L’architecte Julien De Smedt est l’un de ces citadins du XXIe siècle qui habitent le monde. Sa vie, il la partage entre le Danemark, la Chine et la Belgique. Voire ailleurs, quand l’un de ses projets l’y emmène. Une existence en mouvement perpétuel traduite dans l’aménagement de son pied-à-terre bruxellois, où tout donne une impression de mobilité totale.

Voilà quelques années déjà que Julien De Smedt fait parler de lui sur la planète architecture. Bruxellois de souche, c’est surtout à l’étranger que l’ambitieux trentenaire a peu à peu construit sa carrière. Après un stage, durant ses études, dans le célèbre bureau OMA de Rem Koolhaas à Rotterdam (lire par ailleurs), le jeune homme est parti au Danemark, dans l’optique non pas d’y construire des bâtiments mais d’y produire un film, avec Zentropa, la société de Lars von Trier. Finalement, l’idée tombera à l’eau et le concepteur reviendra à ses premières amours. Il ouvrira d’abord, avec un ami, l’atelier Plot qui connaîtra une ascension fulgurante. Mais le duo décidera finalement de se séparer et Julien De Smedt installera sa propre agence de création, à Copenhague. Son credo : les projets de grande envergure.

Aujourd’hui, son bureau scandinave, JDS Architects, a ouvert des filiales à Bruxelles et Shanghai. L’impressionnant tremplin de saut à ski d’Holmenkollen, à Oslo, est l’une des premières réalisations individuelles du jeune architecte. Dans la ville danoise d’Aarhus, il vient également d’achever, en collaboration avec les bureaux Cebra, SeArch et Louis Paillard, la construction du complexe Iceberg, un ensemble contemporain d’habitations au coeur du port, dont les hautes pointes blanches évoquent des montagnes de glace. Les images de ce concept ont d’ores et déjà fait le tour du monde via la Toile ! Julien De Smedt participe également à nombre de prestigieux concours…  » Mes projets m’obligent à voyager beaucoup et à jongler entre plusieurs logements, dont un appartement au Danemark. J’ai aussi eu un temps une antenne à New York, mais mes travaux actuels se concentrent davantage sur l’Europe et l’Orient « , explique-t-il. A Bruxelles, il s’est installé à un jet de pierre de la gare du Midi et de son atelier, situés dans le quartier Dansaert.  » Mon habitation fait partie d’un ancien bâtiment industriel reconverti par le bureau Bob 361. C’est un style architectural qui me correspond assez bien, avec beaucoup de béton, de larges baies vitrées, de la lumière, des terrasses. Je ne suis pas un grand adepte de la brique « , décrit-il. Bien plus qu’un simple logement, l’endroit est aussi pour Julien De Smedt un véritable lieu de travail.  » L’appartement est situé relativement haut. C’est une sorte de nid d’aigle. Je suis attiré par la hauteur, des réalisations comme l’Iceberg en témoignent. Au calme, au-dessus de la mêlée, c’est l’endroit idéal pour réfléchir « , avoue-t-il.

Son chez-soi est composé d’une succession de pièces, de deux terrasses et d’une mezzanine.  » Depuis le lit qui s’y trouve, je peux contempler les étoiles. Un véritable luxe, en pleine ville « , souligne le maître des lieux. Il y a également une salle de musique, initialement prévue comme salon, qui débouche sur la cuisine, dont le coin à manger fait aujourd’hui office de bureau. Lorsque l’architecte accueille des invités, son ordinateur portable disparaît toutefois en un clin d’oeil de la table, curieusement plantée sur des roulettes.  » C’est un peu un hasard, mais c’est vrai : on dirait que tout est mobile ici, puisque même cette table circule à travers la pièce et que rien n’a vraiment de place fixe. Et sachant combien je suis amené à voyager… oui, on peut affirmer que tout chez moi est en mouvement !  »

Julien De Smedt est un vrai rat des villes.  » J’ai grandi à Bruxelles. Le milieu urbain me passionne, et pas seulement pour son architecture : les habitants, la circulation… C’est sans doute aussi pour cela que j’aime tant travailler sur des dossiers qui touchent la vie citadine. Je crée des constructions qui apportent une plus-value au tissu bâti existant.  » Il a ainsi dessiné pour la métropole chinoise de Shenzhen un gratte-ciel de 1 100 mètres de hauteur et d’une superficie totale de 2,5 millions de mètres carrés.  » Il n’y a toutefois pas que les grands buildings qui me fascinent, même s’ils offrent un monde de possibilités : concevoir de petits objets est tout aussi passionnant.  » C’est la raison pour laquelle l’architecte a lancé une agence de création, Makers With Agendas, qui a déjà commercialisé un vélo électrique, un plateau et des tréteaux en bois. Le créateur ne cache pas sa préférence pour les concepts axés sur la recherche de solutions.  » Cela vaut aussi bien pour les bâtiments que pour les objets, qui sont finalement une forme d’architecture miniature. Notre tréteau, par exemple, est le plus compact du marché : quatre lattes qui se replient, il n’en faut pas plus !  »

www.jdsa.eu

PAR PIET SWIMBERGHE / PHOTOS : JAN VERLINDE

 » C’est un peu un hasard, mais c’est vrai : on dirait que tout est mobile ici, puisque même la table circule à travers la pièce.  »

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