Un peu d’autodérision n’a jamais fait de tort, on est d’accord. A plus forte raison quand ce sont les réseaux sociaux, dont on connaît le narcissisme surdéveloppé, qui ironisent sur leurs propres travers. Ainsi de @brosbeingbasic, l’Instagram où les mecs parodient les filles accros aux photos d’elles en parfaites incarnations de tous les clichés qu’on déteste : masque d’argile sur le visage, selfies entre copines avec chihuahuas sur le bras ou gros plans sur des orteils (velus, en l’occurrence) ornés de vernis et de strass bien vulgaires. Le décalage entre biscotos et attitudes de midinettes est imparable – on attend d’ailleurs avec impatience une riposte féminine. Dans la même veine, Celeste Barber tourne en ridicule les poses dont les stars nous inondent en continu. Pour cela, l’Australienne n’hésite pas à payer de sa personne en singeant les postures improbables des people. Parmi ses derniers exploits en date : l’imitation délibérément ratée et forcément hilarante de Serena Williams en grand écart sur deux barres parallèles en couverture de l’édition de septembre du New York Magazine (#celestechallengeaccepted).

Les voyageurs au long cours, si fiers d’afficher leurs spots  » uniques  » de  » splendides paysages  » ou leurs  » rencontres authentiques  » avec les habitants de  » destinations en dehors des sentiers battus  » en prennent également pour leur grade, avec Socality Barbie cette fois. Créé par un photographe anonyme, son compte et ses 760 000 fans n’ont pas grand-chose à envier à ceux de la vraie poupée Mattel et à ses plus de 900 000 followers. Un exutoire bienvenu face à tant de touristes plus pressés de dégainer leur smartphone pour publier sur Facebook qu’ils  » profitent  » de ce moment tant attendu que de le faire vraiment ? Sans aucun doute. Pourtant, rappelle le psychiatre Gérard Macqueron, savoir être seul, y compris en vacances, est une richesse.  » C’est un défi que l’on se lance, un réveil des sens, un retour à l’animalité originelle et un ressourcement, a confié à Rebecca Benhamou celui qui est aussi auteur d’un essai sur le sujet. La solitude, quoique souvent vécue douloureusement, est structurante. Elle favorise la découverte de soi, mais aussi l’acceptation de ses limites, et conduit à agir en êtres matures. Elle nous force à inscrire nos désirs dans le champ du réalisable et non dans celui de l’imaginaire.  » Avis à tous ceux qui se façonnent une vie rêvée par réseaux sociaux interposés…

Delphine Kindermans

Tant de touristes pressés de dégainer leur smartphone pour publier sur Facebook qu’ils  » profitent « .

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