LE PLUS BEL ÂGE

DELPHINE KINDERMANS, RÉDACTRICE EN CHEF © FRÉDÉRIC RAEVENS

Ce n’est pas pour rien que la jeunesse nous glissant entre les doigts est un thème tant exploité par les poètes, les romanciers et les cinéastes. Cet instant suspendu où l’enfance et ses contraintes s’éloignent tandis que le statut d’adulte se profile, mais sans imposer déjà son lot de responsabilités, a en effet quelque chose de magique. Un enchantement qui tient en grande partie, précisément, à la fugacité de cette période unique où tout semble possible. Pour autant, le regard dans le rétroviseur doit-il nécessairement être baigné de nostalgie ? Sûrement pas si l’on se rappelle aussi les souvenirs moins séduisants de ce qui n’était pas seulement le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure. A titre personnel, on m’offrirait un aller simple vers mon adolescence que je déchirerais le ticket. Trop cher payé : outre la puberté qui joue des tours, il faudrait compter à nouveau avec ce sentiment angoissant, dès que l’on n’est pas entouré de ses congénères, de ne plus exister. Et puis, sur le plan pratique, il y aurait alors les déclinaisons latines à ingurgiter. Les dialogues en néerlandais où ces mal dégourdis de Bart et Lies vont à la gare et se perdent toujours en chemin. Des histoires de trains roulant à des vitesses différentes et dont, au fond, on se fiche de savoir quand et où ils vont se croiser. Ou, pire que la trigonométrie et les suites arithmétiques, un cours de géo dont le nombre de pages et l’absence de photos évoquent plutôt un bottin qu’un guide de vacances – et encore, comme tous ceux qui sont nés avant 1991, puis-je m’estimer heureuse de n’avoir eu à retenir que  » URSS : Moscou  » et pas les capitales aux noms imprononçables de la multitude de républiques apparues après la dissolution de l’Union soviétique.

Quand on est adulte, on se moque bien de la langue de la Rome antique, on préfère s’immerger dans la dolce vita à l’italienne en visitant Capri ou assister à la fête du Palio, à Sienne. On trouve seul son chemin pour la gare, où l’on emprunte un TGV vers le sud de la France, direction le Verdon et ses Gorges, considérées comme le plus beau canyon d’Europe. On n’a jamais peur des moments de solitude, on sait comme ils sont rares donc précieux. On est dès lors prêt à tout pour renouer avec le silence et avec soi-même : partir découvrir la Mongolie à cheval, arpenter la Nouvelle-Zélande à la rencontre de ses paysages grandioses ou se confronter à l’Ouest canadien et à ses étendues sauvages à couper le souffle. Ce numéro du Vif Weekend vous y emmène, en récits et en images, avec la ferme intention de vous donner l’envie d’y aller en vrai. Ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse ?

DELPHINE KINDERMANS, RÉDACTRICE EN CHEF

ON M’OFFRIRAIT UN ALLER SIMPLE VERS MON ADOLESCENCE QUE JE DÉCHIRERAIS LE TICKET.

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