A.F. vandevorst

Une croix lumineuse et la voix de Lhasa, en guise de son et lumière. À l’École des beaux-arts, dans la salle Melpomène, Filip Arickx et An Vandevorst font défiler leur exercice de style autour du tableau noir, de la craie et du papier kraft qui transforment parfois les corps en mannequins de carton-pâte aux articulations rivetées. Avec palette chair, noire et un écart vers un camaïeu de rouge plus quelques imprimés de formules mathématiques crayeuses. Les mains sont gantées, les dos lacés, les étoffes drapées. Une collection très A.F. Vandevorstienne, avec rigueur et vigueur (voir aussi notre carte blanche à A.F. Vandevorst en pages 52 à 61).

Ann DEMEULEMEESTER

Son noir de saison n’a que faire du blanc. Si ce n’est celui des peaux que laissent entrevoir une veste ouverte, un gilet porté sans rien dessous ou une cape échancrée. Ann Demeulemeester poursuit son chemin monochrome comme la nuit, parfois contrasté de beige ou de rouge coquelicot, en petites touches, gants, boots, manteau court ou jupe longue et asymétrique. Les plastrons de cuir se muent en bijoux pour gorges d’albâtre. Les plumes de coq se glissent partout, comme un refrain désormais connu mais jamais redondant qui parle d’envol et de liberté.

CATHY PILL

À la galerie d’Architecture, Paris ive, Cathy Pill fait dans la dentelle. Sa collection nourrie de  » street art  » et de  » bohemian chic  » mélange allègrement des motifs bigarrés et des coupes  » dynamiques, pleines de vie, de mouvement, de réalité « . Une croix taguée sur un mur s’affiche en grand sur un tee-shirt XXL, des photos du quotidien, agrandies, manipulées, font vivre du jersey dévoré ou du cachemire. Sur des gilets arachnéens, les initiales de Cathy Pill se fondent en arabesque, tandis que ses robes drapées s’offrent toujours des poches, question de confort. Et de style. Le bel allant.

CHRISTIANWIJNANTS

Il n’a pas quitté les bois ni tout à fait Foujita qui l’avaient inspiré l’été dernier. Christian Wijnants poursuit sa jolie promenade naturiste, teintée d’accents baba cool sur fond de plumage d’oiseaux et de fourrure de chat. Ses imprimés  » prairie « , ses couleurs automnales, ses velours ultradoux et sa maille enveloppante chantent l’harmonie, l’enlacement, la caresse. Du mohair et de l’alpaga tricotés main, made in Belgium, de la laine bouillie, du satin, de la soie et du jersey pour un vestiaire qui privilégie les capes à capuche, les cols châles, les jumpsuits et les petites robes aux coupes simples. Vive l’appel de la forêt.

DRIES VAN NOTEN

L’Hôtel de Ville de Paris a toujours été le point de ralliement des révolutionnaires. Dries Van Noten est de ceux-là. Qui bouscule les codes, mélange les imprimés, retaille les trenchs à son gré et décoiffe les femmes, avec élégance. Larges jupes longueur genoux, jodhpurs kaki, écharpe léopard, robes manteaux strictes, imprimés fleuris, tailles resserrées, broderies fines et touches fluo ou gold sur escarpins presque classiques. Avec lui, tout semble simple et élégant. Même le doré. Total respect.

haiderackermann

À l’École des beaux-arts, Haider Ackermann affûte ses silhouettes de sylphides au visage presque nude, parfois encagoulé. Il a rêvé de vêtements qui dépendraient  » totalement  » de celles qui les portent, de leur moi, de leur humeur, de leurs manières. Un col à draper autour du cou, des Zip à ouvrir, fermer, entrouvrir et du cuir dentelle qui prendrait la température de la peau. Son vestiaire construit décline les basques, les ceintures corsets, les vestes courtes dans des tons de nuit. Tendance le drame à la mode.

jean paulknott

Depuis dix ans déjà, Jean Paul Knott voyage sur cette terre nomade et artistique qu’il affectionne. Une saison après l’autre, sans plus de saison. Tout chez lui est à géométrie variable : un lien à nouer ou à dénouer, le tour est joué. Dans du drap de cachemire, du shetland, de la flanelle, du vison ou de la fourrure de Mongolie. Teinté de noir, de bleu, de gris. Et formellement décalé : trop court, trop long, large ou serré. Définitivement à part. Are you Knott ? Pour sûr.

maisonmartin margiela

Malgré l’immensité du lieu, la Halle Freyssinet et ses trois nefs, la Maison blanche a réussi le pari de l’émotion et de l’intimité. Des petits salons, des chaises dépareillées et un tapis rouge, des mannequins qui passent à proximité, presque de manière aléatoire, avec un vestiaire masculin aux proportions mutantes. Tout est dans le détail – manches démesurées, taille exagérée, chapka XXL et accessoires détournés. Les coupes sont forcément impeccables, la construction parfaite, les matières différentes – latex, voile et maille oversize. Des canons sans cesse revisités en un jeu intellectuel beau et réjouissant.

SANDRINAFASOLI

Une épure un brin garçonne. L’automne-hiver de Sandrina Fasoli a les accents du soir mâtiné de nonchalance délurée. Robe châle, taille retenue en cache-c£ur, dos nus, jupes croisées ou drapées, manches entrelacées dans le dos. Dans les tons de la saison : soie  » rousse « ,  » reflet de nuit  » et gris  » flaques d’eau « . Un univers contemporain, emprunté aux peignoirs d’homme mais forcément féminisé par Sandrina Fasoli et Michael Marson, le duo de créateurs qui signent leur travail du seul nom de la première. La douceur dure, encore et toujours.

TIMVAN STEENBERGEN

Le vêtement comme un mouvement, hommage à Wagner et à son opéra Der Ring des Nibelungen. Tim Van Steenbergen baigne dedans depuis un an et demi déjà – ses mannequins, il les a donc fait défiler sur un beat du Reingold, DJetté par ses soins. Le vêtement comme un canevas, hommage à Lucio Fontana, peintre et sculpteur. Le jeune créateur, fasciné, fait dans l’épure – un pli, un drapé, une découpe, un Zip. Le vêtement comme une garde-robe couture, mais avec biker, hommage à la fin des fifties, au début des sixties. Dream Tim, les deux pieds sur terre.

VÉRONIQUELEROY

Il n’y a que Véronique Leroy pour trouver sa force créatrice dans l’héroïne du film Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles, de Chantal Akerman. Atmosphère bourgeoise années 70 avec décalage et perversion en touche. Elle a donc sculpté ses emmanchures, ceinturé tout, usé du camouflage surdimensionné, fouetté la dentelle avec de la fourrure et remis l’astrakan au goût du jour. Avec une exception à sa règle : la reine des robes a dessiné un pantalon, à porter oversize, taille haute, juste au-dessus de la cheville, sur escarpins blancs très eighties. Un vrai pari, tenu

a.-f.m.

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