Ou comment le leader mondial du luxe réussit une expansion sans précédent grâce à la détermination de son big boss.

Ce n’est pas une saga, c’est un thriller. Le lieu ? Paris. Le cadre ? Les bureaux de direction du VIIIe arrondissement, les couloirs feutrés des banques d’affaires franco-américaines, les palaces, les jets privés. Le héros ? Bernard Arnault (photo : le 4e en partant de la gauche). Le pitch ? Episode 1 : flash-back… octobre 1987, alors que le krach fait dévisser les bourses du monde entier, l’homme d’affaires français rachète une partie des actions de LVMH dévaluées de moitié. C’est sa première incursion dans ce groupe fondé la même année de la fusion entre Moët Hennesy et Louis Vuitton. Episode 2 : le 13 janvier 1989, Arnault qui a su tirer profit d’un jeu d’alliances se fait élire à l’unanimité président du directoire de LVMH. Il devient le capitaine d’un vaisseau amiral qui embarque à son bord des marques comme Dior, Givenchy, Moët & Chandon, Hennesy, Veuve Clicquot et Louis Vuitton.

Né en 1949 dans une famille d’industriels du nord de la France, le futur milliardaire envisage un temps une carrière de pianiste classique avant d’entamer des études d’ingénieur à Polytechnique. Dès 1984, le fort en math s’intéresse au monde du luxe en prenant le contrôle de la marque Christian Dior. Mais c’est en devenant le numéro un de LVMH qu’il va étendre son empire dans l’univers de la mode et de la haute couture. A l’écoute des tendances, il sait combien la valorisation d’un savoir-faire passe par la médiatisation de ses créateurs et le soutien aux directeurs artistiques, pourvu qu’ils aient du génie. C’est à cette époque, et grâce à lui, que Christian Lacroix et John Galliano trouvent les moyens de leurs ambitions et deviennent les figures incontournables des podiums. Mais le PDG n’aime pas être déçu. Il n’hésite pas à se séparer de ses deux poulains lorsque le vent tourne. La love story avec le styliste d’Arles prendra fin quand le big boss cède en 2005 la marque Lacroix jugée trop déficitaire puis congédie en 2011 l’Anglais au look de pirate lorsque ce dernier est condamné pour propos antisémites… Entre-temps, on ne compte plus les labels qui tombent dans l’escarcelle de LVMH, de Kenzo à Donna Karan, de Guerlain à Fendi, de Pucci à Marc Jacobs. Même le secteur de l’horlogerie haut de gamme ne lui résiste pas… TAG Heuer, Chaumet, Bulgari. Plus de 60 marques à ce jour et un chiffre d’affaires qui défie la crise.

Sa ténacité en affaires prend parfois des allures de duel planétaire assorti de saisies en justice. La guerre est déclarée quand il se fait  » subtiliser  » Gucci par le puissant groupe PPR dirigé par François Pinault ou, plus récemment, quand il entre par surprise à hauteur de 17 %, puis 21 % dans le capital d’Hermès, déclenchant la furie du sellier qui craint une OPA. Sa prochaine bataille s’annonce rude. Un nouveau label ? Mieux, acquérir la nationalité belge pour échapper à l’Etat français et à sa fiscalité. Mais après l’Office des étrangers, le Parquet de Bruxelles a remis à la Chambre un avis négatif à propos de sa demande de naturalisation. Malgré ce deuxième refus, le tycoon reste, dit-il, confiant… et persiste.

ANTOINE MORENO

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