Comment sera la femme printemps-été 2010 ? New York, Londres, Paris et Milan ont rendu leur verdict, lors des traditionnelles semaines des défilés : belle des champs ou des villes sera tout autant mutine que romantique. Zoom sur dix tendances, en avant-première.

La voilà qui tourne le dos à la crise et anticipe l’embellie. La femme printemps-été 2010 parie sur une hausse de la Bourse et mise sur l’Hemline Index (autrement dit, l’index de l’ourlet), qui veut que la longueur de la jupe soit inversement proportionnelle aux performances de l’économie. Résultat, c’est armée de looks archicourts qu’elle foule les catwalks de Versace, Ungaro ou Just Cavalli. Elle se joue des transparences. Et pioche dans ses tiroirs quelques pièces de lingerie raffinées, qu’elle porte au grand jour. Mutine et aguicheuse, avant tout. Bimbo, clame plus catégorique Suzy Menkes, fashion editor à l’ International Herald Tribune. En résultent des collections sexy, colorées et effrontées.

Un optimisme qui transparaît aussi à travers des silhouettes plus juvéniles et insouciantes qu’à l’ordinaire. Giorgio Armani, soucieux d’apporter davantage de joie de vivre l’été prochain, rajeunit ainsi ses silhouettes, grâce à des couleurs festives, des shorts, bustiers, jupes bouffantes… Plus ados que bourgeois, les looks Miu Miu et Louis Vuitton (Marc Jacobs s’est carrément inspiré du monde de la rue pour bâtir sa collection) vont également dans ce sens. Qui a dit qu’il était obligatoire de s’habiller en fonction de son âge ?

A côté de la tendance sexy et jeune, on trouve des envies de romantisme. Nappée de mousselines évanescentes, la femme printemps-été 2010 se distingue par sa fragilité et sa légèreté. Bucolique, elle affectionne les imprimés fleuris. Plutôt pudique, elle boutonne ses chemisiers jusqu’au cou, comme chez Alberta Ferretti. Certains créateurs se font même happer par cette poésie ambiante. C’est le cas de Roberto Cavalli et Valentino, qui remisent au placard leurs habituelles tenues  » red carpet  » dédiées aux jet-setteuses. Les teintes se font douces et naturelles. On aime l’ivoire, le grège, le mastic. Le pastel en général. Sans oublier les  » white moments « , qui débutent généralement chaque défilé.

Cette ambiance champêtre se repère aussi à certains détails. Aux fraises et cerises qui parcourent quelques silhouettes Yves Saint Laurent, par exemple. Au chat, qui s’étire sur les looks de Miu Miu ou Azzaro. Aux oiseaux qui déploient leurs ailes chez Ann Demeulemeesterà

Les filles de Dsquared2, elles, plantent leur tente en forêt. Ambiance Glamping garantie : les robes couvertures, boots et sacs de randonnée s’accompagnent de bustiers, strass et diamants. Chez Chanel, les paysannes grand luxe de Karl Lagerfeld se réveillent au chant du coq, dans la ferme de Marie-Antoinette. De la paille plein les cheveux.

Et pour celles que la campagne débecte, reste la possibilité d’aller voir au bout du monde ce qui s’y passe. Caché dans une île paradisiaque adorée des pirates, Jean-Charles de Castelbajac opte pour des paréos, chemises et shorts hawaïens, pagnes, imper en plastique transparent orné de cartes postales… Le créateur français, connu pour son originalité, n’est pas le seul à fantasmer sur une terre lointaine. Chez Sonia Rykiel, plusieurs looks sont décorés de palmiers. Ambiance carte postale également chez Prada et Maison Martin Margiela : ces deux griffes ont créé des robes évoquant de beaux paysages de vacances. Pour autant d’envies d’ailleurs.

Pièces détachées

En mode, tout est déconstruction. Et reconstruction. Armés d’une paire de ciseaux, les créateurs n’hésitent pas à couper dans leurs looks, pour leur donner un nouveau visage. Chez Prada ou JeanPaulKnott, les bords sont coupés francs, laissant le vêtement s’effilocher. Comme des Garçons, Hussein Chalayan et Jil Sander s’attellent à l’exercice du couper-coller sur leurs vestes, alors que Kris Van Assche leur ôte le col. Question coupe, pointons aussi ces hauts, qui semblent s’écrouler sur l’arrière, grâce à un jeu de volume loose dans le dos.

Couleur émeraude

En marge des tendances lourdes, il est de ces petites choses qui restent imprimées sur votre rétine. Des détails qui ne s’imposent pas forcément partout, mais qui sont suffisamment neufs pour vous interpeller. On garde ainsi à l’esprit ces robes-tabliers, ces jupes fendues, ainsi que la couleur vert émeraude. Cette dernière apparaît par touches dans la collection Paule Ka, se repère sur une silhouette de Lanvin ou Yves Saint Laurent, et sort du lot chez Dries Van Noten ou la griffe japonaise Dress 33. Autre fait frappant : en clôture de la semaine des défilés de Paris, la très hype Anna Dello Russo, fashion editor du Vogue nippon, arborait cette couleur sur ses boucles d’oreille et sa minijupe. Signe avant-coureur d’une future tendance ?

Caractères imprimés

Plusieurs types de prints se remarquent, dans les nouvelles collections. Difficile, à l’heure actuelle, de déterminer celui qui sortira du lot. Misons quand même sur l’imprimé op art, admiré notamment chez Givenchy ou Matthew Williamson. Par ailleurs, la tendance Liberty continue de faire des émules. Les motifs bucoliques fleurissent chez Cacharel, Ralph Lauren, Nina Ricci, Emporio Armani ou Yohji Yamamoto. Et puis, il y a toujours ces imprimés ethniques, dont Dries Van Noten s’est fait le porte-flambeau et que l’on retrouve aussi chez Etro ou Issey Myake. Un seul mot d’ordre : oser le mix & match.

Sportivement vôtre

Le thème de la collection printemps-été 2010 d’Hermès ? Le tennis, à l’époque de Suzanne Lenglen. La griffe française n’est pas la seule à puiser son inspiration dans l’univers sportif. Alexander Wang s’intéresse au football américain, la Belge Cathy Pill à la boxe, Proenza Schouler aux surfeurs et skate-boarders. Tommy Hilfiger se prend une veste de judo en coton blanc, tandis que Gucci marie le crêpe de Chine au Néoprène et à la fibre de carbone. Sans oublier ces cyclistes, qui surgissent chez Louis Vuitton, Prada, Marni ou Emporio Armani. Mettable ou pas mettable, that is the question.

Mise en plis

Plis couchés, creux, façon Fortuny, soleil, godetsà Ils se sont tous donné rendez-vous. Ces détails donnent tour à tour une allure preppy, quand il s’agit de petites jupes de type écolière. Ou une allure de déesse, lorsqu’une longue robe est parcourue d’une multitude de minuscules plis. Chez Nina Ricci, c’est une veste qui est entièrement touchée par cette tendance, tandis que Balenciaga opte pour une minijupe aux plis en cuir tranché. Se sont aussi passé le mot Hermès, Gianfranco Ferré, MaxMara, Dior, Lanvin, Alberta Ferretti, Rochasà

Lingerie fine

Il y a longtemps déjà que Jean Paul Gaultier a lancé la mode des dessous dessus, avec sa complice Madonna. Il a suffit que John Galliano reprenne cette thématique dans la collection haute couture hiver 09-10 de Dior, pour que l’idée soit remise à l’ordre du jour. Soutiens-gorge balconnet, résilles, bas jarretière, laçages de corset, guêpières, combinaisons, matières transparentesà Nombreuses sont les griffes à ne pas faire dans la dentelle (ou plutôt, si) : Dolce & Gabbana, Victor & Rolf, Phi, Alexander McQueen ou SportMax. Et bien évidemment Jean Paul Gaultier et Dior.

Prendre de court

Robes, jupes, shorts, culottes ou même gaines. Qu’importe finalement ! Du moment que ces pièces soient courtes. Archicourtes. La jupe crayon pointe encore son nez çà et là, mais la mode sera principalement au mini. Comme en témoignent Versace, Pucci, Prada, Bottega Veneta, Fendi, Ungaro ou Lanvin. Même la maison Chanel, traversée par un vent de fraîcheur, a fameusement raccourci ses tailleurs en tweed, dont les jupes sont pour l’occasion fendues sur les côtés.

Au garde-à-vous

Depuis quelques saisons, Balmain fait partie de ces rares griffes qui font la pluie et le beau temps, en matière de tendances. Ce que son directeur artistique Christophe Decarnin dit, la foule fashionista exécutera. En l’occurrence, l’été prochain devrait voir abonder les références militaires. Du kaki, pour sûr. Mais aussi des teintes dérivées, plus glamour, comme le bronze ou l’or vieilli. On vise les vestes d’officier, le treillis, les imprimés camouflage ou les sahariennes ivoire. Autant de détails army repérés aussi chez Chloé, Paul & Joe, Celine, Oscar de la Rentaà

Belle en pastel

Une douceur apaisante. Des envies de délavé. La palette de couleurs estivale sera tout sauf agressive. Les créateurs jouent principalement la carte des teintes pastel et minérales. Place au bois de rose, jaune paille, grège, vert céladon, ivoire… Signent sans hésiter Calvin Klein, Versace, Nina Ricci, Chanel, Kenzo et Burberry Prorsum.

Sexy en Plexi

Cette matière plastique risque bien d’envahir sous peu le vestiaire féminin. Elle s’est imposée à nos yeux lors du défilé Prada : des sandales entièrement en Plexiglas. Et que dire de ces sacs entièrement transparents ? On l’a ensuite revue chez Versace, autour de la taille des tops ou carrément moulée en robe. Puis chez Fendi (des sandales au patin en Plexi, hautes de 20 centimètres), Dsquared2 (des robes de bal fifties recouvertes de ce matériau), Jean-Charles de Castelbajac et Sonia Rykiel (un imper, pour chacun). Et on en oublie sûrement.

Par Catherine Pleeck

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