Barbara Witkowska Journaliste

Pour lancer son tout nouveau parfum Ange ou Démon, Givenchy a choisi un mannequin qui fait ses débuts dans le métier. Marie Steiss, 20 ans, est la fille de Dominique de Villepin, le Premier ministre français. En exclusivité pour Weekend Le Vif/L’Express, la belle égérie dévoile ses ambitions et ses coups de cour.

L’annonce publicitaire est double. La première photo montre une jeune femme blonde éclatante de pureté et de sincérité, angélique. Dans l’autre visuel, quelques ombres subtiles prennent le pas sur la lumière. Le visage est plus troublant et plus mystérieux. Ainsi se dévoile la double personnalité du parfum Ange ou Démon, en quelque sorte la double identité de chaque femme.

Marie Steiss, héroïne de la campagne, a fait sa première apparition publique lors de la présentation du parfum à la presse internationale, en juin dernier, dans un magnifique hôtel particulier à Paris. Superbement parée d’une robe noire et précieuse signée Givenchy Couture, impeccablement coiffée et maquillée, elle a mis en évidence, ce soir-là, son côté élégante provocation. Notre rencontre en tête à tête aura lieu le lendemain, à l’hôtel Costes. Quel contraste saisissant ! D’un abord très simple, elle a noué un chignon souple d’où s’échappent quelques boucles. Son visage est vierge de maquillage. Pas de doute, Marie Steiss a, aussi, une très attachante facette angélique.  » Le maquillage est une barrière, un masque, dira-t-elle plus tard. On se protège, on se cache, on se déguise et on se perd. Moi, je n’ai pas besoin de me cacher.  » A- t-elle fait exprès en sachant qu’elle allait donner une interview à la presse belge ? Toujours est-il qu’après nous avoir saluée, elle s’exclame joyeusement :  » J’adore la mode belge ! Regardez, je porte des bottes de motard d’Ann Demeulemeester !  » En fashionista avisée, habituée à faire ses mélanges persos, elle les a accompagnées d’une jupe noire Givenchy et d’un tee-shirt vintage :  » Je l’ai acheté à New York, deux dollars « , précise-t-elle.

Fille de diplomate, Marie Steiss est née à Washington où elle passe les quatre premières années de sa vie. Elle grandit en Inde et au Venezuela.  » En Inde, nous habitions avec des autochtones. Quand je suis arrivée à Paris, je ne savais pas ce que c’était un ascenseur. Plus tard, j’ai parcouru l’Afrique avec mon père, dans des conditions très rudimentaires. Je suis quelqu’un qui se contente de peu.  » Forte en maths, elle se prédestinait à une carrière dans la banque. Avec le temps, elle s’est rendue à l’évidence : ce secteur sobre et sérieux n’est pas compatible avec sa personnalité et ne correspond pas à la vie à laquelle elle aspire. Depuis sa prime enfance, Marie Steiss est attirée par la création, l’écriture et la peinture. Elle adore les contacts humains, les paysages et les cultures  » sources d’éveil sensoriel  » et, surtout, les voyages et… la mode. Plutôt que tel style ou telle marque, elle préfère un look personnel, plutôt simple, mais pas très classique. Comme toutes les jeunes femmes, elle aime mélanger les genres, des jupes minimalistes, des tenues noires et urbaines, des robes vintage à 12 dollars qui font penser à du Yves Saint Laurent. Et toujours ces bottes de motard pour arpenter les rues à grandes foulées. Quand elle a eu l’opportunité de travailler comme mannequin, elle n’a pas hésité une seconde. Ce métier n’est, bien entendu, qu’un tremplin. Il permet, de surcroît, de concilier plusieurs passions : la mode, les voyages, les rencontres…  » Derrière ce grand  » show « , il y a beaucoup de sensibilité, dit-elle. Et puis, on apprend toujours des gens.  » Marie Steiss est une débutante. Contrairement aux idées reçues, elle bosse dur et ne mène pas nécessairement une vie de star.  » A New York où je vis, je partage l’appartement avec douze filles. Nous dormons dans des lits superposés et n’avons qu’une douche. Cela ne me pose aucun problème. Ma mère m’a appris que rien n’est indispensable. Ma capacité d’adaptation est développée à un degré suprême.  » New York lui convient bien. La ville vit, fourmille, tout s’entrechoque, on ne dort jamais. C’est l’endroit où elle se sent le mieux.

Si le métier de mannequin est une expérience intéressante et prenante, Marie Steiss ne néglige pas ses autres passions. Le cinéma, par exemple. Pendant trois ans, elle a été élève du célèbre Cours Florent. Elle a joué de petits rôles dans  » La Bûche  » de Danièle Thompson et dans  » Les Rois maudits  » de Josée Dayan.  » Je suis plus intéressée par la réalisation, confie-t-elle. L’actrice est un instrument. C’est un don de soi, on est au service de quelqu’un. Je préfère la facette créative du réalisateur. Mes idoles sont Luc Besson et Howard Hawk.  » L’art est une autre grande passion. Il permet de s’échapper de la conformité et de la réalité, il sert à se dépasser. Ses idées, Marie regrette toutefois de ne pas avoir le talent ni le pouvoir de les matérialiser dans un dessin ou une peinture. Alors elle se contente de courir des expos et de contempler des £uvres de ses artistes préférés : Anselm Kiefer, Zao Wou Ki ou encore Roberto Matta qu’elle a eu l’opportunité de rencontrer. En littérature, elle ne cesse de relire Blaise Cendrars ou Arthur Rimbaud, les mots profonds des grands poètes qui permettent l’élévation de l’âme. Ayant pris conscience, très jeune, du monde qui l’entoure,  » avec ses beautés et ses douleurs « , Marie Steiss est aussi très concernée par l’humanitaire. Sa mère est très impliquée dans différents projets pour lutter contre la pédophilie et l’autisme. Marie s’apprête à lui emboîter le pas mais ne désire pas encore en parler.

La collaboration avec Givenchy est son premier grand contrat. Elle a été sélectionnée de façon très  » classique « , en participant, sans trop savoir de quoi il s’agissait, à un casting à New York. Après les premiers essais, très convaincants, elle a enchaîné avec plusieurs castings à Paris. Alain Lorenzo, PDG de Givenchy, l’a choisie comme égérie du nouveau parfum.  » Je suis très flattée. C’est un grand honneur pour moi d’avoir été sélectionnée. Toutes les égéries ce sont des femmes fortes qui s’assument. Pour moi, c’est ça la beauté, pas seulement une image. Givenchy est une belle marque, ça ne se refuse pas quand on débute. C’est aussi une marque française au rayonnement international. Et cela aussi m’importe.  » Pour Marie, le parfum est une grande découverte. Très naturelle, elle n’en portait jamais. Heureusement, la fragrance, très sophistiquée et sensuelle, lui plaît. Au fait, se sent-elle plutôt ange ou démon ?  » Ce parfum a quelque chose de magique, d’envoûtant. Il intrigue, suscite des questions et, tel un ange ou un démon, le désir vient souvent de l’alchimie des contraires. C’est ce que beaucoup d’artistes, comme les surréalistes, ont souligné. Cela dit, il est évident que, même si je n’ai pas d’ailes, je préfère les anges !  »

Barbara Witkowska

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