Découragement, irritabilité, larmes. Le baby blues touche au moins une jeune maman sur deux. et a donc de quoi décontenancer la moitié des papas. Définition et conseils à leur usage.

Dans Une mère sous influence (*), son dernier best-seller, Patricia MacDonald décrit la violence que peut engendrer un baby blues. À tel point que son héroïne deviendra la suspecte n°1 du meurtre de son mari. Heureusement, la réalité est souvent moins sombre, comme le démontre le témoignage de Catherine, 31 ans, maman de Liam, 10 semaines. La naissance de son fils, un joli bébé en parfaite santé, aurait dû être le plus beau jour de sa vieà Et pourtant les larmes qui coulaient sur ses joues n’étaient pas celles du bonheur, mais ressemblaient à celles du désespoir.  » À chaque contrariété, j’étais en pleurs « , raconte-t-elle. J’avais l’impression de perdre pied. Je me sentais submergée par la nouveauté, les émotions. J’angoissais pour des bêtises. Je savais que c’était bêtement hormonal, mais la déprime s’accroche à ces angoisses…  »

Les mamansà

Quelques heures après l’accouchement, chaque jeune maman subit une chute d’hormones importante. En résulte un effet  » coup de pompe  » qui s’ajoute à la fatigue accumulée lors du travail. La femme se trouve alors dans un état léger de dépression. La réaction face à cet épuisement va dépendre de la sensibilité de chacune. Une mère sur deux en moyenne sera affectée : crise de larmes, sautes d’humeur, hypersensibilité aux critiques, anxiété quant à ses capacités maternelles, difficultés à s’attacher au nouveau-né, insomnie, découragement… sont autant de symptômes reconnaissables du baby blues. Ils apparaissent généralement au moment de la montée de lait, raison pour laquelle on le surnomme aussi  » syndrome du troisième jour « .

 » Assister à l’accouchement peut permettre au papa de soutenir sa compagne pendant qu’elle pousse et de se rendre compte de l’effort qu’elle fournit durant l’expulsion, souligne Mara Bevilacqua, psychothérapeute, formée à la thérapie brève, systémique et stratégique. Il pourra ainsi mieux comprendre pourquoi elle est fatiguée et hypersensible après avoir donné naissance à leur enfant. De plus, la suite des couches annonce le retour des menstruations et les troubles de l’humeur qui vont de pair. Pendant ces périodes, la femme est plus irritable, voire « chieuse », n’ayons pas peur des mots. « 

Certains facteurs peuvent accentuer cet état.  » Si la femme a mal vécu les changements de son apparence physique pendant la grossesse, explique la psychothérapeute. Si l’accouchement ne s’est pas déroulé comme prévu, si le décalage entre le bébé qu’elle s’était imaginé et la réalité est trop important, si elle est hyperémotive pendant ses règles, si les mouvements f£taux lui manquent… Tous ces facteurs peuvent engendrer un baby blues. « 

Au bout de deux à trois semaines, les symptômes du baby blues disparaissent naturellement. Si ceux-ci persistent plus de deux mois, voire s’amplifient – s’ajoutent à la tristesse, au découragement et à l’irritabilité les symptômes classiques de la dépression tels maux de tête, hyperventilation et crises d’angoisse -, on ne parle plus de baby blues, mais de dépression post-partum. Celle-ci touche environ 10 à 20 % des mamans.

Les pros ont repéré des facteurs à risques.  » Si la mère a connu un épisode dépressif avant la grossesse, pointe Mara Bevilacqua. Si elle a vécu des événements stressants ou douloureux, tels qu’un deuil ou une perte d’emploi, durant la grossesse, si la dynamique relationnelle avec son conjoint a été bousculée (y a-t-il eu des accrocs ?), si l’accouchement a nécessité une intervention chirurgicale alors qu’elle espérait un accouchement naturelà  » Dans ces cas-là, consulter un professionnel est la meilleure chose à faire.  » L’aide peut être médicalisée avec la prise d’un anti-dépresseur, mais lorsque la femme allaite encore, la médication doit vraiment être adaptée « , poursuit la psychothérapeute. L’idéal est d’en parler à son gynécologue. Cette aide médicamenteuse peut être accompagnée d’une psychothérapie qui permettra d’évacuer les angoisses et de déculpabiliser la jeune mère. Plus la dépression est repérée tôt, plus elle sera facile à gérer. « 

à et les papas aussi

 » On oublie de souligner que le papa peut aussi être atteint d’un baby blues, informe Mara Bevilacqua. Certes, il ne subit pas la violente chute d’hormones ni la fatigue ou les complications d’une grossesse et d’un accouchement, et s’il est rare qu’il devienne dépressif après la naissance d’un enfant, il peut néanmoins éprouver une déprime passagère. Logique : le duo amoureux est bouleversé, l’attention de la maman se porte dorénavant sur le bébé, l’homme passe donc au second plan. Déroutant. Il n’a pas, lui non plus, le droit de se plaindre. Au contraire. On attend de lui qu’il assure. Certains pères accumulent alors les frustrations sans piper mot, et lorsqu’ils lâchent enfin le morceau, le couple se trouve souvent dans une situation de non-retour. Pour éviter ce piège, il est important de préserver la communication. On conseille généralement aux futurs parents d’évoquer les peurs et les appréhensions que suscite l’arrivée imminente d’un bébé. Façon de se préparer mentalement.  » Confronté à la douleur de sa femme lorsqu’elle accouche, le papa peut se sentir impuissant, et ensuite démuni face à la rencontre avec le bébé, un être si fragile. Lui aussi doit parler de ce qu’il ressent, cela lui permettra de se libérer de ses angoissesà  » Pour développer un lien affectif avec son enfant, il est essentiel qu’il s’intègre au noyau familial en effectuant quelques tâches comme donner le bain ou endormir le nourrisson. Dernière recommandation : se réserver quelques plages hebdomadaires en dehors de la maison, seul ou en couple, comme la pratique d’un sport ou une sortie avec des amis. Essentiel pour jeter aux oubliettes cette impression anxiogène d’avoir complètement perdu sa libertéà Qu’on soit maman ou papa.

Par Valentine Van Gestel

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