Minirobes, palette poudrée et baskets : le printemps 2014 prend un coup de jeune. Revue de saison.

Des filles qui vivent à cent à l’heure, papillons volant de jour comme de nuit, de capitales en continents. Pour tenter d’attraper ces précieux spécimens (de clientes), la haute couture modernise son propos. Soixante ans après la fermeture de la maison Schiaparelli, Marco Zanini réveille la griffe parisienne avec ses merveilleuses en chemise d’homme et jupe longue en chiffon de soie, ses imprimés bonbon et ses volumes baroques. Une attitude – libre et amusée – plus que des références littérales, le ton est donné.

Autre symbole de cette foulée en avant ? La basket de running (lire par ailleurs). Repérée en version brodée de fleurs chez Dior, elle apporte un peu de nonchalance aux architectures biomorphiques et ajourées de Raf Simons. Scintillante comme une boule à facettes, elle donne surtout du peps aux mannequins du défilé Chanel. Jupes longues et tee-shirts translucides rebrodés de plumes blanches… En mélangeant les genres – le sportswear et l’artisanal -, les clubbeuses galactiques de Karl Lagerfeld nous transportent vers un futur proche, où le corps est roi. Pour cette génération sans complexes, les couturiers sculptent des robes de plus en plus courtes. Frais, le nouveau cocktail de Giambattista Valli affiche des longueurs explosives : mini devant, traîne derrière, tandis qu’Alexandre Vauthier, qui vient d’habiller Rihanna pour les Grammy Awards, dédie à sa muse des fourreaux microscopiques en cuir tressé. Chez Donatella Versace, les robes drapées à capuche – hommage au modèle Alaïa porté par Grace Jones dans James Bond (Dangereusement vôtre) – enserrent le buste dans des corsets souples… brodés de tatouages en strass.  » Un nouvel art populaire « , selon la créatrice, qui s’y connaît en culture pop : son égérie Lady Gaga trônait au premier rang.

Et si la haute couture rêvait de faire le lien entre l’art et la rue ? Son meilleur support ? Le textile. Dans cet esprit, on adore les extraordinaires manteaux en cachemire de Valentino, brodés d’une ménagerie naïve, façon Gauguin, vision d’un jardin d’Eden précieux. A chacun la sienne. Les femmes-fleurs d’Elie Saab éclosent dans de longs fourreaux rose poudré, rebrodés de gouttes de perles et de tulle. Celles de Jean Paul Gaultier se métamorphosent comme des papillons, insectes totem de la saison. Le couturier fait virevolter des feuilletés de tulle, des robes chrysalides aux reflets changeants vert bleu. Autant de couleurs nocturnes et électriques qui ont fait crépiter les podiums. Avec ses Perfecto hérissés de plumes bleu nuit et fauve, Bouchra Jarrar dévoile ainsi sa facette glam, et ça lui va bien. Et l’esprit gipsy de Giorgio Armani ? Bien sûr, on connaissait la passion des voyages du couturier italien. Mais, cette saison, tout s’assouplit dans cet hommage au Marrakech bohème des années 60. Des blouses transparentes brodées de dentelles, des jupes portées sur des pantalons, des foulards dans les cheveux. Et voilà que surgit le souvenir de Loulou de la Falaise, muse d’Yves Saint Laurent, un autre drôle de papillon.

PAR CHARLOTTE BRUNEL

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