Depuis dix ans, le photographe français Jean-Michel Berts (Paris, 1959) traduit son émerveillement pour l’architecture des villes à la faveur de clichés esthétisants, baignés dans une lumière romanesque. La Young Gallery de Knokke expose son travail cet été.

PAR BAUDOUIN GALLER

Il est arrivé par hasard à la photo de ville en noir et blanc, au détour d’un voyage  » plus-cliché-tu-meurs  » avec sa fiancée. À Venise, donc. C’était il y a dix ans : la Sérénissime barbote dans l’aqua alta, la ville-musée a beau s’être fait portraiturer jusqu’à l’excès, Jean-Michel Berts ressent fortement cette ambiance particulière qui résiste à tous les cars de touristes. Il prend quelques vues en noir et blanc. Au tirage, c’est la révélation : désormais, il fera de la photo d’architecture. Un changement de cap radical. Car à l’époque, c’est lui qui le dit, il commence à sérieusement  » s’embourgeoiser  » dans son studio. Ancien assistant du grand photographe publicitaire des années 80 Daniel Podva, Jean-Michel Berts gagne à son tour une bonne réputation dans la pub. Il signe alors des natures mortes en couleur (parfums, joaillerie, horlogerie…) pour le compte de clients aussi prestigieux que Kenzo, Hermès, Cacharel, Dior…  » À Venise, j’ai ressenti une soudaine fascination pour l’architecture, pour sa beauté, pour les traces qu’elle laisse à travers les époques « , nous explique-t-il au téléphone depuis la campagne irlandaise où il vit désormais entre deux reportages urbains. Depuis lors, il n’a cessé d’arpenter les rues de la planète, de Tokyo à Paris, de New York à Istanbul pour, ose-t-il,  » rendre beau ce qui est déjà beau « . Une volonté de  » réactiver la faculté d’émerveillement  » face à ces décors quotidiens dans lesquels nous évoluons pressés, attaché-case sous le bras, mille projets dans la tête, le regard en berne. Baignés dans une lumière romanesque, les tranches de ville qu’il cadre à la faveur de longues pauses leur donnent leur texture irréelle. Une étrangeté renforcée encore par le fait que ces images sont réalisées au petit matin quand tout semble désert.  » Je ne suis pas allergique à l’humain, c’est juste une question d’atmosphère, celle de cette heure-là est magique « , éclaire-t-il. Preuve qu’il n’est pas misanthrope, Jean-Michel Berts, qui cite Willy Ronis parmi ses mentors, prépare un livre sur les Parisiens,  » du SDF au maire  » avec comme défi de  » donner le sentiment aux spectateurs d’avoir été à Paris sans avoir rien vu de la ville « . n

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