Surbooké, stressé, vanné… On aspire tous à s’évader du quotidien. Les vacances ? Une bulle où l’on a l’impression de pouvoir s’échapper pour reprendre ses esprits en faisant le vide. Ce besoin de solitude est aujourd’hui érigé en nouvelle tendance.  » Après le tourisme culturel monte une nouvelle forme de vacances où l’on peut prendre un temps d’arrêt, s’interroger sur qui on est et sur ce que l’on désire « , affirme le prêtre et psychanalyste Daniel Duigou (1). Loin des ashrams ou des monastères, qui affichent désormais complets tout au long de l’année, il existe une autre forme de resourcement : les palais de toile dans le désert. Pour le sociologue Michel Maffesoli, l’auteur de l’ouvrage  » Du nomadisme  » (éditions de La table ronde), la tradition des campings de luxe a toujours existé mais jamais dans cette proportion. Son analyse :  » Elle révèle un retour en force du luxe dans la vie sociale. Même si nous sommes en période de crise, il y a de plus en plus une appétence pour le superflu, pour ce qui ne sert à rien. D’autre part, l’inconscient actuel est travaillé par la soif de l’ailleurs…  » (2). Un ailleurs fait de nature intacte, de matières brutes et de cadre minimaliste (la mode et le design ne suivent-ils pas le même chemin ?) dans lequel les heureux voyageurs retrouvent  » la soif de l’infini et le désir de l’aventure tels qu’ils le rêvaient déjà dans leur jeunesse « . Un retour du mythe de l’enfant éternel qui peut nous toucher à tout âge et dans tous les milieux…

Notre magnifique reportage sur les  » Nomades de luxe dans le désert marocain  » (lire en page 22) répond pile-poil à cette recherche de sensations. Il nous permet de découvrir à la fois toute la majesté et la beauté minérale du désert marocain tout en campant sous des tentes aussi luxueuses qu’un hôtel étoilé. Un  » mirage aventurier  » qui, comme l’affirme le sociologue français Jean-Didier Urbain,  » permet aux hommes des villes de se créer non un mode de vie mais un intermède dans une vie sédentaire…  » (3). Un intermède qui peut également se vivre à 2 000 mètres d’altitude sur les pentes enneigées des Alpes (lire en page 48) mais aussi sous le soleil de Floride (page 28) ou dans l’extraordinaire et belle nature quasi inviolée de la Zambie (page 34)… En un mot : partir oui, mais pour toujours mieux revenir…

(1)  » L’Express  » du 11 mai 2006.

(2) et (3)  » Le Figaro  » du 14 février 2006.

Chantal Piret

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