qu’on aime ou pas ses choix – qui ont déjà rapporté à l’industrie du divertissement plus de 15 milliards de dollars (soit environ 12 milliards d’euros) -, son flair a peu d’égal.  » Isla Fisher, Jerry la voulait « , rappelle le réalisateur P.J. Hogan. Avant ce film, la jolie rousse, dont la carrière a débuté en Australie, n’avait jamais tenu le rôle principal d’une superproduction hollywoodienne.  » Pour incarner Becky, il fallait une fille prête à assumer le côté loufoque du personnage, les gags. Une fille capable de faire le pitre, d’être crédible en junkie du shopping, et en même temps de faire craquer le public instantanément, poursuit le cinéaste. Isla est tout cela à la fois. « 

Le clown de la famille

Celle que le très sérieux magazine Rolling Stone qualifiait dans sa critique – plutôt élogieuse pour un film de ce genre – de  » charmeuse de première classe « , est aussi pétillante à la ville qu’à l’écran. Le rire toujours au coin des lèvres, quand Ilsa esquive une question, c’est par une pirouette :  » Une séance d’interview, c’est comme une analyse chez le psy, mais gratuite ! Vous devez répondre à un tas de questions que vous ne vous êtes jamais posées sur vous-même et qui n’ont jamais traversé l’esprit de quiconque dans votre entourage.  » Et quand Isla se confie, c’est aussi pour amuser la galerie :  » Pendant ma grossesse, j’avais pris 30 kilos, vous imaginez. Jerry a envoyé un coach pour me faire perdre tout cela, le type voulait venir tous les jours, je lui ai dit « no way ». Je mangeais même des gâteaux en cachette, le gars ne savait plus quoi faire. Mais j’ai maigri. Messieurs, j’ai « la » méthode : allaitez votre bébé, il n’y a que cela de vrai.  »

Son sens de la répartie, elle l’a dans la peau, depuis l’enfance.  » Déjà, j’étais le clown de la famille, rappelle-t-elle. Mon père est un type franchement drôle, mes quatre frères aussi, il y a toujours eu de la concurrence à la maison quand il s’agissait de faire rire les autres ou de raconter des blagues. J’ai très vite compris que faire le pitre était le meilleur moyen de se faire des amis. « 

Pourtant, lorsqu’elle débute dans le métier, Isla Fisher cherche d’abord à décrocher des rôles dramatiques. Jusqu’à ce que l’homme de sa vie, le trublion britannique Sacha Baron Cohen, la pousse vers ce qu’il connaît le mieux : la comédie. Qu’une certaine presse la surnomme Mrs Borat ne la gêne pas du tout. Au contraire, elle assume.  » Je prends ça comme un compliment. Pour être un bon acteur comique, il faut être prêt à jouer les bouffons de service. Je n’ai aucun problème à taquiner la part de connerie qui sommeille en moi. « 

Un dangereux éventail

A l’écran, c’est clair, elle s’en donne à c£ur joie. Perchée sur des talons qu’elle a voulu trop hauts.  » Cette démarche définit Becky, ironise-t-elle. Vous pensez à elle, vous entendez ses escarpins qui claquent, tac, tac, tac, tacà Forcément hors de prix. Forcément importables et pas pratiques du tout.  » Des must-haves qui s’apparentent parfois à des prises de guerre, Rebecca n’hésitant pas à en venir aux mains s’il le faut pour s’emparer de la paire de bottes de ses rêves.  » Dès que Becky voit quelque chose qui lui plaît, c’est plus fort qu’elle, elle doit l’acheter, ajoute Isla Fisher. C’est de la passion à l’état pur. Il n’y a pas de petite voix intérieure qui lui donne mauvaise conscience.  » Et si pour passer à l’acte, elle doit remettre la main sur la carte de crédit qu’elle conserve dans un gros glaçon dans son surgélateur, ses stilettos lui serviront de pic à glace !

On l’aura compris, Isla n’est pas du genre à suivre le script sans broncher. Des idées, elle en a à la pelle –  » Un jour je passerai de l’autre côté de la caméra « , assure-t-elle – et sait trouver les mots qu’il faut pour les faire accepter.  » Un matin, Isla est venu me trouver en disant, tu sais P.J., Sacha trouve que je suis superdrôle quand je danse, se souvient P.J. Hogan. Elle n’a rien eu à ajouter ! J’en ai parlé à Jerry et Sophie Kinsella. Nous avons décidé de lui faire danser le danzon, une danse d’origine cubaine dans laquelle la femme utilise un éventail.  » Le genre d’objet qui, dans les mains d’Isla, devient une vraie mitrailleuse à gags, guest star de choix d’une scène de séduction en passe de devenir anthologiqueà

 » J’ai le sentiment que depuis le succès de Sex And The City, les patrons de studios ont enfin compris que oui, les femmes aussi vont au cinéma, à condition qu’il y ait à l’affiche un film qui leur parle « , insiste Isla Fisher. Mais faut-il pour autant que l’héroïne de ce genre de comédies soit presque toujours dépeinte comme une délurée immature, obsédée par ses fringues, à la recherche du mari parfait et donc forcément plein aux as ?  » Pour moi, Becky n’est pas seulement superficielle, se défend Isla Fisher. Je la vois comme quelqu’un qui n’a pas encore trouvé sa voie, son identité et c’est pour cela qu’elle attache tant d’importance à son apparence extérieure. J’essaie de ne pas trop juger mes personnages, les décisions qu’ils prennent. J’ai besoin de tomber amoureuse de la fille que j’interprète et Becky est adorable, aimable, optimiste. C’est aussi un rôle très physique et j’aime le comique de situation. Ses gaffes à répétition sont les ingrédients indispensables du genre : c’est une comédie où l’on cherche à faire rire avant tout. Il y a par ailleurs assez d’exemples de rôles de femmes fortes et brillantes au cinéma. Et d’actrices pour les interpréter.  »

Celle que P.J. Hogan compare sans hésiter à Julia Roberts – avec laquelle il a d’ailleurs travaillé sur le tournage d’une autre comédie romantique, Le Mariage de mon meilleur ami – s’amuse beaucoup à l’idée d’être un jour assimilée à une icône de mode.  » Cela me fait hurler de rire, s’esclaffe-t-elle. Quand je choisis un vêtement, c’est le confort qui prime avant tout. La mode ne m’intéresse pas. J’ai passé mon enfance à jouer au foot avec mes frères, j’étais un vrai garçon manqué. Au début, j’ai même eu un peu de mal avec les vêtements, mais je les ai vu finalement comme des costumes qui m’aidaient à entrer dans la peau de mon personnage. J’ai compris qu’il fallait que chaque accessoire crie à la face du monde : cette fille est une shopaholic !  »

Une fois le tournage terminé, Isla d’ailleurs n’a rien gardé de cette garde-robe de princesse. Pas même une paire d’escarpins.  » Cela n’évoquait plus pour moi qu’une succession de levers aux aurores !  » plaisante-t-elle. Ne comptez pas non plus sur elle pour discuter chiffons à la maison avec Sacha, qui pourtant s’est glissé depuis plusieurs mois dans la peau d’un drôle de fashionisto, alias Bruno, un journaliste de mode autrichien.  » Heureusement, nous avons d’autres choses à nous dire, esquive-t-elle. Bruno et Becky sont sûrement aussi compétents, à leur manière, l’un que l’autre. Mais si vous voulez mon avis, Rebecca Bloomwood a beaucoup plus de goût ! « 

Isabelle Willot

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